Vers un renouveau culturel et artistique

Mardi 3 Janvier 2017 - 15:15

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L’activité culturelle en 2016 a été plus au moins mouvementé avec un chapelet de promesses faites à plusieurs structures sous tutelle par le ministre de la Culture et des Arts, Léonidas Carel Mottom Mamoni. Retour sur les temps forts de cette année.

Nommé à ce poste, le 30 avril 2016, en remplacement de Bienvenu Okiemy, Léonidas Carel Mottom Mamoni, le ministre de la Culture et des Arts, a débuté ses fonctions avec autant de dynamisme. La preuve, le jour même de sa passation de pouvoir avec le ministre Bienvenu Okiemy, le 12 mai 2016, Léonidas Carel Mottom Mamoni n’a pas attendu le lendemain pour être opérationnel. À peine qu’il a laissé son prédécesseur au perron du ministère, le nouveau ministre de la Culture et des Arts, a débuté toute de suite par des descentes, en visitant trois espaces : le marché d’arts du Plateau centre-ville, le Cercle culturel Sony Labou Tansi, la direction de la Maac et l’École de peinture de Poto-Poto. Une manière pour lui de montrer son déterminisme à vouloir coûte que coûte booster son département ministériel. Il promet en même temps de travailler avec tous les acteurs culturels.

Les maux qui minent les artistes congolais

Les semaines qui suivent son arrivée à la tête du département de la Culture et des Arts, Léonidas Carel Mottom Mamoni a rencontré divers acteurs culturels pour prendre le pouls, les écouter et évaluer les besoins de la communauté culturelle. Il en est ressorti de ces rencontres que le secteur culturel n’est pas structuré.

En effet,  les opérateurs culturels congolais ne disposent pas d’un statut. Beaucoup de structures sous tutelle ne disposent pas aussi de statut juridique. Les artistes ne reçoivent pas d’aide de la part de l’État. Au regard de ce constat amer, le ministre de la Culture et des Arts, a promis de redonner confiance et enthousiasme à ces acteurs délaissés depuis tant d’années et d'inventer avec eux l’avenir de la vie artistique et culturelle du Congo dans un monde en pleine mutation.

Pour ce faire, le ministre de la Culture et des Arts centre ses activités sur trois points, à savoir la diplomatie culturelle ; le développement des activités culturelles et la vie culturelle. Il se fixe également pour objectifs de créer deux ou trois incubateurs, qui sont des structures opérationnelles, conformément au programme de société du chef de l’État, La Marche vers le développement qui veut faire du secteur culturel un de ces incubateurs. Car ce secteur regorge plus de jeunes. Dès lors, ce secteur devient un vecteur de créations d’emplois directs et indirects.

La musique au rendez-vous

L’un des temps forts de l’activité culturelle en 2016 a été la musique avec la célébration réussie de la trente-quatrième édition de la fête internationale de la musique, le 21 juin dernier. La musique c’est la vie en ce qu’elle accompagne les humains de la naissance à la mort.  Toute musique, depuis des temps immémoriaux, a toujours été porteuse d’un message. C’est dans ce contexte que le gouvernement de la République a aménagé un boulevard musical et artistique entre les ronds-points Moungali dans le quatrième arrondissement et Poto-Poto dans le troisième arrondissement de Brazzaville. Ces deux extrémités ont constitué les deux grandes scènes sur lesquelles des centaines d’artistes virtuoses et jeunes talents ont laissé jaillir le génie qui est en eux, devant plus de 10.000 spectateurs. Même chose à l’Institut français du Congo (IFC) où plusieurs artistes et groupes se sont produits sur quatre scènes. Tout comme à l’Hôtel de la préfecture où le groupe Pella Yombo a organisé un méga concert, ayant mis sur le podium une pléiade d’artistes musiciens. Le Radisson Blu Mbamou Palace hôtel Brazzaville n’était pas resté en marge de cette fête musicale. Il a organisé une production musicale avec le Trio Zadig.

Cet évènement musical a connu la présence d’autres sphères artistiques. C’est ainsi qu’on pouvait remarquer la présence des comédiens congolais comme Riri-Clo, Zedem et feu Bienvenu Sidobé Mépépé avec son Rire au pluriel, qui ont accompagné les artistes musiciens lors de cet événement pour la première fois que cette fête est organisée à Brazzaville depuis presqu’une trentaine d’années. Les sapeurs y étaient aussi avec à la tête le président du bureau exécutif de l’Union des associations des sapeurs du Congo, Isidore Ciriac Hamed Yala.

Le Congo a une tradition musicale bien riche, le Fespam

C’est à juste titre que Brazzaville, la capitale du Congo, ville créative de l’Unesco, abrite l’un des plus importants rendez-vous en matière de musique sur le continent : le Festival panafricain de musique (Fespam).

