Vision documentaire : « Examen d’État » fait très bonne impressionSamedi 25 Octobre 2014 - 5:00 Plébiscité dans le monde, et tout dernièrement en Chine, projeté pour la première fois à Kinshasa comme film d’ouverture du festival qu’abrite la Halle de la Gombe depuis le 22 octobre, la réalisation de Dieudo Hamadi a fait un grand effet sur le public qui l’a commenté en termes forts élogieux Kinshasa à son tour vient d’ovationner Examen d’État, film tourné entre mai et août 2013 par Dieudo dans son Kisangani natal. Comme l’a relevé le journaliste Martin Van Der Belen, la réalisation permet de se rendre compte à quel point le système éducatif du pays est plein de dysfonctionnements et de reconnaître que le jeune réalisateur revenu sur les lieux où il décroché son diplôme a rendu « un travail de cinéaste très fouillé, une démarche documentaire que j’ai saluée parce qu’il est rare d’arriver à un résultat comme celui-là ». Le cinéaste Ruffin Mbou qui connaît le réalisateur depuis deux ans nous a donné son avis en ces termes : « Examen d’État de Dieudo Hamadi est l’un des plus beaux films que j’ai eu l’occasion de voir en documentaire. Le bien dans ce film c’est que l’on se retrouve dans une espèce de dramaturgie shakespearienne où l’on assiste vraiment à une montée de la tension avec la manière dont il construit son personnage dès le départ. Il nous donne les ficelles sans nous les donner à la fois. C’est le cas du personnage de Joël, par exemple, on imagine déjà ce que pourrait être sa fin mais on a envie de croire qu’il n’y tombera pas. La tension augmente au fur et à mesure, on a envie de croire, on veut y croire jusqu’à la fin mais l’échec survient quand même. Et donc, je disais à un ami que si au Canada ils ont Xavier Dolan, un réalisateur de génie qui explose, en RDC vous avez Dieudo Hamadi. Pour moi, c’est un génie, il n’y a pas de qualificatif pour son film, il est super bon. C’est un très, très bon film ! » Dieudo Hamadi est mystique Pour Tshoper Kabambi, coorganisateur du festival Vision documentaire, « Dieudo Hamadi est mystique ». Il a employé cette expression locale pour dire combien il le trouvait fabuleux et qu’il a du reste renchéri ainsi : « Franchement, parvenir à garder le public accroché de la première à la dernière minute, ce n’est pas donné à tout le monde. Dès son premier film qui était un court métrage, on avait senti en lui cette grandeur. Je suis cinéaste et je sais reconnaître les qualités de Dieudo et donc, je redis qu’il est très mystique. » Aux yeux du bédéiste et cinéaste Hallain Paluku, le documentaire reste très évocateur : « Le film nous replonge un peu à l’époque où nous avons décroché nos diplômes. C’était tellement bien tourné qu’à la fin, j’ai eu l’impression que je venais de regarder une fiction et non un documentaire. L’émotion n’a pas manqué, nous avons ri. Nous avons carrément fait le tour du spectre des émotions. » Et le commentaire, et non des moindres, de l’attaché audiovisuel régional Afrique centrale de l’ambassade de France nous en apprend plus sur les coulisses de la réalisation : « La force de Dieudo, c’est de pouvoir donner confiance aux gens qu’il va interviewer directement avec la caméra sur son épaule ou à la main. Et il parvient à se fondre dans le décor de sorte que les gens trouvent sa présence naturelle. C’est pour cela que la force extraordinaire d’Examen d’État est qu’il est en même temps avec les élèves et les professeurs. Il est même avec le proviseur du lycée, il a rencontré le gouverneur, il a vu la ministre de l’Éducation, et tout le monde l’a laissé filmer normalement parce qu’il a préparé un travail de cinéaste, de repérage très long. Tout le monde était d’accord, il a reçu les autorisations pour le faire. À aucun moment, il n’a utilisé une caméra cachée pour espionner ou essayer de surprendre des choses bizarres. » Nioni Masela Légendes et crédits photo :Photo : « Examen d’État », tête d’affiche du Festival Vision documentaire. (© DR) |