Littérature : « Sensible - Sans Cible », un recueil de poèmes plein d’ambivalenceJeudi 1 Août 2013 - 9:30 Ce premier ouvrage d’Élinga-Bato, paru aux éditions Ices dans la collection « poètes francophones », est un véritable cri du cœur, un péril que l’auteur cible en transcendant les codes d’une création imagée, le signe. Ces signaux libres qui engendrent d’une manière irrépressible toutes tensions et intentions poétiques, tel que l’auteur l’exprime à travers certains textes Sensible - Sans cible fait penser à un jeu de mots, mais pas anodin. L’auteur Élinga-Bato, qui hérita de ce nom de son grand-père, emmène les lecteurs dans une poésie sensible à toutes les questions. Car, il n’y a pas un thème bien précis traité dans ce recueil, mais bien plusieurs thèmes. Voilà pourquoi cet ouvrage est une sensibilité qui n’a pas de cible. « La poésie, c’est d’abord une sensibilité intérieure. C’est ce que l’on reçoit en soi. C’est quelque chose qui arrive sans qu’on l’attende. Comme cela, vous avez un mot, deux mots, trois mots, une phrase, deux phrases et au finish, un vers, un poème. La poésie est donc un cri d’alarme, un cri du cœur », déclare-t-il. Très ambivalent dans ses textes, Élinga- Bato pense que cela relève même de la vie qui, elle-même, est contradictoire. La vie est belle, pense-t-il, mais pas belle en même temps, parce qu’une fois que l’homme est né, lui qui devrait être heureux de vivre se rend compte qu’il doit par la suite mourir et abandonner cette vie. C’est là le contraste de la vie. C’est ce qui explique l’ambivalence de ses textes. Par exemple, il titre Vie de grenades à la page 18, et Fraternité des guerres à la page 19. Ces textes, écrits dans la décennie 1990- 2000, relatent ce que le continent africain a connu de crises sociopolitiques. Il y a eu des grenades par-ci, par-là, mais en même temps les hommes sont restés frères en dépit de cette période trouble. Au Congo, par exemple, les Congolais se déplacent du Nord au Sud sans inquiétude, alors qu’il y a quelques années cela n’était pas pensable. Autre paradoxe, le titre La Beauté du sida. C’est étrange, comment le sida peut-il être beau ? Pour Élinga-Bato, le sida est beau parce que les hommes voient la beauté des femmes qui déambulent et les femmes voient la beauté des hommes en costumes. Le sida est beau parce qu’il est malin. Il est malin parce qu’il se cache dans la beauté des êtres. C’est pour cela que l’auteur sublime ce fléau, tout en lançant un appel à tous de faire extrêmement attention. Car une belle fille peut être malade. C’est pourquoi ce titre est assez emblématique. Élinga-Bato a réfléchi également sur la situation de l’Afrique. À la page 13, il titre Sommeil d’Afrique. Pour lui, l’Afrique, si riche, est pauvre. Comment peut-on comprendre qu’un continent sur lequel le monde entier à les yeux braqués croupisse dans la misère ? L’auteur rend également hommage à ses parents aux pages 10 et 11, avec des textes comme Maternelle et Paternelle. Car, chacun naissant d’un père et d’une mère, il a voulu sublimer le travail que les parents font pour leurs enfants. Mais l’un des plus longs textes de son ouvrage, Rituel de la main, à la page 40. Dans ce texte, Élinga- Bato décrit la poésie comme un rêve. Car on ne peut que rêver de ce que l’on vit, des réussites, des déceptions, des us et coutumes. Ce texte certes est le plus long de l’ouvrage, mais il se résume en quelques mots. Parce que la main, c’est elle qui donne, qui fait mal. On frappe avec la main, on appelle avec sa main, on cajole avec sa main. Il y a enfin des textes qui relèvent du sentimental, comme Comme tu pars à la page 44 ou Dors, petite fille, dors à la page 49, dans lequel l’auteur sublime ses petites amours sentimentales, et exprime en même temps ses mélancolies. De nationalité congolaise, Élinga- Bato, de son vrai nom Aimé Ferréol Koko, est journaliste. Il est auteur d’une série de poèmes parus dans l’Almanach n° 8 à Rostov-sur-Le Don en Russie, avant de publier Sensible - Sans Cible, une sélection de textes écrits depuis le lycée jusqu’aux années 2000. Ce présent ouvrage est vendu à 7 euros. Bruno Okokana Légendes et crédits photo :Élinga- Bato, son œuvre en main. (© DR) |