Tchicaya U Tam’si : un poète injustement méconnu, défendu par Boniface Mongo-Mboussa

Samedi 26 Juillet 2014 - 0:15

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L’écrivain, universitaire et critique littéraire Boniface Mongo-Mboussa a publié en novembre 2013 un volume des œuvres complètes de la poésie de Tchicaya U Tam’si, vingt-six ans après sa mort. Il a récemment publié un essai sur la vie et l’œuvre de ce poète « maudit », d’après lui. Un second volume réunissant des nouvelles et romans de Tchicaya U Tam’si paraîtra en 2015

« Tchicaya U Tam’si est un poète immense injustement méconnu dans son Congo natal », regrette Boniface Mongo-Mboussa. « Toute sa vie, le poète a exprimé les angoisses, les souffrances et les peurs, les paysages de tout un pays », ajoute le critique littéraire, après lecture d’un extrait de À triche-cœur, l’un des poèmes de Tchicaya U Tam’si.

Boniface Mongo-Mboussa découvre la poésie de Tchicaya U Tam’si pendant son séjour d’études de lettres à Saint-Pétersbourg, en Russie. Son œuvre poétique traduite en langue russe a beaucoup ému le jeune étudiant. Leur solitude et mal-être communs furent le ciment de leur vie. Nous sommes à la fin des années 1980. « Sa poésie était empreinte d’une telle émotion qu’elle a tout de suite parlé au jeune étudiant que j’étais, tant il est vrai que je vivais les angoisses qui y étaient exprimées », raconte Mongo-Mboussa citant Épitomé, le recueil de poésie par lequel il a découvert Tchicaya U Tam’si. 

Qui est Tchicaya U Tam’si ? 

Gérald-Félix Tchicaya, à l’état civil, est né le 25 août 1931 à Mpili, au Congo-Brazzaville. Il prend en 1957 le pseudonyme de U Tam’si (petite feuille qui parle pour son pays). Dès l’adolescence, il rejoint la France où son père, Jean-Félix Tchicaya, est député du Moyen-Congo à l’Assemblée nationale française. Il quitte l’école, au grand dam de son père qui le prédestine à une fonction prestigieuse, et exerce différents métiers allant de portier à manutentionnaire en passant par laborantin et même garçon de ferme. 

À 24 ans, il publie son premier recueil de poésie, Mauvais Sang. Suivent d’autres textes poétiques comme Épitomé, Le Ventre. Sa poésie est distante du contexte politique de la négritude incarnée par les poètes Senghor et Césaire. Tchicaya U Tam’si s’est également ouvert à d’autres genres littéraires comme le roman, la nouvelle et le théâtre. Il décède en 1988 dans l’Oise, en France.

Le Congo est muet…

Tchicaya U Tam’si est vénéré ailleurs que chez lui, au Congo. Le Grand Prix Tchicaya U Tam’si, créé par Mohammed Benaïssa, ancien ministre marocain de la Culture et actuel maire d’Assila (Maroc), doté de 10 000 dollars vient d’être décerné à un Ivoirien, et la secrétaire générale du prix est une Sénégalaise. Le Congo, quant à lui, est muet, à part l’unique association Tchicaya U Tam’si présidée par le metteur en scène de théâtre Antoine Yirrika. Et Boniface Mongo-Mboussa d’ajouter : « Si le Congo se souciait davantage de culture, on aurait saisi l’opportunité de la publication des œuvres complètes de Tchicaya U Tam’si pour l’honorer à travers des colloques et des expositions… vingt-six ans après sa mort. »

Roll Mbemba

Légendes et crédits photo : 

Photo : Boniface Mongo-Mboussa, auteur, critique littéraire. (© DR)