Ndura : libre expression à l’artisanat et au design de mode textileSamedi 12 Juillet 2014 - 15:00 Coup de projecteur sur la collection des tissus « Signature » et la ligne de vêtement « Protos », la nouvelle exposition que l’Institut français de Kinshasa (IF) abrite depuis le 11 juillet porte l’empreinte du designer Meni Mbugha. Enseignant à l’Institut supérieur des arts et métiers (Isam), le jeune designer diplômé en design textile s’est imposé un intéressant recours aux sources dont il a tiré une brillante inspiration. En effet, le label Vivvya dont lui est reconnu la création est une habile œuvre inspirée des motifs traditionnels d’usage chez les Bambuti, peuples autochtones de la Province Orientale. Peintres avérés, outre le fait qu’ils sont réputés excellents chanteurs et danseurs, c’est de manière authentique qu’ils expriment encore à ce jour leur vision du monde à l’aide d’une pratique ancienne consistant à cristalliser les colorants naturels sur des écorces d’arbres battues. Les motifs Bambuti à la base de l’inspiration du designer Meni Mbugha ont donné lieu à la création de sa collection de tissus baptisée « Signature » qui, de fil en aiguille, a donné le jour à la ligne de vêtements « Protos ». Ces initiatives locales sont inscrites dans le projet Ndura. Ce dernier vise non seulement à promouvoir le savoir-faire traditionnel d’où il a germé et, par-delà, à le pérenniser. Un procédé censé « favoriser la création d’une activité génératrice de revenus pour les Bambuti ». Une bien louable entreprise à l’égard de ces peuplades dont la situation socioéconomique, fait savoir Meni Mbugha, « reste préoccupante ». Ce regard altruiste posé à l’endroit de ce peuple autochtone est d’autant plus appréciable que l’art dont il est détenteur est sujette à disparaître si l’on n'y prend pas garde. Pire des hypothèses qui n’est pas à exclure s’il faut considérer que ces pygmées vivant dans le district de l’Ituri, plus précisément à Epulu, cœur de la désormais célèbre réserve d’Okapi, subissent une assimilation pour échapper quelques fois à des conditions précaires au risque de perdre leurs valeurs intrinsèques. Et le déclin du tourisme dans cette partie du pays à l’écosystème pourtant riche y ajoute sa part de misère. Au travers de l’exposition Ndura, les visiteurs ont une idée plus précise du projet qui le porte. En effet, la visite de la salle d’exposition est instructive quitte à y découvrir l’effort fourni pour mettre à nu le lien indéniable entretenu par la culture, l’écologie et le développement par le biais du design textile. Une preuve qu’il est bien possible de produire des biens éthiques et écologiques en République démocratique du Congo de manière soignée et attrayante pour tous. Aussi l’IF invite-t-il les amateurs de mode à ne pas hésiter à s’offrir un passage à la Halle de la Gombe car l’exposition d’entrée libre reste ouverte jusqu’au 31 juillet. Nioni Masela Légendes et crédits photo :L’affiche de l’exposition d’artisanat et design de mode textile Ndura |