Gospel roots : Afrika opéra propose un retour aux sources du gospelMardi 19 Avril 2016 - 18:33 Le projet musical conjoint d’Afrika opéra et du Centre culturel Boboto a eu pour prémices le concert inédit livré, le 1er avril, une brillante démonstration dont Prescilla Mayaka et Jacques Tshimankinda étaient les têtes d’affiche. Il n’y avait pas à redire sur l’orchestration. De l’accompagnement instrumental assuré par l’orchestre de chambre Luxuria où instruments traditionnels et modernes faisaient bon ménage jusqu’aux prestations vocales des chanteurs, tout s’accordait. Le public ne s’est pas montré avare, applaudissant sans retenue, ravi sans doute d’assister en primeur au nouveau spectacle. Savoir déjà que Gospel roots, a souligné Benjamin Mulamba, « c’est une nouvelle manière de présenter le gospel, ce n’est pas du gospel à l’américaine. Nous avons voulu valoriser notre culture africaine par un mélange de gospel américain et de notre musique à nous ». Le son du xylophone souvent entendu en rajoutait à la belle orchestration qui charmait la salle. Parmi les premiers prestataires de la soirée, le chanteur susmentionné s’est produit dans un registre que plusieurs ne lui connaissait pas jusqu’ici, le kasala. À Benjamin Mulamba d’expliquer sa prestation de la sorte : « Moi, je ne fais pas du kasala pur comme le fait Jacques Tshimankinda, par exemple. Au kasala, j’ajoute plusieurs techniques de la voix parce que je suis chanteur d’opéra de formation ». Savoir ici que le kasala entendu comme l’art de la célébration est utilisé pour rendre gloire à un roi ou un dignitaire, exalter quelqu’un. Il est vrai que le père du Folblu, comme aime à se faire appeler Jacques Tshimankinda, a fait fort sur ce point. Déjà apprécié pour son style atypique, mélange de folk luba et blues, il a choisi de « chanter Dieu et non pas chanter pour Dieu » enchaînant de manière continue en ciluba divers attributs du créateur. Mais il a aussi bien réussi à surfer du ciluba au yombe. Du reste, il n’est pas une prestation qui n’a pas réjoui l’ouïe de l’assistance qui se trouvait emporté dans un univers musical enchanteur. Anglais, ciluba et yombe Prescilla Mayaka, qui vraisemblablement partageait la tête d’affiche avec Jacques Tshimankinda, n’a pas manqué de faire mouche. La chanteuse de gospel dont l’anglais était la langue de prédilection a fait bon effet sur le public. Sa recette de la soirée, elle l’a confiée aux Dépêches de Brazzaville : « J’ai toujours fait du Gospel, nous avons toujours voulu faire comme les autres, les Américains. Mais nous avons trouvé qu’il serait bon de faire du Gospel en partant de nos racines parce que de toute façon, le Gospel est sorti du Negro-spirituals chanté par nos ancêtres qui ont été faits esclaves aux Amériques. Nous avons voulu mélanger au Gospel américain une touche de nos racines, d’où le nom même de Gospel roots ». Engagée dans une aventure dont elle est quasiment la vedette, elle avoue qu’il y avait eu à faire pour y parvenir : « À vrai dire, ça n’a pas été facile pour nous. C’était un travail de dur labeur. Nous avons commencé au mois de novembre 2015 pour en arriver à ce que vous avez entendu là. Mais ce n’est pas tout. Nous allons continuer pour nous perfectionner. Je sais qu’il y a encore beaucoup de choses à faire et vous allez le découvrir ». Les prestations successives de Rachel Acsa Olangi, la Chorale Mgr Luc Gillon et du couple Michel et Isha Tshibangu ont également séduit le public qui leur a en retour réservé des salves d’acclamations. Initiateur du projet Gospel roots, Clovis Makabu a souligné qu’il est né de « la volonté d’améliorer notre façon de chanter et enrichir notre musique, enrichir le Gospel ». Souvent apostrophé, dit-il, « par des amis étrangers qui me répètent, Clovis, votre Gospel est terre à terre, j’ai pensé qu’il faudrait songer à rhabiller notre musique Gospel. C’est là que l’idée m’est venue de créer un style que nous avons dénommé Gospel roots, la racine Gospel parce que l’Afrique c’est la racine même du Gospel. Il est venu d’Afrique, parti de l’Afrique vers l’Occident pour donner le Gospel que nous connaissons aujourd’hui. Alors, nous avons apporté un plus, une nouvelle touche à ce que nous faisons et créer un style qui soit un mélange de traditionnel et de moderne ». Et d’ajouter : « Nous prévoyons de donner ce concert partout. Aujourd’hui même nous avons été sollicités. Trois personnes ont demandé à travailler avec nous pour présenter ce concert à travers la ville de Kinshasa ».
Nioni Masela Légendes et crédits photo :Photo 1 : L’affiche du concert Gospel roots
Photo 2 : Prescilla Mayaka dans Gospel Roots
Photo 3 : Jacques Tshimankinda en plein kasala
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