Salon du livre de Paris : une table ronde sur le Kiebe Kiebe

Lydie Pongault a présenté au public le Kiébé Kiébé qui est tout à la fois danse et compétition d’endurance dotée d’une richesse esthétique. Cette danse et ses rites ont servi de prétexte aux intervenants pour se pencher sur la question de la temporalité en Afrique.  Ce continent qui, ainsi que l’a relevé la modératrice du débat, a su garder son lien au sacré  face à une Europe confrontée au désenchantement du monde pour avoir oublié cette dimension anthropologique fondamentale.

Selon Jean-Luc Aka Evy l’Afrique vit à l’heure de la multi-temporalité, partagée entre la temporalité de l’Afrique séculaire qui vient des traditions et la temporalité post-moderne issue de la globalisation qui est effacement des repères. L’Afrique confrontée à une rupture avec les traditions et une coupure avec le système des sociétés secrètes vit une tension entre le temps des ancêtres et le temps de la modernité.

Pour Grégoire Lefouoba, les Africains peuvent faire une synthèse positive de ces deux modèles de pensée.  L’universitaire n’a pas manqué de lancer quelques « provocations » à l’adresse du public venu suivre le débat. Selon lui, si l’Europe est au 21^ème siècle le Congo en est encore au 14^ème siècle, entre le Moyen âge et le 18^ème siècle, l’âge des lumières. Le Congolais en serait resté à l’étape du pourquoi, face au questionnement du monde alors que l’Européen serait à celle du comment. En effet l’histoire se mesure par le travail et la façon dont l’homme a su transformer la nature. Or la pâte de l’Africain sur son environnement est encore embryonnaire pour Grégoire Lefouoba. Il pense que le Congolais ne fait pas confiance à la rationalité.  Mais, ajoute-t-il, les Européens commettent une autre erreur : celle de se penser universels et de vouloir que tout le monde pensent comme eux.

La conversation entre les trois conférenciers a été suivie d’un riche débat avec le public.