Pour cette onzième édition, le ministre congolais de la Culture et des Arts, président du comité de direction du Fespam, Léonidas Carel Mottom Mamoni, ainsi que celui des Affaires étrangères et de la Coopération, Jean Claude Gakosso, se sont déployés auprès de l’Union africaine (UA) afin de redorer le blason terni du Fespam et en faire un évènement incontournable et compétitif sur le plan international. Engagés à remettre l’aspect panafricain de l’évènement, ils ont pensé ouvrir des postes importants aux pays membres de l’UA qui déjà s’est engagée à participer activement à son organisation. Et parmi ces postes, il y a par exemple le poste du directeur artistique qui pourra revenir à l'expert d’un pays membre. Ce qui pourra apporter une autre manière de faire dans les choix des artistes. Autre innovation, les artistes congolais auront une place de choix. Les jeunes groupes seront mis en exergue afin de leur donner une visibilité.

L’UA a décidé d’être dorénavant présente dans toutes les activités du Fespam en amont comme en aval. C’est une grande première pour ce festival. Cet apport se traduira par l’engagement d’encourager toutes les diasporas africaines à participer à ce projet. L’UA prendra aussi en charge les prestations de quelques experts qui animeront les colloques ou la formation dans les métiers de la musique ou de la gestion des structures culturelles. La participation de l’UA tant au plan financier que de l’expertise fait partie de ses engagements.

Le Fespam sera vécu réellement comme un évènement national et international. Certains groupes des départements feront leur entrée dans la programmation. Des podiums seront placés dans tous les arrondissements de Brazzaville afin de démocratiser la culture et donner accès aux quartiers périphériques souvent loin des zones où se déroulent les activités. Pendant longtemps, le Congo s’était retrouvé quasiment seul à financer et à gérer l’évènement. Désormais l’UA va participer tant financièrement que techniquement.

Des ambitions louables

Lors des différentes rencontres entre le ministre de la Culture et des Arts et le monde artistique et culturel congolais, ce dernier a étalé tout un chapelet de promesses. Celles-ci apporteront du fruit à ce secteur si seulement elles pouvaient s’accomplir. Il s’agit, entre autres, du soutien à la musique traditionnelle en recensant les groupes folkloriques de tous les départements afin de les accompagner. Le but étant de développer le folklore à l’échelle nationale, soutien au festival international du rire TuSéo, organisé par sa directrice, Lauryathe Céphyse Bikouta. Lors de la tenue de sa neuvième édition qui a réunie à Brazzaville, du 27 au 29 octobre 2016 à l’IFC, près d’une cinquantaine des comédiens professionnels venus de divers horizons, le ministre de la Culture et des Arts, leur a fait cette promesse. «Nous soutiendrons la dixième édition de ce festival et trouverons une petite fenêtre pour l’intégrer dans l’organisation du Fespam l’année prochaine », a déclaré le ministre de la Culture et des Arts. La création d’un Centre national de cinéma, un organe qui sera chargé de la gestion de tout ce qui concerne le cinéma et les images animées, par la subvention de la politique culturelle. Grâce aux subventions accordées, les entreprises culturelles pourront engager des jeunes artistes, créer des fonds d’aide à la création et la diffusion artistique. Que ce soit le spectacle vivant, les arts plastiques ou la photographie, des subventions seront accordées selon le processus que le ministère définira aux structures en règle avec les nouvelles dispositions juridiques concernant le secteur culturel ; la création d’un fonds d’aide à l’édition qui nous permettra de venir en aide tant soit peu aux auteurs congolais.

Manque de soutien pour l’école de peinture de Poto-Poto

La célèbre école de peinture de Poto-Poto, placée en plein centre de Brazzaville, a célébré en  2016, précisément au mois de décembre, ses 65 ans d’existence. Mais hélas ! Les peintres de Poto-Poto n’ont pu commémorer l’évènement en temps réel par manque des moyens financiers. Quoique des appels aient été lancés çà et là, aucune institution, aucune entreprise tant publique que privée ne s’est engagée à apporter une contribution à cette école pour la célébration de ses 65 ans. N’ayant pas baissé les bras, les peintres de Poto-Poto ont promis de se battre afin de célébrer cet anniversaire en différé, courant le premier trimestre 2017. Que ceux qui peuvent apporter leur soutien à cette école le fasse en ce début d’année 2017.

Une moisson littéraire abondante pour l’année 2016

L’année 2016 sur le plan littéraire a connu une moisson abondante. Plusieurs ouvrages ont été publiés et présentés au public, des tribunes littéraires y ont été organisées.  

