Unesco-certodola : élaboration d’un référentiel éducatif en faveur des migrantsMardi 25 Avril 2017 - 19:00 L’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco) et le Centre international de recherche et de la documentation pour les traditions et les langues africaines (Cerdotola) ont conjointement organisé une réunion technique de réflexion et d’échanges, le 24 avril à Brazzaville sur le thème « multiculturalisme et migration : une nécessité pour le développement des compétences interculturelles », destiné à l’éducation. Cette réunion porte sur l’élaboration d’un référentiel à l’usage des enseignants, du personnel de l’éducation et des étudiants visant à promouvoir le respect de la diversité culturelle des droits humains et la dignité humaine en faveur des peuples migrants à travers la mise en valeur de leurs savoir et savoir-faire. Plusieurs experts venus des différents ministères, institutions gouvernementales et société civile se sont échangés sur différents thèmes à savoir : les concepts de base liés à la diversité culturelle ; mondialisation et rapprochement des cultures ; histoire de la migration en République du Congo et situation actuelle ; les différentes formes d’expressions culturelles congolaises ; quelques formes d’expressions culturelles des migrants présents en République du Congo et leur impact sur le développement socio-cultuel congolais ; migration et nécessité de développement des compétences interculturelles ; quelques facteurs hostiles au dialogue interculturel et les acteurs clés sur le plan éducatif, religieux et social. Ces échanges vont déboucher sur l’élaboration d’un référentiel sur les interactions de bonnes pratiques socio-culturelles des migrants et des populations locales en Afrique centrale. Après l’élaboration de ce document, celui-ci sera suivi d’une phase expérimentale avant d’être soumis aux autorités nationales pour validation. Il sera ensuite mis sur la plateforme de formation des enseignants, c’est un document de formation et d’autoformation. Prenant la parole, Florent Kiyoulou, expert en culture, a fait une réflexion sur la mondialisation et le rapprochement des cultures. Selon lui, la mondialisation a engendré la migration internationale, c’est un phénomène qui date des décennies. L’expert a également parlé des demandeurs d’asile. Pour lui, ce phénomène a des répercussions au niveau des Etats d’où, assiste-t-on à la fermeture des frontières, au phénomène de la xénophobie. Florent Kiyoulou a aussi mis l’accent sur les langues comme facteur d’intégration du migrant dans le pays d’accueil. « Le migrant ne se déculture pas. En effet, tout migrant refugié ou chercheur d’emploi a toujours le souci de s’insérer du mieux qu’il peut. Pour ce faire, l’une des choses les plus fondamentales c’est d’apprendre la langue du pays d’accueil, or toute langue est un véhicule d’identité culturelle. Cela fait du migrant un personnage trans-nationale. Si les lois du pays lui permettent, il peut acquérir une double nationalité. La mondialisation apparait ainsi comme un phénomène multidimentionnel, économique, politique, social et culturel ». Pour sa part, Honoré Mobonda, historien, a retracé l’histoire de migration avant de définir les mots frontière, étranger, migration en différentes langues nationales du Congo. L’historien a fait référence à la colonisation qui a créé cette notion d’étranger qui permet de dénigrer l’autre. « Le migrant introduit un certain nombre des valeurs dans le pays d’accueil, il y joue un rôle important dans le développement, exerce des petits boulots, notamment, les pousse- pousseurs, cireurs de chaussures, commerçants, etc. La petite mondialisation que nous avions à l’échelle du Bassin du Congo nous a permis d’avoir les techniques de pêche. Nous avions eu le filet épervier qui nous est venu d’Afrique de l’ouest. Ce sont là les bienfaits de cette mondialisation ». La représentante de l’Unesco en République du Congo, Ana Elisa de Santa Afonso, souhaite que ce travail puisse arriver à son terme. Outre ce référentiel, il y a également un autre document sur l’égalité de genres en voie d’élaboration. Elle a par ailleurs salué la coopération entre les autorités congolaises, le Cerdotola et l’Unesco.
Rosalie Bindika Légendes et crédits photo :Photo : la représentante de l’Unesco et les experts en plein réunion Notification:Non |