Histoire : la République du Congo a célébré sa première journée nationale du PatrimoineSamedi 6 Décembre 2014 - 17:47 C’est sur le thème évocateur : Le patrimoine, facteur de cohésion sociale, que le Congo a célébré pour la première de son histoire, sa première journée nationale du Patrimoine, le 5 décembre 2014 au Centre de formation et de recherche en arts dramatiques (Cfrad), sous le patronage du directeur de cabinet du ministre de la Culture et des arts, Célestin Akoulafoua, qui avait à ses côtés, la représente de l’Unesco au Congo et l’ambassadeur de l’Allemagne en poste au Congo La journée du 5 décembre 2014 sera dorénavant gravée dans la mémoire des historiens, scribes et témoins du temps. En effet, le ministère de la Culture et des arts, bras technique du gouvernement, a mis en place une politique ambitieuse de gestion et de vulgarisation du patrimoine culturel national à travers une législation et le renforcement des capacités. En clair, des lois y relatives ont été votées par les deux chambres du parlement, des conventions ont été ratifiées, appuyées par des lois promulguées par le président de la République. De même, dans le contexte actuel de l’ordre mondial fait de l’inexistence des frontières et dont le village planétaire est le lieu du donner et du recevoir, la fabrication d’une conscience nationale et internationale se prête bien au partage de la mémoire commune aux peuples, un patrimoine pris dans ses facettes plurielles et bigarrées. Pour ce faire, des sites de monuments, des pratiques et connaissances rappellent un passé commun. Ils sont nombreux, les vestiges, les témoins du temps, sur le territoire congolais, du littoral jusqu’aux massifs forestiers de l’extrême nord, en passant par le massif du Chaillu, les savanes des vallées du Niari, du Pool et des Plateaux. Ces témoins du temps qui constituent la plus value que les Congolais ont en partage, consciemment ou tacitement. Ces témoins du temps qui taisent toutes les basses discriminations égoïstes et parfois matérialistes : racisme, ethnocentrisme, sexisme, intégrisme, fondamentalisme, etc. Ces lieux qui défient les âges et l’oubli constituent une pierre de l’éternité sur laquelle se liront, à l’infini, tous les envols du temps des Congolais sans discrimination. Ils peuvent traîner un flot ininterrompu de visiteurs curieux aux provenances diverses, et être une mamelle sûre d’un tourisme culturel qui soit le motif d’une économie durable. Au Congo où est célébrée la journée nationale, le directeur général du patrimoine au ministère de la Culture et des arts, Samuel Kidiba, a égrené quelques sites emblématiques, biens communs à la majorité silencieuse qui s’y reconnait en toute conscience ou tacitement. C’est le cas, par exemple, du Cfrad, ancienne alliance française où se tint en 1944 l’historique Conférence de Brazzaville ; le fleuve Congo qui rappelle les liens entre les deux capitales les plus proches du monde, Brazzaville et Kinshasa ; l’ancien port d’embarquement des esclaves dans le littoral congolais, département du Kouilou, qui a vu passé plus de deux millions d’esclaves venus de la plupart des localités des pays d’Afrique centrale ; le trinational Sangha à l’extrême nord du Congo, premier bien du pays (transfrontalier), classé patrimoine mondial en 2012 ; la cité royale de Mbé, à plus de 200 km de Brazzaville, dans le département du Pool, fait référence à une des exceptionnelles organisations sociales dans les grands royaumes africains, ce site dont le dossier est en cours de montage en vue de son classement au patrimoine mondial ; le chemin de fer Congo océan (Cfco) qui n’est rien d’autres que le tracé de la principale piste des caravanes en dehors de celle qui part de Lékéti dans la Cuvette ouest et qui la rejoint en intersection, via Zanaga, au lieu mythique qu’est Loango, lieu de non-retour. Samuel Kidiba a cité aussi, la Basilique Sainte-Anne placée symboliquement à la croisée des cultures occidentales (le centre-ville) et africaines (quartier Poto-Poto) à Brazzaville ; l’Ecole de peinture de Poto-Poto, qui, grâce à son style original les Mikey, est un véritable tam-tam d’éveil qui a longtemps inspiré une bonne partie de l’Afrique picturale ; la gigantesque grotte souterraine de Nkila Ntari, dans le département de la Bouenza, longue de près de 30 km, qui a servi de refuge aux populations riveraines pendant la razzia de la traite des Noirs et la période coloniale des Mbulu-Mbulu, les milices coloniaux ; le pont en lianes sur la rivière Ogooué dans la Lékoumou, véritable démonstration des pratiques et imaginations inventives traditionnelles africaines ; le stade Alphonse Massamba Débat, berceau des Premiers Jeux africains qui en accueillera le cinquantenaire l’année prochaine en 2015 ; le Palais du peuple, ancien palais des gouverneurs coloniaux, symbole du pouvoir du magistrat suprême du pays, après les indépendances ; la Cathédrale Sacré-Cœur, l’église de Linzolo, première église dans l’archidiocèse de Brazzaville, les missions Saint Louis de Liranga et de Loango, l’église de Saint Benoit à Boundji, marquent la rencontre entre les Africains et les Européens en 1482 au XVe, lorsque les explorateurs portugais arrivèrent sur les côtes du continent noir ; les monuments dits du septennat et les Allées des bustes à Brazzaville qui sont une marque et une volonté du gouvernement d’écrire l’histoire devant l’intemporalité, sur les tables thématiques du temps qui passe et qui, paradoxalement, dure. Bien avant, Samuel Kidiba, a cité quelques sites à travers le monde. Ces lieux hautement mémorables qui sont passés hors du temps et qui n’appartiennent plus qu'aux pays qui les ont vu naître ni encore moins aux mains immortelles qui les ont bâtis ou façonnés. Après la cérémonie officielle, il a été organisé une randonnée au monument Schœlcher, à Bacongo dans le deuxième arrondissement de Brazzaville ; à la Square de Gaulle et Notre Dame du Rosaire toujours à Bacongo ; à l’Allée de la mémoire ; à la Cathédrale Sacré-Cœur ; au monument du septennat et à l’Allée des bustes au centre-ville de Brazzaville ; à la Basilique Sainte-Anne à Poto-Poto, troisième arrondissement de la ville capitale ; à la Case Makoko à Ouenzé dans le cinquième arrondissement de Brazzaville ; et à l’Ecole de peinture de Poto-Poto en plein cœur de Moungali dans le quatrième arrondissement. Bruno Okokana Légendes et crédits photo :Photo 1 : le directeur général du Patrimoine prononçant son mot
Photo 2 : le directeur de cabinet du ministre de la culture et des arts coupant le ruban symbolique
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