Souvenirs : Miriam Makeba, la Mama Africa dans l’album « Pata-Pata »

Samedi 26 Juillet 2014 - 0:15

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Cette semaine, l’Afrique du Sud est encore à l’honneur avec un des tubes qui a fait vibrer l’Afrique et le monde entier, œuvre d’une « Mama » comme l’Afrique en a peu connues

Née Zenzile Makeba Qgwashi Nguvama, Miriam Makeba, la Sud-Africaine, a connu l’exil forcé à cause de son activisme pendant une très longue période de sa vie où l’apartheid était à son apogée. De combat en combat, c’est finalement en apportant son soutien à l’auteur de Gomorra, l’Italien Roberto Saviano, qu’elle décède à Castel Volturno près de Naples, en 2008 à l’âge de 76 ans. Une année triste pour tous les admirateurs de la célèbre chanteuse alors qu’elle avait officialisé quelques années plus tôt son départ à la retraite. Mais comment pouvait-elle totalement renoncer à se prononcer sur des causes aussi fortes que le racisme et la mafia ? 

Pata-Pata, sorti en 1967, est un morceau composé par elle-même, la Mama Africa. Toutefois, c'est vers la fin des années 1960 que le tube sera vraiment connu du grand public, pendant l'exil où elle a continué à vivre sa passion pour la musique. Ce succès sera repris quelques années plus tard par la chanteuse et griotte sénégalaise Coumba Gawlo avec beaucoup d'intensité dans l’interprétation de ce qui restera le tube fétiche exclusif de Miriam Makeba.

Dans les paroles de la chanson, Makeba fait allusion aux rythmes ou ritournelles que l’on intériorise dans la tendre enfance et qui refont surface à certains moments de la vie. C’est sûrement la nostalgie des instants passés dans le noyau familial que la chanteuse transmet à un moment de son existence où elle se sent seule, très loin de la chaleur de sa terre natale. C’est en de tels instants de blues que refrains et ritournelles, fredonnés tout haut – toujours selon la chanson -, vous emportent dans une spirale de nostalgiques mouvements, les « pata-pata ». Cela survient machinalement, par exemple dans l’exécution de tâches ménagères.

Miriam Makeba connaît une adolescence difficile. Elle gagne d’abord sa vie en lavant des taxis ou en gardant des enfants pour subvenir aux besoins de sa fille et surtout de sa mère qui mourra pendant que la Mama Africa ne sera plus près d’elle pour la veiller. Ce n’est qu’en 1990 que Miriam Makeba rentrera au bercail sur l'insistance de Nelson Mandela, alors homme libre. Elle revient d’un exil dont elle ne pourra constater que la longue durée. Tout comme son mentor Mandela, qui passera 27 ans en prison, elle restera la battante déchaînée contre l’apartheid et les injustices du monde, mais toujours en chantant !

Miriam Makeba, c’est aussi une vie comblée de reconnaissances et de distinctions. Elle est décorée du titre de commandeur des Arts et des Lettres par la France en 1985, puis est nommée ambassadrice de bonne volonté de la FAO en 1999. Par ailleurs, des institutions politiques, des associations culturelles, des personnalités de premier plan ont rendu hommage à Makeba de son vivant aux États-Unis, à Cuba, en Guinée-Conakry et même au Congo-Brazzaville, sous le président Marien Ngouabi. Mama, tu nous manques !

Luce-Jennyfer Mianzoukouta

Légendes et crédits photo : 

Photo 1 : La Mama Africa, toujours souriante. (© DR) ; Photo 2 : L'album « Pata-Pata ». (© DR)