Fespaco: Nouveau triomphe d'Alain Gomis avec "Félicité"

Lundi 13 Mars 2017 - 10:33

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Après avoir été auréolé du Grand Prix du Jury (Ours d'argent) à la Berlinale 2017, le film "Félicité" d'Alain Gomis a remporté l'Etalon d'or de Yennenga, ce grand prix du Fespaco décerné lors de la cérémonie de clôture le 4 mars. Le cinéaste Franco-Sénégalais rentre dans l'histoire du Fespaco et devient le deuxième réalisateur après le Malien Souleymane Cissé, à gagner deux fois le grand prix. A 44 ans, Alain Gomis veut continuer d'apprendre. Rencontre.

Les Dépêches de Brazzaville : Est-ce votre film le plus abouti ?

Alain Gomis : Je ne sais pas si on peut dire que c'est le film le plus abouti, mais une chose est sûre j'ai encore beaucoup à apprendre. J'ai toujours honte quand je montre mes films, parce que je ne sais pas comment ils seront compris et je doute beaucoup. Avant je n'aurais pas eu ce courage j'aurais tout gardé et c'est grâce à mon lâché prise que je progresse en faisant plus confiance aux autres. Avec les comédiens du film on a exploré ensemble les scènes et on a réécrit en fonction des réalités à Kinshasa. Véro, l'actrice principale a fabriqué le personnage de Félicité. Celle qui était dans le scripte principal, frêle, plus jeune, et celle pleine de puissance malgré sa fragilité créée par Véro, c'est un personnage imposant dont je suis très fier.

L.D.B : Comment s'est fait le choix de Véro ?

A.G : Il était primordial d'avoir une actrice de Kinshasa. J'ai été voir l'ensemble des troupes de théâtre, j'ai également contacté différentes associations artistiques. Des annonces étaient placardées un peu partout. Aux castings il y avait des comédiens professionnels connus, d'autres moins connus. Véro a failli rebrousser chemin, car ce n'est pas son métier, elle a tout de même participé par défi. Elle était très maquillée, avec une tenue très flashy, peut-être était-ce son image de la comédienne. Je lui ai donc fait un essai pour un petit rôle, et là quelle claque. J'ai vu une force et intelligence de jeu hors pair. On peut passer des années à être formé sans avoir ça. En même temps, elle était tellement différente de ce que j'imaginais du rôle. Il m'a fallu plusieurs mois pour accepter que c'était elle, et pour adapter mon scripte. Je l'imaginais plus jeune, plus frêle, alors que Véro est physiquement imposante. Je l'a trouvais également trop belle pour le personnage. Elle a un visage multiple et très intéressant.

L.D.B : Pourquoi le choix de Kinshasa?

A.G : J'hésitais entre Lagos et Kinshasa. Ces villes représentent la modernité. Kinshasa n'est pas forcément la ville la plus développée technologiquement parlant, mais l'âme ne laisse pas indifférente. C'est une capitale qui dépeint au mieux notre monde et ses injustices. Le volet musical a joué un rôle important. J'ai eu surtout un coup de coeur pour la musique du Kasaï donc je devais tourner ce film au Congo. Elle est à la fois de sources traditionnelles folkloriques et en même temps elle s'est transformée en ville avec musiciens qui se sont appropriés, qui ont revisité les choses. Cette musique prend aux tripes.

 

 

 

Propos receuillis par Ekia Badou

Légendes et crédits photo : 

Photo 1: Vainqueur du 25e Festival panafricain du film et de la télévision (FESPACO) Alain Gomis tient le trophée Yennega Stallion au Palais des Sports de Ouagadougou le 4 mars 2017.; Crédits: AFP Photo 2: Alain Gomis tenant le trophée Yennega Stallion avec le président du Burkina Faso Roch Marc Christian Kabore et le président de la Côte d'Ivoire Alassane Ouattara à Ouagadougou, Crédits: AFP Photo 3: Alain Gomis interviewé par Ekia Badou avant son sacre au Fespaco

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