Littérature : Cœur d’Aryenne de Jean Malonga de nouveau disponible

Vendredi 2 Octobre 2015 - 22:28

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La récente publication de Cœur d’Aryenne par les éditions Hemar et Présence Africaine, est une aubaine pour la génération actuelle qui a longtemps entendu parler de ce premier ouvrage littéraire commis par Jean Malonga, le premier écrivain congolais. L’œuvre était devenue introuvable depuis sa première publication en 1953 dans un numéro spécial de la revue Présence Africaine. Pourtant elle n’a jamais cessé d’être mentionnée, malgré l’absence de support, dans le cursus scolaire national, particulièrement en classe de 2nde au lycée.

Cœur d’Aryenne est un récit d’amour entre Solange une fille française et Mambéké un jeune congolais. L’intrigue se déroule à l’époque coloniale dans les localités de Mossaka, au nord du Congo, et de Brazzaville, la capitale.

L’insipide offre le suspens avec la nouvelle de la noyade de la petite Solange, la fille de Roch Morax, un Blanc sadique. Après moult pérégrinations, l’infortunée est tirée de l’eau et sauvée de la gueule d’un caïman grâce au courage héroïque de Mambéké, un ado de 12 ans. Pourtant, cette bravoure du pauvre gamin n’est récompensée autrement que par l’ingratitude et la méchanceté du père de Solange. Une épreuve qui consolide dans le temps l’amitié des deux jeunes jusqu’à la consommation de leur idylle sur un plat de drame familial.

Jean Malonga construit sa fiction à travers une peinture pittoresque et romantique qui mêle les laideurs et les beautés physiques et morales d’un passée colonial. Le statut rétrograde de l’indigène et les maltraitances qu’il subit éclairent sans doute sur les raisons d’une quête légitime de libération de l’africain face aux pesanteurs du système colonial. Ce qui peut expliquer d’ailleurs le refus de la publication de ce roman à cette époque.

Cependant, Cœur d’Aryenne ne dénonce pas seulement les travers de la colonisation, il met surtout en relief le triomphe de l’amour sur la raison, valeurs universelles qu’on retrouve chez tous les peuples du monde. L’homme noir apparaît dans le roman comme un personnage sensible à la souffrance, voire plus émotif que le blanc endurci par une nature plus cartésienne. Une vision qui semble rejoindre positivement la fameuse boutade de Senghor dans «l’émotion est nègre et la raison, hellène».

L’intrusion de l’auteur dans la narration révèle l’intérêt socio-historique et utilitaire de Cœur d’Aryenne comme un cri de révolte contre le mal colonial, un mal universel et intemporel.

«On croirait à une fiction pure, caricaturée à dessein, en lisant ces lignes. Mais hélas ! C’est pourtant la réalité même. Les Morax, des milliers et des milliers de Morax, ont vécu et vivent encore en chair et en os et ont bien été et sont encore les auteurs de sévices qui révoltent peut-être le lecteur. Il ne doit pas cependant trop s’en étonner, car il ignore sans doute les coutumes d’une colonisation bien comprise.» P.42-43

Le roman suscite la question de l’humanisme des idées prônées au nom de la civilisation en contraste à la réalité coloniale avec sa cohorte d’antivaleurs. Cœur d’Aryenne  s'affiche donc comme un témoignage à valeur de mémoire sur un pan de l’histoire de l’Afrique. Une histoire qui mérite d’être assumée dans toute sa crudité, une histoire qu’il faut également transcender malgré tout pour construire une Afrique plus vivable dans la complémentarité des différences et l’acceptation des métissages.

                                                                                                             

Aubin Banzouzi

Légendes et crédits photo : 

Cœur d’Aryenne est le premier ouvrage congolais

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