Parlez-nous de Dycosh TV
Avec mes deux acolytes, le réalisateur, le MC qui, lui, s’occupe de la partie chantée, nous avons créé cette chaîne Youtube il y a deux ans avec l’idée de faire de la promotion pour mes spectacles sur scène. Je n’avais pas accès aux grands médias TV ou radio et pour me faire connaître, j’ai donc créé une chaîne Youtube afin d’assurer ma propre publicité, gagner en notoriété et en exposition. L’autre idée était de pouvoir me créer mes propres rôles plutôt que d’attendre que l’on m’en crée. En France, il est difficile d’obtenir des rôles pour jouer la comédie et décrocher des castings lorsque l’on est noir. La concurrence est rude dans ce milieu et il y a très peu de rôles pour nous. J’ai beau montrer les parties les plus blanches de mon corps durant les castings, cela ne marche des fois pas (rires). J’invite parfois des humoristes confirmés ou pas que j’ai rencontrés sur les scènes parisiennes pour apporter un plus sur certains sketchs. Aujourd’hui, j’ai vécu de belles choses grâce à cette chaîne.
D’où vous est venue cette vocation pour la comédie ?
J’ai pratiqué le théâtre étant enfant mais j’ai du arrêter parce que j’ai pratiqué le basket à un bon niveau. Il a de nouveau fallu faire le choix entre le basket de compétition et les études de commerce. À la fin de mon Master en achats internationaux, j’ai travaillé dans une banque. Cette expérience ne m’a pas plu du tout et je me suis redirigé vers mes premières amours : la comédie. Jusqu’à présent, je remercie le ciel parce que cela se passe plutôt bien.
Comment écrivez-vous vos sketchs ?
Il y a beaucoup d’humour d’observation. Je m’inspire de faits du quotidien, de mon vécu ainsi que de la bêtise humaine. J’ai eu la chance d’avoir vécu dans des milieux assez différents : je suis fils d’immigrés et mes parents sont ouvriers, j’ai côtoyé une certaine élite quand j’étais dans mon école de commerce, j’ai de la famille en Afrique, ma copine est blanche… J’ai ainsi la chance de pouvoir piocher dans plusieurs univers. J’essaye de respecter des structures. Je pars d’une idée que je peux avoir en marchant, ou dans le métro et que je vais ensuite développer. En général, je ne teste pas mes blagues. J’écris des choses qui me font rire à titre personnel et je me dis que si une chose a pu m’amuser, d’autres personnes qui sont dans le même état d’esprit, trouveront également cela drôle. Quand je ne suis pas sûr de moi, effectivement je teste autour de moi mais cela est rare. Après, il y a un petit grain de folie que je tiens de je ne sais où.
Le dernier en date fait le buzz sur la toile. On imagine facilement que vous êtes parti du vécu…
On a tous, dans les deux Congo, assisté à des mariages qui servent de prétexte à une espèce de compétition informelle où les tontons arrivaient « sapés » comme jamais. Nous avons tous dans nos familles un sapeur absolu qui vient aux fêtes avec un costume 50 pièces vert fluo et qui fait l’éloge de ses dernières trouvailles. C’est quelque chose que j’ai vécu et qui me faisait rire. C’était donc facile de prendre la chose et de l’exagérer.
Est-ce que vous avez des modèles ?
J’aime beaucoup le comédien américain Dave Chappelle qui a d’ailleurs, je crois, des origines congolaises et qui me fait hurler de rire. Pour la France, j’aime bien citer Louis de Funes dont j’étais un grand fan étant enfant. J’ai grandi en regardant ses films avant d’apprendre que c’était un « grand bonhomme ».
Les humoristes se plaignent souvent que les gens s’attendent à ce qu’ils fassent des blagues à tout moment, est-ce que cela vous arrive également ?
Quand je suis avec mes amis, s’il y a une blague à faire, je la ferai. Les gens qui me rencontrent sont parfois surpris quand ils me voient sérieux. Il y a un temps pour tout, je ne fais pas en permanence le clown. De même, ce n’est pas parce qu’on est chanteur que l’on doit en permanence prouver que l’on sait chanter, et pousser la mélodie dès que l’on croise un fan.