Quelle est l’histoire de cette reprise de One day d’Asaf Avidan en lingala ?
À la base, c’est une improvisation que j’avais jouée chez un ami dans la période où l’on entendait beaucoup parler du conflit israélo-palestinien. J’ai joué One day d’Asaf Avidan dont je ne maîtrisais que le couplet et j’ai eu envie d’improviser quelque chose pour l’Afrique et le Congo. Cet ami me filmait et a posté la vidéo sur Youtube. Un copain du quartier qui avait vu la vidéo m’a obligé à réécrire les paroles et à réapprendre la chanson. C’est lui qui m’a conseillé d’interpréter cette chanson à The Voice car il pressentait qu’elle allait m’emmener loin.
Les réactions sur les réseaux sociaux ont été assez incroyables chez les Congolais. Quels retours avez-vous eu autour de vous ?
Je ne m’y attendais pas du tout ! En général les Congolais sont plutôt sceptiques. J’ai reçu beaucoup d’encouragements sur les réseaux sociaux. J’ai été surpris des retours : des gens m’ont témoigné que je leur ai donné de la force, y compris des jeunes qui voudraient chanter également et qui ne croyaient pas en eux. Cela fait plaisir et peur en même temps. Comme on dit chez moi : « ça fait un buzz de ouf ! » (rires). Certains m’ont demandé si j’étais de Brazzaville ou de Kin. Je leur réponds que je suis Congolais et que je ne fais pas de différence entre les deux pays.
Comment est née votre vocation musicale ?
Un de mes oncles avait toujours rêvé de jouer de la guitare. Il en a finalement acheté une, dans un magasin situé non loin de chez moi qu’il a laissé à mon domicile, j’ai commencé à y gratter mes premières notes. J’ai débuté en jouant du Bob Marley en autodidacte. Ma vocation musicale m’est venue après le décès de mon père il y a quatre ans. J’ai découvert qu’il était musicien au pays dans un groupe appelé les Zakala qui officiait à Moukondo. Je me suis offert ma première guitare, pour me rapprocher de lui.
Quels musiciens vous ont influencé ou ont nourri votre univers musical ?
Au début j’ai eu dans les oreilles du Bob Marley ou de la musique congolaise. Keziah Jones, Tracy Chapman, Koffi Olomidé, Lokua Kanza sont des gens qui m’ont inspiré. En écoutant leur musique, je trouve facilement l’inspiration pour écrire. Mais j’essaie d’être éclectique, j’écoute même du Métal ou du Flamenco !
Comment passe-t’on de jouer pour soi, pour s’inscrire dans une histoire familiale, à participer dans The Voice ?
Au début, je jouais pour moi dans une démarche très personnelle. Des amis me sollicitaient de temps en temps pour leur jouer un morceau. Ils ont apprécié mon talent et m’ont encouragé. En avril 2010, lors d’une formation de BAFA, j’ai fait la connaissance d’un ami engagé dans association produisant des jeunes talents dénommée « Boîte à zicards ». Il m’a proposé de me produire à l’occasion de la Fête de la musique dans un petit bistrot. C’est là que j’ai fait ma première scène. L’expérience s’est avérée catastrophique pour moi : avec le trac j’oubliais des paroles, des notes … mais ma prestation lui avait néanmoins plu. Ce souvenir au lieu de me stopper m’a, au contraire, motivé pour redoubler d’efforts et travailler pour m’améliorer. Je me suis produit dans des bars, puis sur des scènes plus importantes pour des associations telle qu’Handicap international, afin d’acquérir plus d’expérience. Puis je me suis engagé dans l’armée.
Pourquoi l’armée pour un passionné de musique ?
En 1995 au pays, ma famille et moi avions dû fuir la capitale. À notre retour les gens du quartier nous ont raconté que des militaires avaient pillé notre maison et nos biens. L’enfant que j’étais s’est alors dit que j’allais m’engager dans l’armée une fois grand pour savoir réellement ce que c’est d’être militaire. En France, j’ai eu l’opportunité de m’engager dans l’armée de terre. J’aime me surpasser, ce que j’ai retrouvé dans l’armée. J’y ai apprécié la cohésion avec les autres, la camaraderie, le sens de l’effort, d’aller au bout de soi-même...C’était une très bonne expérience de vie mais la musique a repris le dessus. Après l’armée je suis venu à Paris pour percer dans la musique, j’ai alors tout quitté.
Est-ce que ces valeurs d’efforts vous aident dans votre parcours à The Voice qui est un concours ?
Dans l’aventure The Voice, il y a une forme de compétition sans en être. Il faut se surpasser, se donner à fond et montrer ce que l’on est capable de faire.