Couleurs de chez nous : Double épreuve !

Dimanche 23 Octobre 2016 - 17:35

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Perdre un proche à Brazzaville, voire au Congo, est une double épreuve. D’abord pour l’émotion et la charge que ce malheur entraîne.  Ensuite, parce qu’il faut supporter tous ceux qui affluent.

Quand le malheur nous frappe, nous attendons de la part des amis et connaissances un élan de solidarité, une assistance physique et morale, parfois même un apport financier afin de faire face aux charges des obsèques. Ainsi allaient les choses. Ainsi était définie la solidarité africaine dans sa version congolaise.  Autres temps, autres mœurs. Aujourd’hui, les choses sont inversées. Inversées ? Non. Jugez-en !

Michel vient de perdre sa mère. Passé le moment des émotions et des « accolades » de réconfort avec des amis, le voici, deux jours plus tard, conduit dans un autre lieu à côté, appelé VIP dans le langage congolais. Entendez : un débit de boissons où l’on s’assoit dans des fauteuils, avec une musique au goût des clients et dans une atmosphère quelque peu feutrée. Parfois même dans un bar ou une buvette, pour dire simplement.

À Brazzaville, ces lieux cités écument le long des rues et chaussées. Pourquoi pas au sein même des habitations ? Bref ! Les bouteilles atterrissent sans discontinuer sur la table de Michel et ses amis. Larguées on ne sait par qui. Impuissant, Michel laisse le jeu se faire…Un jeu qui dure autant que dure la veillée. Et comme à Brazzaville, une veillée doit aller au-delà d’une semaine, de crainte de s‘exposer aux sarcasmes des voisins qui vous accuseront d’avoir vite évacué la dépouille faute de moyens, imaginer le calvaire  de Michel.

Qui paye l’addition dans ce cas ? La personne éprouvée bien entendu. La même qui doit tourner sa cervelle pour réunir 25 mille, cinquante mille ou 100 mille qu’on lui exige comme contribution dans la famille pour les obsèques. Double épreuve !

Et comme si cela ne suffisait pas, ses petits-frères et sœurs, tels des libellules, s’agitent autour de leur Michel, seul élu de la famille, dans l’espoir affiché de lui arracher un casier de bière et aller gérer leur communauté d’amis et connaissances qui les ont suivis.

Le jour de l’inhumation, chargé de douleur par ces dernières images insoutenables de  sa mère inerte dans le cercueil ou dans le caveau, Michel doit puiser dans sa réserve d’énergie, et de finances surtout, pour distribuer à boire à des gens indifférents à son sort.

Pour tout dire : Michel, ici, n’est qu’un exemple pour illustrer ce nouveau comportement social au Congo. Et dire que personne ne milite pour arrêter ce festival qui se célèbre sur le malheur et la douleur des autres./-

 

Van Francis Ntaloubi

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