Interview. Claure Kombo : "Le livre congolais est en général mal connu du grand public"

Mercredi 22 Avril 2015 - 19:00

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À l’occasion de la journée mondiale du livre et du droit d’auteur célébrée le 23 avril de chaque année, Claure  Kombo, directeur général du livre et de la lecture publique,  revient dans cet entretien sur la politique d’offres culturelles de sa direction, qui  s’engage à  participer à l’éveil de la conscience nationale, en précisant la position centrale et prépondérante qu’occupe le livre dans le processus de l’édification individuelle et, partant, de l’émergence de la nation.

Les dépêches de Brazzaville : Le  livre Congolais est-il connu du lectorat local ?

Claure Kombo : Nous dirions Oui et Non. Oui, parce qu’il y a de nombreux personnages dans ce domaine qui ont essayé, pour certains, et qui essaient encore, pour d’autres, à œuvrer de manière vigoureuse de booster les choses. Une classification de ceux-ci s’impose. Les premiers : Jean Malonga  Tchicaya U tamsi, Letembet Ambili, Henri Lopes, Théophile Obenga, Mambeke Boucher, Jean Baptiste Tati Loutard, Sylvain Mbemba. Les seconds : Emmanuel Boundzeki Dongala, Ngoy Ngalla, Sony Labou Tansi.  Les  plus jeunes, nous citerons : Alain Mabanckou,  Omer Massoumou,  Boniface Mongo Mboussa,  Pierre Ntsemou, Florent  Sogni Nzaou, Grégoire Lefouoba,  Gabriel Mwene Okoundji. Quelques dames : Mme Tati Loutard née Néné Amelia, Léontine Tchibinda, Aimée Mambou Ngnali, Alima Madina, Gilda Moutsara, Carine Yidika, Monique Alfred Ondze, Marie Françoise Ibovi Mouladi. Les soldats de la plume : Benoît Moundele-Ngolo, Emmanuel Eta-Onka, Emmanuel Ngouelondele-Mongo, Gérard Yongo, Jessy Loemba, Innocent Peya. Les journalistes : Jean François Sylvestre Souka, Guy Menga, Joseph Bitala-Bitemo, Alexis Bongo, Sauve-Gérard Ngoma Malanda. Succinctement, nous disons que la production du livre est très importante dans notre pays. Non, Car de nos jours, on constate un désintéressement quasi généralisé des lecteurs dans notre pays, au point que tous ces auteurs sont mal connus au niveau national. Les ouvrages prisés connaissent aussi un problème  de réédition. Ce sont des faits que nous déplorons.

LDB : Les ouvrages congolais sont-ils présents dans nos librairies ? Et à quel coût ?

CK : Les ouvrages congolais sont relativement présents dans nos librairies. Il suffit de s’y rendre pour  le vérifier. Cette relativité s’explique, en grande partie, par la difficulté d’approvisionnement de nos librairies de ces ouvrages essentiellement édités hors de nos frontières. Quant au coût, il va de soi qu’il ne soit pas accessible au contribuable désireux de livre, à cause des  charges auxquelles doivent faire face les librairies.

LDB : Quelle est la  situation générale du livre au Congo ?

CK : Le livre  est, en général, mal connu du grand public. On constate un désintéressement  à la lecture aussi bien dès le jeune en âge que des adultes d'une part, aux coûts  trop élevés des ouvrages dans  leur diversité, au manque de  structures documentaires publiques d’autre part et, surtout,  à une mauvaise scolarité. D’une façon prioritaire, tous les partenaires impliqués dans la production du livre (le ministère de la  Culture et des Arts, le  ministère de la Jeunesse et de l’Instruction civique, les  ministères en charge de l’Éducation nationale,  le ministère des Finances, l’Unicef, l’Unesco, l’Unéac) doivent chacun dans sa zone de compétence et d’action s‘investir activement pour permettre l’acquisition du livre à coût réduit. D’où il faut des actions de vulgarisation (promotion) à travers la célébration de la Journée mondiale du livre et du droit d’auteur, notre direction s’est assigné quelques objectifs, à savoir imprégner dans la mémoire collective nationale la notion du livre; montrer que le livre est le compagnon de route tout le long du cursus scolaire et universitaire; rappeler que le livre est détenteur du savoir universel; dire que le livre a tout le nécessaire pour définir et orienter n’importe quel projet de l’élève, de l’étudiant et de toute personne en général; vulgariser les bibliothèques et les librairies de la place; favoriser  par des communications et des échanges une connaissance des créateurs des œuvres de l’esprit : les écrivains.

LDB : Quelles sont les mesures pour que le Congolais ait accès aux ouvrages de nos auteurs ?

CK : Rendre disponibles les ouvrages d’auteurs congolais dans nos bibliothèques et librairies; systématiser  la promotion  de ces ouvrages  par  des conférences  débats, forums, colloques, cérémonies  de dédicaces , création à grande échelle  des jardins  de lecture publique; création dans les médias  d’espace  d’animation  culturelle avec,  en prime, le livre  congolais  une fois  la semaine par exemple. Il a été  retenu   au niveau  du colloque  sur l’enseignement  du français  à l’école congolaise, pour l’année  2015-2016, un recueil de nouvelles et une pièce de théâtre  d’auteurs congolais pour la classe de quatrième, en classe de  troisième  un roman, une pièce de théâtre, des extraits de poèmes.

En perspective, il y aura la présence  d’ouvrages congolais  en classes de seconde et terminale dans les trois principaux genres littéraires qui sont : le roman,  le théâtre et la poésie. Si tout ceci peut être concrétisé, un écrivain peut  déjà à travers les médias parler  de sa pièce de théâtre, son roman, sa poésie ou sa nouvelle. Le  livre congolais  va déjà occuper l’esprit du Congolais. Le Congolais va consommer le livre  à tout  bout de champ.

Hermione Désirée Ngoma

Légendes et crédits photo : 

Claure Kombo, directeur général du livre et de la lecture publique