Théâtre : Harvey Massamba pour la création d'une école au Congo

Samedi 19 Juillet 2014 - 0:15

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Le 11 juillet, à l’Institut français du Congo,  l’auteur et metteur en scène congolais Harvey Massamba a présenté Cantate de guerre, un texte de Larry Tremblay. Entretien

Les Dépêches de Brazzaville : comment avez-vous découvert le texte de Larry Tremblay ?
Harvey Massamba : C’est une pièce que j’ai découverte à Limoges, en France, lorsque je suis allé présenter un spectacle dans le cadre de la dramaturgie francophone en 2012. À la même occasion, Larry Tremblay était venu recevoir un prix en rapport avec cette pièce qu’il avait également présentée pour la circonstance. 

La psychanalyse est au centre de l’orientation de ce spectacle. Y a-t-il une raison particulière qui vous lie à ce thème ?
Je mets l’accent sur ce thème parce que je me rends compte qu’après tout ce que nous avons vécu comme guerres en Afrique, il n’y a aucun travail de suivi psychique qui se fait, que ce soit du côté des victimes ou des bourreaux. Cantate de guerre est donc une façon pour moi d’exorciser et de montrer à travers ces personnages le poids des actes de guerre sur le mental de ceux qui ont vécu et ceux qui ont fait vivre ces actions.

Quelle est la touche congolaise que vous avez apportée à cette œuvre québécoise ?
C’est l’orientation de la mise en scène qui est la touche particulière. Le texte ne se situe pas dans un contexte géographie précis, ce qui facilite sa mise en scène dans tous les continents. Larry a eu cette ingéniosité de ne pas situer ce manuscrit.

Les comédiens associés à cette pièce viennent-ils d’ailleurs ou sont-ils uniquement congolais ?
C’est une création internationale, avec des artistes qui viennent d'un peu partout. Les trois comédiens qui vont jouer sur scène sont congolais, le musicien est burkinabé, le créateur des images diffusées sur scène est français, le scénographe est camerounais. On a  également une stagiaire française…

La moustiquaire est l’élément dominant du décor de la salle. Pourquoi ce choix ?
La moustiquaire nous rapproche des toiles d’araignée, et les toiles, quant à elles, nous font état d’un décor vieux jeu. La guerre étant le thème de cette tragédie, ce décor a  pour but de plonger le public dans cet environnement.

Vous avez joué en France et dans bien d’autres pays… Le public congolais est-il aussi réceptif que celui d’autres cieux ?
Je ne peux dire oui, car je joue à Brazzaville souvent pour des professionnels du théâtre et des amoureux de l'art. Cela ne nous surprend pas, car, nous, les Congolais, n’avons pas cette culture de venir au théâtre. D’ailleurs, c’est en rapport avec cette absence de public que je travaille à la création d’une école de théâtre, et pour cela nous avons besoin du soutien de nos autorités.

Après Cantate de guerre, quels sont vos projets?
Après ce spectacle, j’irai à Pointe-Noire pour réaliser la mise en espace de la lecture d’un roman d'Huguette Nganga-Massanga. Je reviendrai ensuite à Brazzaville en août pour travailler avec des jeunes que j’encadre depuis fin 2011. Nous revisiterons cette année le théâtre classique français avec Les Fourberies de Scapin de Molière, et l’année prochaine nous irons vers le théâtre contemporain. Je me rendrai ensuite à Limoges pour jouer cette même pièce.

Durly-Émilia Gankama