Les ouvrages suivants ont été publiés et présentés au public : « Pouvoir, Tradition, Modernité - L’école de Denis Sassou N’Guesso » d’Émile Gankama, dans lequel l’auteur assemble les faits, décrit les parcours qui révèlent, sans prétendre tout savoir sur l’homme qui préside aux destinées du Congo depuis trois décennies et qui vient de rempiler pour les cinq prochaines années ; « Ma passion pour Sainte Anne » de Georges Mabona le véritable témoin de l’histoire de ce monument, qui raconte l’histoire de la construction de la basilique Sainte-Anne et exprime son amour pour cet édifice qu’il a vu construire depuis son jeune âge ; « Lettre à la république – l’heure est grave », de Davis Valentin Sianard, qui invite à travers ce livre les gouvernants et les gouvernés à méditer sur les propositions de réformes institutionnelles qu’il soumet ; « Des destins déchirés par l’amour », de Crépin Gandou d’Isseret qui relate l’histoire de Max et Stéphie ; « Le processus d’industrialisation du Congo au cœur de deux ouvrages », de Jean-Valère Mbani qui propose une méthode susceptible de permettre l’industrialisation du Congo de manière rapide et maîtrisée ; « Mettre en place une carte industrielle du Congo, en passant par des choix d’investissement prioritaires », du même auteur ; « Le phénomène des opérateurs économiques au Congo » de Dieu Martin Dzambi, dans lequel il dénonce surtout le mode d’emploi des entrepreneurs et commerçants étrangers ou locaux en vue d’obtenir des marchés publics ; « L’or des femmes » de Mambou Aimée Gnali, une révolte, un plaidoyer en faveur des femmes marginalisées, les jeunes femmes et les femmes enchainées par la tradition, notamment le Tchikumbi. Un rite Vili; « Le ras-bol d’une immigrée »,  de Safi Chantal B, qui relate la vie d’immigrée qu’elle a endurée pendant dix ans en Europe ; « Le Congo : enjeux d’une gouvernance démocratique » de Crépin Gyscard Gandou D'Isseret, qui traite de la gouvernance démocratique et la réforme du régime des partis politiques au Congo ; « Comptabilisation et audit des coûts pétroliers dans une société non opératrice… » de Brice Etou-Obami, qui aborde des aspects liés au contrat de partage de production (CPP). L'ouvrage souligne que la comptabilisation et l’audit des coûts pétroliers dans une société non opératrice font appel à une bonne maîtrise de l’amont pétrolier ; « L’autorégulation des médias au Congo-Brazzaville » de Benjamin Ngoma qui passe en revue le processus de mise en place des mécanismes d’autorégulation au Congo-Brazzaville ; « Meurtre au château du bois », un roman de Patrice Biabé, qui raconte une histoire d’amour, au départ morale et qui devient par la suite immorale ; « La Noisette de la cité insipide », Florent Sogni Zaou relate  l’histoire d’une jeune femme, Denise Bilongo, venue de Mpoutouville (l’Europe) pour rendre visite à ses parents. Elle est victime du vol de ses papiers d’identité et de voyage dès qu’elle sort de l’aérogare. Son père Tolola Mpangou qui se donne pour mission de l’aider à les retrouver meurt des suites d’une poussée hypertensive.

Bien d’autres ouvrages ont été publiés mais pas présentés. Il s’agit d« Alban », écrit par Berthrand Nguyen Matoko, qui relate une histoire qui dénonce les violences conjugales et l’inceste ; « Naitre, Vivre et Mourir en pays Kongo » de Gaston M’Bemba-Ndoumba qui invite le lecteur dans un voyage au cœur de l’imaginaire Kongo, où la personne humaine ne meurt jamais, mais plutôt quitte la vie terrestre pour renaître dans le monde des ancêtres ; « Escale à Brazzaville » du même auteur, dans lequel il parle d’un choc culturel ressenti par une jeune fille partie à la recherche de son père dans l’ancienne capitale de la France libre et de l’Afrique équatoriale française sur la rive droite du Fleuve Congo ; « Croissance sans emplois en Afrique » de Sylvestre Ossiala et Angélique Ngoma qui parlent d’une vérité troublante dans les économies africaines qui ne disposent que de quatre fonctions ; « Les terres de vouka », de Donatien Moukassa qui soulève le problème du dualisme entre modernité et tradition ; « Les hommes et le symbolisme des plantes en Afrique centrale » de Jérôme Ollandet, qui a poussé ses fouilles plus loin en découvrant les vertus guérissantes de certains arbres et herbes ; « Les méthodes coloniales au Congo Brazzaville de 1886 à 1958 » d'André Engambé qui analyse le lien séculaire qui ont existé entre les peuples africains colonisés et l’occident tutélaire.

Bruno Okokana et Rosalie Bindika

Légendes et crédits photo : 

Photo 1: Le ministre de la Culture et des Arts lance la fête internationale de la musique à Brazzaville Photo 2: Les écrivains congolais en face du ministre de la Culture et des Arts Photo 3: Le livre d’Émile Gankama

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