Trois questions à : Professeur Jean HébrardMercredi 22 Avril 2015 - 11:45
Les grandes villes portuaires françaises ont tiré une grande part de leur prospérité de la traite. Sait-on l’estimer en termes de chiffres ? Combien de bateaux ont transité par Bordeaux ? Des africains ont-ils vécu à Bordeaux du temps de la traite ? Jean Hébrard 2015-2024 Décennie des personnes d’ascendance africaine En janvier 2015, le système Onusien a lancé la Décennie des personnes d’ascendance africaine (2015-2024) qui mettra en valeur l’héritage de la diaspora africaine disséminée à travers le monde, et leur impact considérable sur le patrimoine culturel. Environs quinze millions d’hommes, de femmes et d’enfants ont été déportés d’Afrique pendant plus de quatre cents ans (du XVe au XIXe siècle) permettant l’industrialisation et l’enrichissement des pays colonisateurs mais aussi la naissance de nouvelles expressions culturelles, notamment musicales, telles le jazz, le blues, la soul, le R&B, le reggae, le hip hop, le tango, la salsa ou la capoeira. Cette décennie a été proclamée en 2013, en conséquence du travail de sensibilisation réalisé dans le cadre du projet « La Route de l’esclave ». Lancé en 1994 à Ouidah, au Bénin, sur proposition d’Haïti et du Bénin avec le soutien de l’Organisation de l’Unité africaine, le projet La Route de l’esclave a pour but de faire sortir l’histoire de la Traite négrière de l’oubli, de favoriser la réflexion sur le pluralisme culturel et le dialogue interculturel ainsi que de valoriser le riche patrimoine culturel né de cette tragédie humaine. Le travail de plaidoyer réalisé au travers du projet « La route de l’esclave » a permis d’aboutir à la reconnaissance officielle de la traite négrière en tant que crime contre l’humanité en 2001, lors de la conférence mondiale contre le racisme de Durban, ou encore à la Proclamation par l’ONU en 2007 d’une Journée internationale en souvenir des victimes de l’esclavage et de la traite transatlantique des esclaves, célébrée chaque 25 mars. Le Congo pour sa part a initié un travail de reconnaissance au patrimoine culturel mondial du Port de Loango, situé dans le Kouilou, d’où ont été embarqués plus de deux millions de personnes vers le Brésil, le Venezuela, la Colombie, le sud-est des États-Unis (Louisiane et Virginie), Saint-Domingue et Cuba où l’on retrouve encore des traces culturelles et linguistiques de l’aire géographique Kongo. Il s’agissait du plus grand port négrier du golfe de Guinée dont subsiste aujourd’hui entre autres, les trois manguiers, le grand marché, le débarcadère et l’arbre devant lequel les esclaves en partance étaient soumis au rituel de l’oubli. Une Cité africaine des arts et de la mémoire (Citam), un mémorial de l’esclavage, un musée avec des collections d’art traditionnel et contemporain africain, une bibliothèque et un centre de documentation consacré à l’histoire de l’Afrique seront construits grâce à l’implication de l’Unesco sur ce site chargé d’histoire. Ce projet sera réalisé en partenariat avec les musées de Gorée (Sénégal) et Ouidah (Bénin), autres grands lieux d’embarquement des esclaves vers le nouveau monde. Rose-Marie Bouboutou Jean Hébrard Légendes et crédits photo :Le Professeur Jean Hébrard (à l'extrême gauche) lors de la table ronde « Héritage de la traite négrière au Brésil et lieux de mémoire : Gorée, Ouidah et Loango » organisée sur le Stand Livres et auteurs du Bassin du Congo pendant le Salon du livre de Paris 2015 ©ADIAC |