Romain Ndomba : « Nous avons fait ce film parce que nous aimons l’art »

Samedi 9 Avril 2016 - 17:00

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L’acteur plutôt très connu à Kinshasa campait le rôle de Toto, le plus malin des trois cousins qui font la tête d’affiche de Villa Matata. Dans l’interview exclusive accordée aux Dépêches de Brazzaville à la grande première de la comédie la soirée du 8 avril, il évoque sa participation au premier long métrage de Ronnie Kabwika. Un film 100% congolais comme il l’a souligné.

 

Les Dépêches de Brazzaville : Que ressentez-vous à être parmi les pionniers à participer à la réalisation des premiers longs métrages congolais ?

Romain Ndomba (Toto) dans un extrait de Villa MatataRomain Ndomba : Je suis très fier d’avoir été dans le projet d’un des premiers longs métrages 100% congolais parce qu’avec ce film nous prouvons au monde que les Congolais unis peuvent faire quelque chose et sont capables de beaucoup. Mais nous ne pouvons pas dormir sur nos lauriers en disant que nous pouvons. Maintenant, il faudrait que ceux qui peuvent mettre les moyens en jeu aient la possibilité de le faire pour que d’autres bonnes initiatives continuent à se réaliser. C’est cela que je pense après la projection de ce long métrage devant un grand public comme celui que nous avons eu ce soir.

LDB : C’est les mêmes personnes qui apparaissent dans tous les films produits. Est-ce qu’ils sont les meilleurs acteurs sur le marché ou les plus intéressés à faire avancer le cinéma local ? Pourquoi Romain Ndomba est si souvent sollicité, est-ce à cause de sa disponibilité ?

R N : Pour certains films, je dis que c’est ma contribution. En fait, je participe aussi à une forme d’éclosion de ce métier-là. D’ici dix ou vingt ans; lorsque l’on se mettra à écrire ou réécrire l’histoire du cinéma congolais, j’espère que nous y aurons une place. Mais après, il y a un autre aspect à considérer. Plus nous participons à des films, plus les mêmes visages reviennent, plus le public pourra se familiariser avec et plus nous aurons comme cela la possibilité d’avoir au moins des acteurs et des actrices sur qui l’on pourrait compter. Et nous pourrions de la sorte arriver à créer, entre guillemets, nos vedettes de cinéma. C’est ainsi que les réalisateurs doivent comprendre qu’en revenant avec les mêmes visages dans différents rôles, nous montrons combien nous sommes à mesure de faire plusieurs choses. Aussi, quand des cinéastes étrangers viendront chez nous avec des projets, ils ne pourront pas prétendre qu’au Congo il n’y a rien, c’est le vide total. Ils y trouveront techniciens, comédiens, auteurs et tout le reste. Nous aurons tous les corps de métier de disponible à proposer. Nous pourrons alors nous vendre comme il se doit. À ce jour, nous avons des difficultés à le faire parce que les gens ne pensent rien y trouver. Dans ce vide apparent, il y a tout de même des choses qui se font. Quand les gens se posent des questions sur l’existence du cinéma congolais, je dis toujours qu’il existe mais que les cinéastes avaient quitté le Congo. Mais à présent, c’est le mouvement inverse, ils sont en train de revenir. Et en revenant, ils trouvent en ceux qui sont restés ici cette envie de faire des choses. Par ailleurs, nous n’avons pas à nous laisser imposer une vision des choses par des cinéastes d’ailleurs alors que nous avons notre façon de voir les choses et de concevoir nos histoires. Et je crois que d’ici là nous pourrons concevoir le cinéma à notre manière.

LDB : Était-ce facile de vous accorder et de créer la symbiose de votre trio de fripouille ?

RN : Si nous ne nous connaissions pas cela aurait été un problème. Le bonheur c’est que nous nous connaissons tous, Malabar et Arsène, je les connais et nous connaissons le réalisateur. C’était donc facile de nous faire passer le mot pour convenir de ce qu’il fallait faire. Il n’y avait pas de difficulté à ce niveau-là. Elle s’était trouvée quand il fallait interpréter le scénario de telle ou telle autre manière, mais cohabiter, jouer ensemble, c’est ce qu’il y avait de plus facile à faire.

LDB : Vous saviez que le film allait se faire sans budget conséquent qu’il y aurait des difficultés en cours de tournage. Qu’est-ce qui vous a convaincu malgré tout à embarquer dans l’aventure ?

RN : Nous avons fait ce film parce que nous aimons l’art, plus précisément le cinéma. Sans amour, nous ne l’aurions pas fait parce qu’il n’y avait pas un rond pour la production, pas un rond pour quoi que ce soit. Nous n’avions que nos cœurs avec nous, l’amour que nous avons pour ce métier et notre disponibilité.

L.DB : Une petite anecdote qui résume cet attachement au projet dont vous parlez ?

R. N : En plein tournage, j’ai reçu un appel pour participer à la réalisation d’un spot d’une nouvelle société de télécommunication qui s’implantait. J’ai proposé à quelqu’un d’y aller à ma place. Il a été pris, a tourné le spot et a été payé alors que moi je tournais dans un film sans cachet. J’aime ce métier-là. Je ne crois pas avoir perdu mon temps. De toute mon expérience de spectateur, c’est l’une des premières fois que j’assiste à une projection de film ici où les gens réagissent comme ils l’ont fait pour Villa Matata. Le public applaudissait et commentait comme s’il assistait à un spectacle de théâtre.

Nioni Masela

Légendes et crédits photo : 

Romain Ndomba (Toto) dans un extrait de Villa Matata

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