Interview : Bélinda Ayessa évoque le dixième anniversaire du Mémorial Pierre Savorgnan de Brazza

Quels évènements marqueront, le 8 octobre, le dixième anniversaire de l’élévation du Mémorial et du transfert des restes mortels de l’homme qui y repose avec les siens ?

Nous avons prévu plusieurs activités pour commémorer cet anniversaire. Le samedi 8 octobre, en particulier, une soirée de défilé de mode et spectacle sera organisée pour l’occasion. A cet effet, je tiens à remercier du fond du cœur, Andréa Mazzela, l’Ambassadeur d’Italie en République du Congo, car c’est lui qui a permis la mise en œuvre de ces festivités. Il est l’initiateur de cet évènement à haute portée culturelle. Merci pour cette contribution italienne dans l’écriture de l’histoire de notre pays.

Je tiens également à dire ma reconnaissance aux deux stylistes modélistes qui vont présenter le défilé : la Congolo-gabonaise Elisabeth Bellerose « ELISAV » dont les collections sont un harmonieux mélange d’étoffe, et l’Italien Gianmarco Messori dont le travail consiste à créer une image adaptée et unique pour sa clientèle. Enfin je voudrais remercier chaleureusement tous nos partenaires, tous nos sponsors, Dieu sait s’ils sont nombreux, qui n’ont pas hésité à nous soutenir dans l’acte du souvenir de ce dixième anniversaire que nous célébrons.

Il y a dix ans Brazzaville accueillait les restes mortels de Pierre Savorgnan de Brazza et de sa famille. Que peut-on dire aujourd’hui de ce geste sans précédent dans l’Histoire de l’Afrique ?

Le geste que le Congo posa, il y a dix ans, marquait sa volonté d’inscrire notre histoire dans une lisibilité mémorielle, celle des lieux et celle des personnes. Cela a conduit, naturellement, à donner une visibilité. Dix ans plus tard le lieu où reposent Pierre Savorgnan de Brazza et sa famille est devenu porteur d’une signification qu’on était loin de soupçonner : paradigme de la rencontre des peuples, visage interculturel de notre monde et j’ajouterais aussi vitrine d’un Congo ouvert sur le monde.

Depuis ce jour le Mémorial élevé en plein centre de la capitale du Congo attire un public de plus en plus nombreux. Que signifie cet engouement à vos yeux et pensez-vous qu’il s’accentuera dans les années à venir ?

Au cœur de ce foisonnement il y a d’abord l’effet de la curiosité, ce qui est normal. Ensuite, la variété des activités que nous y menons apporte un supplément d’intérêt sur la place du Mémorial dans l’espace culturel de notre pays. Enfin, en tant que lieu de mémoire, cette institution rayonne par le lien qu’elle permet d’établir entre les générations. Voilà pourquoi, pour l’avenir, nous choisissons de mettre l’accent sur des thématiques d’activités relatives non seulement à la sensibilisation des faits d’histoire, mais aussi à la formation et l’éducation culturelle.

Vous avez entrepris de construire à côté du Mémorial un lieu de rencontres et de débats qui sera inauguré en 2017. Quelle sera la mission précise assignée à ce centre de conférences ?

Le second module du Mémorial actuellement en construction permettra, j’en suis persuadée, d’offrir un cadre de réalisation des intuitions dont je viens de parler. Il s’agira globalement de créer des conditions de réflexion et d’animation allant dans le sens d’une meilleure connaissance de notre patrimoine historique et culturel. Ce centre aura aussi pour mission subséquente la revalorisation de cet héritage dans un contexte d’échange, de dialogue et de partage.  

Au-delà du devoir de mémoire que concrétise le Mémorial Pierre Savorgnan de Brazza, peut-on dire aujourd’hui que le transfert des cendres de l’explorateur a contribué au resserrement des liens entre le Congo, la France et l’Italie ?

Indéniablement ! La présence effective du président Jacques Chirac – à qui je souhaite un prompt rétablissement –  lors de la pose de la première pierre du Mémorial, en 2005, n’est qu’un maillon de ces liens d’amitié entre la France et le Congo. A lui seul Pierre Savorgnan de Brazza a permis au Congo, à la France et à l’Italie de revisiter une partie de leur histoire à travers la figure d’un homme d’exception. Et le président du Conseil italien, Matteo Renzi, nous a fait l’honneur d’une visite inoubliable en juillet 2014. Au niveau institutionnel le président Denis Sassou N'Guesso incarne bien la dynamique de renforcement des relations entre les pays que vous avez cités.

De façon plus générale pensez-vous que le Mémorial Pierre Savorgnan de Brazza contribue, ou peut contribuer à une meilleure connaissance de l’Histoire des relations entre l’Afrique et l’Europe ?

Certainement ! L’épopée de celui qui repose dans ce Mémorial est un fait historique dont les traces existent. Que ce soit aux Archives Nationales d’Outre-mer à Aix-en-Provence, aux archives du capitole à Rome, ou ailleurs, c’est un réservoir qu’il faut explorer sans relâche. Le Mémorial, très modestement mais non sans ambition, continue son travail de collecte de documents et de leur mise à disposition auprès des chercheurs et spécialistes de notre histoire. La dotation, en mars 2015, d’une partie des correspondances de De Brazza, grâce à l’entregent de son Excellence Henri Lopes, que nous remercions très chaleureusement, est une preuve que le Mémorial s’enrichit de documents d’une préciosité unique. Celles et ceux qui visitent cette institution en partent toujours avec un regard plus éclairé sur l’histoire de l’Afrique dans ses ramifications avec l’Europe. C’est vraiment une noble consolation.