Art contemporain : version artistique de la mobilité à KinshasaLundi 14 Octobre 2013 - 16:44 Une dizaine de jeunes artistes kinois se sont exprimés au travers d’une série de performances et vidéos présentées, le 7 octobre, dans la salle de promotion de l’Académie des Beaux-arts de Kinshasa (ABA) par Christian Botale. En guise de restitution d’un atelier de dix-neuf jours tenu depuis le 22 septembre à l’ABA, Christian Botale Molebo avait convié amateurs d’art et artistes, le jour de sa clôture, le 7 octobre, à une singulière rencontre. Les performances présentées à cet effet tournaient autour de la « création et travail de l’image fixe et mobile : question de la mobilité à Kinshasa », a expliqué aux Dépêches de Brazzaville l’ancien étudiant de l’ABA. Plasticien et vidéaste, Christian Botale donnait le ton avec une réalisation personnelle de 2011 sur la prédiction de la fin du monde selon le calendrier maya, un court métrage de dix-neuf minutes. S’en est suivie la performance de Bobo Lomboto assis bouche bandée et regard figé sur les restes de quatre vieux téléviseurs avec quatre inscriptions différentes sur des écrans-papiers cartonnés coupés sur mesure. L’on y lisait notamment « Les médias, liberté d’opignon et News speed Kinshasa ». Une image ponctuée par les slams de Rolly Kabuya debout à ses côtés. Une figuration des médias qui se passait de tout commentaire renforcée par une vidéo avec une scène presque similaire à la performance vécue en direct. Place ensuite à la performance de Trésor Kintoki vêtu d’une toge et d’un chapeau mortier devant un panneau avec les détails des services offerts. En plus de son discours, l’imagination du public mis à contribution avec ce tableau reconnaissait là un jeune diplômé converti en vendeur de cartes prépayées à la sauvette faute d’emploi. La photo était également au rendez-vous avec les clichés de Georges Senga inspirés du préambule du mémoire de Christian Botale. La dizaine exposée, sélectionnée sur les 1 000 saisies par son objectif, retravaillée chacune mettaient en situation des jeunes gens en différentes postures aux côtés de sculptures de l’ABA. Christian Botale revenait au devant de la scène à la faveur de la dernière projection. L’extrait d’une scène insolite vécue dans l’avion plus entendue que vue car l’artiste filmait furtivement l’ambiance fort tendue du vol qui le ramenait à Kinshasa. L’expulsion d’une congolaise avait créé une vive agitation et suscité la compassion de quatre-vingts pour cent des autres passagers tous Congolais. L’assainissement de l’environnement avait trouvé sa place dans le décor à la faveur de l’avant-dernière performance. Parés de tous les accessoires nécessaires à la pulvérisation et très occupés à leur ouvrage, deux artistes ont réalisé leur performance. Vêtus d’étoffes blancs en guise de combinaisons, pulvérisateurs (bidons de vingt litres) dans le dos, masques, gants et bottes singulières faits de sacs noirs en plastiques ficelées jusqu’au niveau des mollets. Pour boucler la boucle, Barry Mody a offert un service très apprécié dans Identité. L’artiste, le buste chargé d’un seau de près de vingt litres de jus de gingembre, tenant des gobelets en plastiques empilés dans la main droite avait convié l’assistance à une joyeuse ballade de vingt minutes de la salle de promotion à l’entrée de l’ABA. Celui qui désirait boire n’avait qu’à se servir. Ainsi, d’un pas lent, souvent contraint à l’arrêt à chaque fois qu’une personne remplissait son verre, Barry est resté quelques minutes posté hors de l’enclos de l’ABA. Il s’est posté un premier temps à quelques mètres du portail, puis carrément en pleine chaussée. Là, l’occasion était offerte aux passants et même à certains conducteurs hardis de goûter au breuvage que plusieurs redemandaient. Certains n’hésitaient pas à se servir une seconde, voire une troisième fois. Nioni Masela |