Théâtre : Le Remaniement ouvre la nouvelle saison du CiajSamedi 8 Février 2014 - 13:00 La création en vogue de la Compagnie Théâtre des Intrigants, inspirée de la pièce du dramaturge Thierry Nlandu, est à l’affiche le 12 février à son siège au quartier 12 de la commune de N’Djili. La toute prochaine représentation est doublement significative pour les Intrigants. En plus de marquer la rentrée, mieux le lancement des activités de la nouvelle année au sein du Centre d’initiation artistique pour la jeunesse (Ciaj), elle veut commémorer les 29 ans d’existence de la compagnie de théâtre qui s’efforce à bien maintenir le cap sur la scène locale. Le Remaniement n’est pas une pièce inconnue pour les habitués du (Ciaj) qui lui avaient fait bon accueil lors de sa programmation initiale en octobre dernier. Le public qui assistait là à sa deuxième représentation, après la grande première tenue une semaine plus tôt au Centre Wallonie-Bruxelles (CWB), lui avait, du reste, réservé meilleur accueil que le précédent. L’assistance s’était visiblement montrée plus sensible à la plume acérée de l’auteur. Ce, d’autant plus que Thierry Nlandu avait lui-même assuré la mise en scène de la pièce. Et le jeu de rôle d’Édgar Kulumbi et Mfele Kabamba avait fait le reste. La création que les amateurs de théâtre ne devraient se lasser de suivre jouée en un tableau est riche en sentences et en satires. Ceux qui connaissent la plume de Thierry Nlandu s’y retrouveront et s’amuseront à entendre l’imagination et l’humour débridée servie à la louche. Les deux compères sur la scène savent s’y faire sur scène passant sans cesse d’un personnage à un autre, de ministre, à marabout, à la concubine, etc. Et de surcroît, les voir moqueurs face au miroir de leur propre travestissement rend encore plus hilarante leur joyeuse mascarade. Vérités distillées avec légèreté Le choix du dramaturge était, a-t-il expliqué aux Dépêches de Brazzaville lors de la première, « de faire ressortir comment une rumeur prend, emballe toute une Nation ». Rendu avec beaucoup légèreté, en toute subtilité, l’on voit alors toute l’énergie déployée à discourir, toutes les intrigues qui se créent autour de la rumeur. Il est amusant d’observer « une Nation où tout le monde s’agite » pratiquement dans le vide. Et c’est tout vrai, l’atmosphère ainsi dépeinte donne lieu à une scène que l’on sait familière pour l’avoir vécue. Ils ne sont pas bien gratuits ces échanges des acteurs dont le bénéfice est ressenti de manière particulière selon la sensibilité et l’expérience de chacun. Au travers de la légèreté apparente, l’auteur distille des vérités que les oreilles attentives ne manqueront pas de comprendre. Que l’un des comédiens, c’est le cas de le dire, nous dise presque d’entrée de jeu que « remaniement rime avec empressement chez nous », fait peut-être rire, mais cela n’en est pas moins vrai. Ou encore que « la radio trottoir est mieux informée que la radio officielle » peut paraître excessif à moins d’y regarder de près. Apprendre que « l’homme au pouvoir est comme le pécheur » mais que, « contrairement au pécheur qui doit attendre la saison sèche, le politique doit souvent assécher le pays », donne bien de la matière à cogiter. Et rire de bon cœur rien qu’à entendre la réponse à la question : « Quelle est la danse du pouvoir ? », n’empêche pas non plus de saisir la similitude établie de manière un peu désinvolte mais non sans un soupçon de sincérité. Bien habile, en effet, d’en arriver à conclure que la fameuse danse « c’est le mayebo accéléré ». Cette dernière trouve son avantage dans ce « mouvement qui te permet de faire l’exercice d’ouverture et de fermeture de la caisse de l’État ». Au fil du temps que la pièce se déroule sous les yeux, l’ouïe déjà aiguisée perçoit presque toute la subtilité du propos.
Nioni Masela Légendes et crédits photo : Un extrait de la pièce Le Remaniement |