Pointe-Noire : « kaka yo » ouvre la semaine du cinéma congolais

Après plusieurs mois d'intense préparation, le rêve d’Alain-Rock Ngoma, directeur du Centre culturel Jean Baptiste Tati Loutard, est dvenu une réalité. Il est en effet l'initiateur de la semaine du cinéma congolais avec la société de production Inzo ya bizizi de Rufin Mbou Mikima en association Clap Congo de Claudia Haidara Yoka. « En organisant cet évènement, nous voulons dire que le cinéma congolais existe aux côtés des autres arts. Il mérite d’être soutenu. Sa promotion et sa vulgarisation dépendent de l’adhésion de tous...Certes, plusieurs écueils subsistent encore dans la formation des cinéastes et acteurs mais cela ne peut être corrigé que par les ateliers, les rencontres professionnelles qui auront lieu en marge de la semaine. Des actions culturelles dans les écoles sont également prévues au cours de la semaine qui dorénavant sera un évènement annuel avec la projection de 70% de films congolais et 30% de films étrangers. C’est en travaillant avec les autres que l’on progresse », a reconnu Alain-Rock Ngoma à l'ouverture. Une initiative saluée du reste par Léonard Boumbat Hybouangad, directeur départemental des arts et des lettres de Pointe-Noire et de Marcel Poaty, conseiller socio culturel du maire de la ville.

Kaka yo ou «  Rien que toi » est un court métrage de 26 mn. Il est l'oeuvre du directeur de la photo, Sébastien Kamba, âgé de 74 ans aujourd’hui. Ce film tourné en 1965 marque la naissance du film congolais. Sa trame est une aventure amoureuse entre deux amants qui veulent se marier. Mais leur désir est court-circuité par un féticheur. Drame émotionnel et affectif, cette aventure passionnelle se déroule dans Brazzaville, cité moderne qui vit encore les premières années post indépendances.

« Un an après mon retour de formation en France, j’ai tenté ce pari de réaliser un film avec les moyens modestes que nous avions à l’époque à la télévision nationale. Un film qui reçut du reste la médaille d’argent au festival du film amateur de Cannes en 1977. La palme d’or ayant été remportée par le célèbre cinéaste sénégalais Sembène Ousmane qui ne put s’empêcher de dire « Allez voir au Congo, il s’y passe aussi des choses intéressantes en matière de cinéma ». 50 ans plus tard, quand je revoie ce film, je constate qu’il est plein d’enseignements avec ces costumes d’autrefois, cette ferveur de la ville et aussi cette prouesse technique qui nous a permis de nous jeter à l’eau et tenter quelque chose d’historique », avoue le réalisateur à la fin de la projection.

L'acculturation, l'autre drame

« La Gailloise » d’Amour Sauveur Memy est le deuxième film de la soirée que le public a apprécié. Sophie, une jeune adolescente regagne son pays natal après plusieurs années passées en France. Un retour au bercail qui se transforme en cauchemar car cette dernière a du mal à s’adapter au mode de vie modeste de ses parents. Pire encore, elle a importé avec elle, la civilisation occidentale que son entourage a du mal à accepter. Une opposition de cultures qui fera longtemps  jaillir des étincelles. Après des mois d’insoumission, la raison va enfin l’emporter et la « Française » s’est remise au goût de ses parents. C’est un drame existentiel qu’Amour Sauveur a mis en image : l’acculturation des Africains. 

D’autres films seront projetés au Centre culturel Jean Baptiste Tati Loutard, à l’Espace Yaro à Loandjili, à l’Inspection sectorielle de la jeunesse de Tié Tié et dans différents lieux publics de la ville avec au programme des films de Gilbert Ndunga, Alain Baker, Lisbeth Mabiala, Ori-Huchi Kozia, Richi M. Mbebelé, Rufin Mbou Mikima,  Charles Okoumou,  Dollestin Bazza,  Amog Lemra, Eddy Mikolo, David Mahoungou, Delphes Kifouani, Said Bongo, Claudia Haidara Yoka, Jean-Michel Tchissoukou. Une kyrielle de films courts et longs qui marquent la vitalité du 7^e art congolais qui ne demande que soutien et considération.

Des ateliers thématiques (image, écriture de scénario, jeu d’acteur) sont également prévus pour renforcer les connaissances des cinéastes. Sont également au programme les actions culturelles dans les écoles avec de projections de films vidéos suivies d’échanges entre réalisateurs et élèves. Chaque projection étant précédée d’un quizz de culture générale sur le cinéma congolais.

La clôture qui intervient le 25 avril sera marquée en matinée par la rencontre professionnelle suivie en mi-journée de la conférence « 50 ans du cinéma congolais, quel bilan » et des projections de films en soirée. À travers cette première expérience, la coordination de la semaine du  cinéma congolais veut emmener le public à découvrir et consommer nos films, intéresser les réseaux de distribution afin que nos films soient diffusés sur les chaînes de télévisions internationales ainsi qu'au niveau local.