Pointe-Noire : le quartier Mpaka présente sa diversité culturelle et l’ingéniosité de ses artisans à l’Institut français du Congo

Lundi 7 Juillet 2014 - 17:00

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À la faveur du projet Pas de quartier pour la culture, le quartier Mpaka, dans le 6e arrondissement Ngoyo, a présenté les 4 et 5 juillet une kyrielle d’artistes et artisans

Le projet Pas de quartier pour la culture a été initié par l’Institut français du Congo à Pointe-Noire, dans le but de faire éclore les artistes et artisans peu ou pas du tout connus évoluant dans les différents quartiers de la ville afin d'être mis en valeur par le biais d’une exposition ou d’une projection video de leurs œuvres, devant un public connaisseur et exigeant, dont le but est de les amener à l’excellence. Après Loandjili, en début de semaine, Mpaka a présenté son potentiel artisanal et artistique avant que Mpila ne boucle la série de présentations, mercredi prochain. « Le projet Pas de quartier pour la culture a deux volets : d’abord mettre en lumière les artistes d’un quartier et puis impulser une véritable culture de terrain. Ces artistes parlent de leur quartier qui contribue à leur visibilité », a indiqué Franck Patillot, directeur de l’Institut français du Congo qui a suggéré aussi que ce projet rencontre l’assentiment des pouvoirs publics et des décideurs pour qu’il prospère ; en demandant notamment aux élus locaux, aux mairies et à tout autre décideur de participer à la réussite du projet, grâce à des apports divers pour développer la culture dans les différents quartiers qui en ont grandement besoin. Un appel bien reçu par Guillaume Tendart, conseiller socio culturel de l’administrateur maire du 6e arrondissement Ngoyo, qui a déclaré que la porte de la mairie était grande ouverte pour tout artiste et artisan de sa circonscription.

La coordination locale de Pas de quartier pour la culture à Mpaka a été pilotée par Charly Bigoundou Koumba, Joël Nkounkou et Prence Bazabana, un trio qui pendant près de trois mois a travaillé en étroite collaboration avec Marthe Dionnet, la coordinatrice du projet. Le travail de terrain a abouti à la détection d’artistes et artisans qui ont représenté dignement le quartier Mpaka. Pour Charly Bigoundou Koumba, il faut une véritable implication de tous pour booster la culture dans ce quartier qui a surtout besoin d’un espace pour l’expression des artistes. « Notre souhait est que l’on mette à la disposition des artistes un espace culturel approprié ou au besoin aménager celui existant qu’est le Cercle culturel pour enfants par exemple », a-t-il avancé.

Les activités ont été ouvertes avec la causerie-débat sur le thème « Être cinéaste au Congo » animée par Serge Samba, cinéaste, assisté de Nanitelamio, artiste musicien qui a écrit la musique de la série télévisée « Dibundu », réalisée et produite en grande partie sur fonds propres. Le cinéaste a énuméré les difficultés rencontrées lors de la réalisation du film, soutenu au début par un mécène de la place qui s'est désisté par la suite, ainsi que les nombreux écueils surmontés dus au manque de moyens tant matériels que financiers, bref un chemin parsemé d'embûches qui n'a nullement entamé ni la volonté, ni le moral du cinéste et des acteurs. Les conseils et suggestions du public ont été axés dans le but de corriger la copie afin de présenter un travail plus professionnel, notamment dans « Que ton nom soit nom » un film du même réalisateur en préparation.

Claude Miawa, le griot à la voix langoureuse, Christ Toungou, le chanteur, le slameur à la voix du silence, et l’humoriste Duce se sont ensuite succédé sur le podium. À la deuxième journée, le griot Flad Diamonika, le rappeur Black Malaria et le slameur et chanteur Linda Diericks se sont exprimés devant le public.

Un public qui, auparavant, a contemplé avec admiration les corbeilles, chaises et autres articles du vannier François Minzelé, et les œuvres picturales du vidéaste Carl Max qui a réalisé un court-métrage dénommé « Quartier Kifula ». Le peintre Kukia, de son côté, a présenté du dessin assisté par ordinateur en projetant une série d’images représentant ce style novateur qui allie technique et créativité. Rodrigues Blaise Kodia et ses objets prototypes en modèles réduits (véhicules, maisionnettes), ses créations d’une ingéniosité particulière faits à base d'objets de récupération, ont par ailleurs épaté le public.  

Pas de quartier pour la culture montre le génie, la créativité et l’habileté des artistes et artisans de Mpaka, qui ont brillé au cours de ces deux jours par la diversité et la multiplicité de leurs œuvres. L’un des représentants de cette jeune classe d’artisans talentueux, est Elisée Gacharel Kiatihou, le coiffeur. Citons aussi les artistes regroupés au sein de l’APIM (Atelier de peinture impression moderne) qui ont présenté une peinture murale alliant réalisme et cubisme. Celle-ci embellit désormais une partie du mur extérieur de l’Institut français.

Le clou de cette journée aura été sans conteste le défilé de mode du styliste Nestha qui a présenté une collection vestimentaire originale hommes et femmes, haut de gamme, que Mbuta Muntu Fallya et les autres mannequins ont arboré lors du défilé de mode commenté avec maestria par le styliste. À la fois mannequin, chanteur et sapeur, Mbuta Muntu Fallya a ébloui le public non seulement par son style très fashion mais aussi par son talent de chanteur que le public découvrira dans les jours à venir lors de la présentation de son album.

Enfin, une exposition de photographies d’Ange Kyna et Henri Ngoma sur le quartier Mpaka, a occupé les murs de la galerie de l’Institut français. Du pont de Patra, lieu de retrouvailles de tous pour une dégustation, à une villégiature ou une évasion au sourire permanent des habitants, trait caractéristique d’un quartier où la bonne humeur se conjugue toujours au présent : ces clichés et bien d’autres sur la multi culturalité de Mpaka sont la marque identitaire d’un quartier populeux et immense par sa superficie puisque partagé entre les arrondissements 3 Tié Tié et 6 Ngoyo.

Hervé Brice Mampouya

Légendes et crédits photo : 

Photo 1 : Quelques créations de Rodrigues Kodia. Photo 2 : Le cinéaste Serge Samba et le musicien Nanitelamio. Crédit photos "Adiac"