Littérature : Huguette Nganga Massanga publie un roman précurseur sur l’immigration clandestineLundi 4 Mai 2015 - 12:30 Combien de subsahariens périront encore au large des océans, des zones de détention provisoire ou seront déboutés de leurs demandes d’asile, requalifiées d’office par les administrations européennes en demandes d’asile économiques ? Identifié comme non-réaliste à sa sortie en 2012, « Rêves d’ailleurs » évoque les tracas de la vie hors de son pays d’origine. Pour son deuxième roman « Rêves d’ailleurs !», Huguette Nganga Massanga propose des regards croisés entre deux aventures humaines : celle d’un jeune noir africain et d’une jeune européenne. Les deux êtres, une fois liés par le mariage, et mus par l’envie folle de partir de leurs pays d’origine respectifs parce que fascinés par celui de l’autre, vivront, chacun à leur manière, le rêve à l’envers là où ils croyaient trouver l’eldorado. En filigrane, l’auteure traite de la délicate question de l’immigration, du désir persistant, à un moment donné de la vie, de migrer, d’aller trouver ailleurs une vie meilleure. Elle aborde le sujet de manière à bannir les idées reçues sur l’obsession au départ qui serait particulièrement propre aux peuples en quête de bonheur matériel. Ce roman incite les lecteurs à prendre le temps de s’arrêter et de chercher à comprendre, parce qu’au très profond de l’être humain réside ce désir permanent de quitter les situations qui le font tourner en rond, l’éloignent de la routine ou de l’ennui. Le fol espoir, l’espérance les poussent, dans certains cas, à fuir le sol qui les a vus naître lorsqu’ils ont tout perdu dans ce qui n’est plus qu’un champ de ruines… Ainsi, le roman prend l’allure, la puissance d’un essai sur ce sujet brûlant qu’est l’immigration Sud-Nord. L’auteure semble presque s’excuser de l’avoir écrit pour rien ! Tôt pourtant : en 2012 ! Sa "bouteille à la mer" personnelle n’a pas servi à mieux prendre le phénomène récurrent en considération. « J'ai écrit « Rêve d'ailleurs ! » en 2012 et lorsque je retombe sur le débat de ces jours-ci sur l'immigration clandestine, j'ai l'impression qu'au fil des années, le problème est toujours là. Il devient de plus en plus grave puisque ni les pays d'origine des immigrés, leur continent, encore moins les pays de non accueil, personne ne veut prendre des mesures pouvant gérer la situation. Les drames se succèdent et passent sans émouvoir qui que ce soit. On en parle dans les médias quelques jours, suscitant l'indignation et les belles paroles de bien-pensants. Mais après, rien ne se passe », s’indigne-t-t-elle. L’auteure garde la certitude que « tant que les uns se sentiront supérieurs aux autres, tant que les autres se sentiront inférieurs et cantonnés à aller chercher leur bonheur ailleurs, la donne sera toujours en défaveur des migrants quittant le Sud vers le Nord avec leur statut d’immigré. Ils sont sans papier, sans contrat. Ils cherchent leur route en la traçant eux-mêmes. Ils prennent les risques que seuls les gens désespérés peuvent prendre. C'est la loi de la survie. Tandis que ceux du Nord vers le Sud, les expatriés, vont trouver leur bonheur dans les pays d’accueil. Ils ont les meilleurs salaires, les meilleurs postes à responsabilité. Ils créent leurs propres entreprises. Ils vivent dans des villas de rêve et font du safari dans des sites de rêve ». De part et d’autre, Huguette Nganga Massanga démontre, dans son roman, l'évidence selon laquelle tous les humains, quels qu'ils soient, d'où qu'ils viennent, ont besoin de partir lorsque leur univers devient oppressant, suicidaire et sans perspectives. « Même les personnes fortunées quittent leur univers si beau et si envié pour aller chez les démunis. Il est impossible d'empêcher les gens de partir lorsqu'ils ne se sentent plus bien dans leur environnement. Ceci est une caractéristique de la nature humaine. Seulement, l'immigration du Nord vers le Sud parait justifiée alors que, dans le sens contraire, elle ne l’est pas du tout », explique-t-elle. Huguette Nganga Massanga, journaliste de formation ; très engagée dans le monde culturel au Congo ; membre du comité d’organisation du Festival international Kimoko ; Lauréate du Prix Tchikounda du meilleur écrivain en 2010 pour son premier roman « L’envers du décor ». « Rêves d’ailleurs ! » Edilivre / ISBN : 978-2-332-47695-1 / 173 pages / Prix 20.50 euros En vente à la Librairie galerie Congo, 23, rue vaneau 75007 Paris Marie Alfred Ngoma Légendes et crédits photo :Photo 1 : Huguette Nganga Massanga sur le Stand livres et auteurs du Bassin du Congo lors de sa participation au Salon du livre de Paris
Crédit photo : Les Dépêches de Brazzaville
Photo 2 : Visuel du roman "Rêves d'ailleurs !" |