Littérature : « Comment partager la rente pétrolière ? » au centre des débats aux Vendredis des arts et des lettresJeudi 5 Février 2015 - 20:15 Des questions telles que : Existe-t-il un meilleur régime de partage de la rente pétrolière ? Quelle est la stratégie pour une meilleure application du model ? Quelle est la part des Congolais dans le partage ? Y a-t-il un dysfonctionnement dans le partage de la rente pétrolière au Congo ?... ; ont été posées à la Préfecture de Brazzaville à Jean Jacques Ikama, l'auteur de cet ouvrage. La rente pétrolière est depuis de nombreuses années à l’origine de conflits dans presque tous les pays producteurs de pétrole. La répartition des revenus pétroliers entre Etats producteurs et sociétés pétrolières continue de faire l’objet de nombreuses interrogations. Et Jean Jacques Ikama, écrit son livre qui décrit, entre autres, les mécanismes de partage de la rente pétrolière. Il a essayé de décrire les critères de partage de la rente pétrolière au cours de cette rencontre. Il élabore l’équivalent mathématique d’un contrat pétrolier. C’est un outil à la disposition des experts, du public pour pouvoir analyser, comparer certaines choses. « En tant qu’auteur, j’ai écrit et mis le titre à la disposition de ceux qui savent l’utiliser. Ce livre ne parle pas que du Congo. Nous sommes partis des contrats pétroliers du Congo, avions élaboré des modèles mathématiques des contrats du Congo puis nous les avons généralisé pour prendre en compte tout contrat quelconque dans le monde. » Jean Jacques Ikama reconnait qu’il y a beaucoup d’écrits sur le pétrole, mais très peu de livres. Alors que le pétrole est un sujet très sensible ; d’où il faut l’aborder avec beaucoup de respect et de subtilité pour ne pas vexer les autres, mais plutôt captiver leur attention ; qu’ils vous lisent jusqu’au bout et comprennent votre message. Ce livre, dit-il, se lit à deux niveaux. Beaucoup de choses sont dites, mais il faut un peu plus d’attention pour pouvoir y accéder. Ça a été voulu ainsi, parce que c’est un sujet très sensible. Il y a des chiffres mais c’est, en valeur, relatif. En effet, cet ouvrage s’adresse à la fois à un public curieux de comprendre les enjeux du partage de la rente pétrolière et à un public averti (professeurs, étudiants, chercheurs…) souhaitant développer et approfondir ses connaissances sur le sujet. Répondant à la question de savoir s’il existe un meilleur régime de partage de la rente pétrolière, Jean Jacques Ikama a dit que tous les types de partage de production se valent. Et c’est justement ce qu’il a essayé de dire dans son livre. On peut avoir n’importe quel type de résultat de partage avec n’importe quel type de mécanisme, parce que le plus important c’est ce qu’on dit. Dans ce livre il y a un tableau qui montre bien qu’avec la concession, le CCP ou le contrat de service on peut avoir des ventes à 90% de part pour l’Etat. Il y a aussi que les résultats varient selon le temps et l'espace. Le pays ou ce contrat donne de bons résultats a peut-être des gisements produisant mieux qu'ailleurs. Quant à la part des Congolais dans le partage de la rente pétrolière, l’auteur pense que la rente pétrolière ne peut pas être partagée comme un gibier entre l’Etat et la population. Elle se redistribue comme toutes les autres ressources de l’Etat. Il y a bien d'autres revenus comme ceux des Impôts. Dans certains pays les impôts rapportent plus que le pétrole. Or, l’organisation des dépenses est fondée sur une forme de solidarité. « Donner à chacun de nous sa part ne saurait être une répartition rationnelle. Dysfonctionnement dans le partage de la rente pétrolière au Congo S’agissant du dysfonctionnement dans le partage de la rente pétrolière au Congo, Jean Jacques Ikama, dit que les spécialistes ont analysé et décrit le mécanisme de partage de cette rente pétrolière et ils ont relevé des problèmes, des polémiques. Lorsque les contrats de partage de production étaient mis en place au cours des années 1990, plus précisément en 1994 pour les premiers contrats de partage de production, dit-il, le prix du baril variait entre 18 et 20%, et les coûts pétroliers tournaient autour de 8 dollars le baril. Dans les modalités de partage de la rente pétrolière, il était prévu un mécanisme qu’on appelle seuil de plus haut qui veut tout simplement dire jusqu’à 22 dollars le baril, c’est un prix normal ; les sociétés pétrolières réalisant un profil normal. Au-dessus de 22 dollars, c’est-à-dire entre 22 et 30 dollars, 8 dollars génèrent un profil exceptionnel et l’Etat devrait bénéficier d’un partage plus intéressant que jusqu’à 22 dollars. Pendant une dizaine d’années, les prix sont restés en dessous de 22 dollars et l’Etat avait un partage qui était autour de 30 dollars. Mais depuis 2005, les prix se sont placés au-dessus de ce seuil. Depuis lors, l’Etat a un peu plus qu’auparavant. En décrivant les mécanismes de partage, nous avons parlé de la récupération des coûts. Et ce mécanisme qui s’est activé avec l’augmentation aussi importante du prix du pétrole a fait que la part du pétrole qui est réservée à la récupération des coûts se trouve être de plus en plus petite en pourcentage. Rappelant que cet ouvrage à l’ambition de : définir la rente pétrolière et clarifier les questions relatives à son appropriation ; révéler la raison fondamentale du partage de la rente pétrolière et expliquer les mécanismes de répartition de cette rente entre pays producteurs et compagnies pétrolières ; analyser les résultats du partage et en constater les effets comme la spoliation, la pratique des préfinancements, le besoin d’amélioration des modalités ; examiner la pression fiscale subie par les compagnies pétrolières en vue d’en déterminer le niveau réel ; proposer un modèle de partage simple, flexible et équitable. Qui est Jean-Jacques Ikama ? Economiste, diplômé de l’Institut supérieur d’économie de Sofia en Bulgarie, Jean Jacques Ikama assure actuellement la fonction de directeur de la stratégie de croissance et de la planification dans une société pétrolière africaine. Dix années d’exercice au sein de cette société lui ont donné l’opportunité de développer une expertise avérée dans l’élaboration des modèles d’évaluation et optimisation économique des projets pétroliers et des contrats financiers. S’appuyant sur son expérience internationale et en prenant l’exemple du Congo, l’auteur lève le voile, de manière accessible, sur un domaine d’activité stratégique et complexe. Il a, par ailleurs, été au cours de ses trente années d’expérience professionnelle, directeur des relations financières extérieures et attaché de cabinet en charge des affaires monétaires et financières auprès de plusieurs ministres des Finances. Il a occupé la fonction de personne-ressource de la zone monétaire des Etats de l’Afrique centrale et assumé les fonctions d’enseignant à l’université Marien Ngouabi de Brazzaville. Il est titulaire d’un brevet d’invention portant sur un outil didactique fondé sur les mathématiques.
Bruno Okokana Légendes et crédits photo :Photo 1 : le podium lors du débat
Photo 2 : Jean Jacques Ikama dédicaçant son livre
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