Tankwey Mulut : « Le canapé deviendra un gestionnaire de l’intérieur »Jeudi 25 Mai 2017 - 15:25 Dans une interview accordée aux Dépêches de Brazzaville, l'artisteTankwey Mulut parle de son Canapé Kin Kitoko 2050 (KK 2050). Œuvre futuriste bien intéressante offrant notamment la possibilité d’interaction avec son propriétaire comme l’ont constaté les visiteurs qui ont apprécié le prototype exposé depuis le 11 mai à la Halle de la Gombe parmi les neuf projets réalisés avec le soutien de l’Institut français et du Goethe-Institut dans le cadre de « Kinshasa 2050 : Digital city ? ». Les Dépêches de Brazzaville (LDB) : Pourriez-vous vous présenter à nos lecteurs ? Tankwey Mulut (TM) : Je suis Tankwey Mulut Tankila, artiste designer et manager de Polyv’art. L.D.B. : Vous êtes intervenu à la table ronde organisée par le Goethe Institut et l’Institut français de Kinshasa. Peut-on savoir quel en était le propos ? T.M. : C’était dans le cadre du projet « Kinshasa 2050, Digital city : réalité ou utopie ? », formulé comme une question à laquelle nos réalisations proposaient une réponse. Je suis intervenu parce que je fais partie des artistes dont le projet a été retenu après sélection du jury pour participer à l’exposition qui occupe la salle d’expo de l’Institut français en ce moment. J’ai conçu un meuble connecté, le Canapé Kin Kitoko 2050 ou KK 2050. Et donc, mon intervention à la Table ronde consistait à présenter ce projet qui s’inscrit dans la logique de la perspective du genre de ville que nous aurons en 2050. Que sera Kinshasa en 2050 ? Je me suis basé sur la réalité actuelle, à savoir Kin, la poubelle tout en ayant à l’esprit qu’autrefois il était question de Kin, la belle. Et donc, dans ma projection en 2050 je suis revenu à Kin, la belle. Ainsi en pensant à Kin, la belle en 2050, il faut penser à une ville connectée, des quartiers connectés et des intérieurs connectés. Ce qui reviendrait à dire que notre quotidien sera fait d’objets connectés. Voilà ce qui m’a poussé, en tant que designer, à créer un canapé connecté. Plusieurs fonctionnalités entrent en jeu dans ma vision du canapé de 2050. Ainsi, il commencera par exemple à parler. Il sera en mesure de saluer, donner la température et certaines autres informations. Il deviendra possible d’interagir avec lui au travers de cet échange vocal. Ainsi sur votre demande, il pourra se déplacer d’un point à l’autre de la pièce, un ou deux mètres, par exemple sans problème. Un peu comme les jouets téléguidés ordinaires des enfants. Ce qui me permet d’affirmer que le canapé deviendra un gestionnaire de l’intérieur qui pourra en même temps nous informer sur la situation de la ville vu qu’elle aussi sera connectée. La connexion permettra d’établir un lien entre la ville et le canapé. Par-delà toutes ces possibilités, il me revenait de faire en sorte que le canapé apporte tout le confort à la personne qui s’y installerait quitte à masser et de lui donner d’autres renseignements basiques désirés sur sa santé. L.D.B. : Il a sûrement fallu installer tout un dispositif de nouvelles technologies en plus des matériaux ordinaires utilisés pour la fabrication de canapés. Combien de temps vous a-t-il fallu pour réaliser KK 2050 et quelles sont les difficultés rencontrées au moment de le faire ? T.M. : La réalisation a pris à peu près 5 semaines. L’appel à projet avait duré un mois. Le numérique n’était pas mon lot car je suis designer. Et donc, pour intégrer l’aspect numérique, il était nécessaire que je fasse des recherches. Mes frères m’ont aidé à ce niveau-là sur Internet, à commencer par la thématique. Ce bagage numérique m’a permis de me positionner alors que je réalisais déjà un canapé. KK 2050 est le deuxième sur lequel je travaillais donc j’avais déjà les fonctionnalités de base pour sa réalisation. Mon canapé est composé d’une armature métallique et il est décomposable. J’y ai intégré les supports des périphériques USB, du Bluetooth, Wi-Fi, etc. Ce n’était pas facile de travailler dans cet univers mais c’était un challenge très intéressant et cela me motive à me lancer pour d’autres réalisations car avec cela nous touchons aussi à la robotique. L.D.B. : Hormis l’armature métallique, de quel autre matériau est constitué le canapé ? T.M. : Il y a de la mousse et tout le câblage technologique. Plusieurs éléments ont été intégrés, ordinateur, baffle, etc., ainsi, il est possible de jouer de la musique avec un flash. Et, grâce aux éléments numériques il est possible de se connecter par bluetooth et Wi-Fi de sorte que l’on peut travailler sur Internet et écouter la musique de son téléphone via le canapé. Ce sont des fonctionnalités basiques le reste est à venir. L.D.B. : Quelles sont les dimensions du canapé, qu’est-ce qui a été le plus dur à faire ? T.M. : Il a les dimensions d’un canapé ordinaire. Il a 1,80m de longueur et 90 cm de profondeur. J’ai utilisé les mesurages classiques. La difficulté était au niveau du recadrage de la vision. J’ai fait quatre jours d’arrêt parce que l’organisation m’avait rappelé à l’ordre pour que je m’imprègne à nouveau de l’esprit du projet. Puis, j’ai dû faire face à une contrainte budgétaire qui m’a limité à un moment et, il fallait aussi compter avec les imprévus. Mais c’était un challenge intéressant de travailler dans ce contexte-là. L.D.B. : À combien estimez-vous le coût global du canapé ? T.M. : C’est un peu difficile d’estimer exactement le coût, mais c’est plus de 3 000 dollars américains. L.D.B. : Y a-t-il un danger potentiel de court-circuit à craindre, faut-il des précautions particulières pour le maintien ou la manipulation de ce canapé au moment du ménage par exemple ? T.M. : Non, mais certaines contraintes techniques inhérentes au numérique existent. Cependant, au moment de la réalisation une protection a été prévue. Propos reccueillis par Nioni Masela Légendes et crédits photo :Photo 1 : Une vue d2050
u Canapé KK
Photo 2 : Tankey Mulut assis sur son Canapé KK 2050
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