Ados Ndombasi : « Le Festival Toseka souffre de la grande absence du gouvernement congolais »Vendredi 4 Septembre 2015 - 23:00 Pour le coordonateur de ce festival, il est difficile de poursuivre, si belle fut-elle, l’aventure du Festival international d’humour de Kinshasa après une si éprouvante troisième édition. L’événement qui a fait du Théâtre de Verdure le centre d’attraction de la ville, du 26 au 30août, ne peut continuer son bonhomme de chemin sans subvention de l’Etat. Les Dépêches de Brazzaville : Quel bilan faites- vous de la troisième édition du festival international d’humour de Kinshasa à quelques heures de sa clôture ? Ados Ndombasi : Je pense que nous avons réussi notre pari. Le public a été satisfait car nous avons eu une très belle programmation. Il a répondu présent, c’était la fête totale. S’il faut nous coter, je crois que nous avons obtenu 60%. L.D.B : Vos attentes ont-elles été satisfaites au niveau de l’apport du gouvernement pour l’organisation de Toseka 3 ? A.N. : Pas du tout. Je pense qu’aujourd’hui le Festival Toseka souffre d’une grande absence, celle du gouvernement congolais. J’estime que tous les grands événements culturels africains ou européens, jouissent d’un appui de leurs gouvernements respectifs. Je citerai à titre d’exemple le Fespam juste à côté qui est soutenu à 100% par celui du Congo-Brazzaville. Prenons le cas du Fespaco au Burkina Faso, c’est pareil. Ou encore le Marché des arts et du spectacle africain, Masa, de Côte d’Ivoire soutenu à 80 ou 90% par le gouvernement ivoirien. Pourtant aujourd’hui, le Festival Toseka est, je peux l’affirmer humblement, le plus grand événement culturel de notre pays mais n’est malheureusement pas soutenu par son propre gouvernement. Cela est décevant et nous attriste beaucoup. L.D.B : La barre a été mise assez haute dans l’ensemble de l’organisation de l’événement malgré une réussite à 60%. Quelles sont les perspectives ? Une nouvelle édition en vue pour l’année prochaine ? A.N. : Sincèrement, je me donnerais bien un mois avant de répondre à cette question. Cette édition a été très difficile à monter sur le plan financier surtout que certains partenaires et sponsors n’ont pas respecté leurs engagements. Cela m’attriste beaucoup. Malgré tout, je pense que l’équipe a envie de continuer avec ce grand rendez-vous culturel, mais il y a aussi le public qui nous encourage à ne pas baisser les bras et de foncer vers Toseka 4. On verra bien. Faudrait-il faire de Toseka une biennale, réaliser l’édition prochaine en 2017 ou tout de suite en 2016 ? Je pense me donner quand même un peu de temps pour réfléchir à cette question. Toseka est monté avec une très belle équipe, nous le faisons avec beaucoup d’amour mais l’amour ne suffit pas. Il faut aussi que les moyens financiers suivent pour faire de ce grand rendez-vous une rencontre incontournable. Je suis fier vu que les artistes qui avaient promis de venir à Kinshasa l’ont fait et surtout, leur discours m’a donné beaucoup de courage. Entendre Rachid Badouri me dire clairement que nous étions comparables au Marrakech du rire, je me suis dit waouw ! Alors que le Marrakech du rire reçoit des millions, je pense même des dizaines de millions pour son organisation…Nous n’en sommes qu’à un million que, du reste, nous ne recevons même pas. Savoir que des personnes nous comparent au Marrakech du rire signifie que nous sommes dans la bonne voie. Avec mon équipe, nous allons continuer à travailler dur pour proposer le meilleur au public congolais. L.D.B : Quelles sont les difficultés majeures rencontrées à cette édition ? A.N. : Il faut qu’on se le dise clairement, il n’y a rien à cacher, les plus grosses difficultés sont d’ordre financier. Nous avons eu beaucoup de chances car il y a eu des sponsors et partenaires qui ont accepté de nous soutenir en échange de services mais cela ne suffit pas. Aujourd’hui, pour organiser Toseka, il nous faut 1 200 000 $ (un million deux-cent mille dollars ) à peu près. Je dirais merci à des partenaires comme l’hôtel Memling et Jeffery Travels qui nous ont accompagnés pour la réussite de cette troisième édition. Ils sont certes nombreux, mais je dirais coup de chapeau à ces deux là qui sont du reste déjà prêts à nous prêter main forte pour la quatrième édition. Mais, je serai content si le gouvernement congolais nous accompagnait. J’ai rencontré son excellence Mbanza Mukalay, il y a quelques jours. Il m’a fait savoir qu’il sera fait en sorte que Toseka soit intégré dans le budget national. L’on espère que les choses vont aller dans ce sens-là. À vrai dire, je pense que si l’on a de l’argent des solutions peuvent être apportées à tout. C’est donc sur le plan financier que l’on a beaucoup de soucis. Sinon, l’autre difficulté c’est peut-être d’avoir organisé Toseka à la veille de la rentrée scolaire. L.D.B : Le passage de trois à cinq jours, n’était-il pas là un nouveau défi ? A.N. : Oui, c’était un pari fou tout de même. Je suis un peu fou, c’est mon côté artistique qui s’exprime : l’idéal serait de faire Toseka même pendant un mois. Pourquoi pas ? Mais pour y parvenir, il faudrait des moyens conséquents. Cinq jours cela est faisable si l’on est soutenu par le gouvernement car cela permettrait de réduire le coût du billet pour que les Congolais puissent accéder plus facilement aux spectacles du festival. Donc, cinq jours comme nous l’avons fait, une semaine, voire dix jours, c’est faisable. Un jour ou trente jours, c’est possible mais il faut un accompagnement des institutions fortes. Mais, sinon, je ne me plains pas du public qui est venu à Toseka. Il était très chaleureux et je l’ai beaucoup aimé. J’insiste sur le fait que passer de trois à cinq ou sept jours c’est possible à condition d’avoir un vrai soutien du gouvernement congolais. Nioni Masela Légendes et crédits photo :Photo : Ados Ndombasi
Photo 2: Photo de famille pour le clap de fin de Toseka 3 (photo Salva Mose) Notification:Non |