Souvenirs : Johnny Clegg, alias le Zoulou blanc, dans « Asimbonanga »Samedi 12 Juillet 2014 - 1:00 C’est le tube de l’année 1987 qui a propulsé le groupe du chanteur, Savuka. Contenu dans l’album Third World Children (enfants du tiers-monde), le morceau est chanté en langue zoulou. Il est en partie dédié au plus célèbre prisonnier politique du monde du moment, Nelson Mandela
Grand succès de ces années-là, Asimbonanga s’est hissé dans l’actualité musicale de l’Afrique du Sud et a déferlé sur la scène du continent, puis du monde. Compréhensible : on était à l’époque de l’apartheid, période où Johnny Cleg, alias le Zoulou blanc, s’est distinctement rallié à des groupes multiraciaux. Ce n’est pas un détail : sous l’apartheid, ce genre de ralliement était illégal. Avec le groupe Juluka en 1976, la bande reprend des mélodies occidentales fusionnées à celles des musiques zouloues et d’ailleurs : résultat fulgurant, cinq de leurs disques deviendront des disques d’or. Puis vient la période Savuka, groupe avec lequel Johnny Cleg remportera ses plus gros succès, avec plus de deux millions de disques vendus. Asimbonanga, mais aussi des tubes comme Scatterlings of Africa, Rain Man, Shadow lui ouvriront la voie des tournées internationales, formant des duos avec Steve Winwood et George Michael au Canada. La grande surprise viendra plus tard, en 1988 en France, où il deviendra le plus gros vendeur de 45-tours. Johnny Clegg a remporté au cours de sa carrière plusieurs prix, dont le Billboard Music Award pour le meilleur album du monde en 1993. À ce chanteur, des artistes français ont dédié des chansons, Renaud ou Serge Gainsbourg étant de ceux-là. Né Jonathan Clegg, deux rencontres seront déterminantes dans sa carrière : celle avec Mntonganazo Mzila qui lui apprendra les rudiments de la musique zouloue, et l’autre avec Sipho McHunu bon guitariste de rue d’origine zouloue. Le Zoulou blanc s’associe avec lui pour former par la suite un duo dont on parlera encore longtemps. Et pour cause ! Il ne s’agit pas d’une association artistique opportuniste ; il s’agit d’un combat politique convaincu, qui se révèlera des plus efficaces. Johnny et Sipho c’est la symbiose de la langue, des techniques innovatrices pour jouer à la guitare. Mais c’est surtout la culture zouloue transposée sur toutes les scènes pour faire chanter l’antiapartheid même aux partisans du régime séparé des races dans l’Afrique du Sud d’il y a vingt ans. Luce-Jennyfer Mianzoukouta |