Réimpression des portraits de Seydou Keïta

Samedi 28 Juin 2014 - 0:30

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La collection de référence « Photo Poche » des Éditions Acte Sud offre la réimpression d’un livre sur Seydou Keïta (1921-2001), celui que l’on surnommait le père de la photographie africaine

Au fil des pages, l’ouvrage embarque le lecteur dans l’univers et l’esthétique de l'éminent portraitiste malien, chef de file et guide d’une génération considérable de photographes africains inspirés.

Seydou Keïta est né à Bamako en 1921, où il a vécu et travaillé presque toute sa vie. Si on retient surtout de lui ses clichés, l’artiste était ébéniste de métier. En 1935, son oncle lui rapporte du Sénégal son premier appareil photo et une belle aventure se met en route. Seydou Keïta apprend seul à se servir de ce boitier et se met à réaliser des portraits sur commande, en noir et blanc. Il donne un coup de fouet à sa carrière en ouvrant son atelier en 1948 à Bamako : il multiplie les contrats et sa notoriété est grandissante.

Seydou Keïta apporte à l’approche du portrait une dimension non conventionnelle et résolument moderne. Il fait poser ses sujets, hommes, femmes et enfants, devant des décors plantés, seuls ou à plusieurs, élégamment vêtus de costumes et accessoires, parfois même auprès de véhicules, qu’il leur fournissait afin d’obtenir la plus belle image. Le photographe passait du temps à soigner ses modèles, les positionnait minutieusement afin d’offrir le plus beau portrait. « Bien voir la physionomie de la personne et son emplacement », telle était sa devise mais aussi sa conception de l’art : « La technique de la photo est simple, mais ce qui faisait la différence, c’est que je savais trouver la bonne position, je ne me trompais jamais. Le visage à peine tourné, le regard vraiment important, l’emplacement des mains... J’étais capable d’embellir quelqu’un. À la fin, la photo était très belle. C’est à cause de ça que je dis que c’est de l’art. »

Exigeant et dévoué, Seydou Keïta se fixait comme exigence de réaliser des portraits flatteurs de ses clients, en soignant minutieusement leur mise en scène. Il fut découvert en 1990 hors du continent africain. En France notamment, la photographe Francoise Hughier se penche sur son travail et l’aide à exposer aux Rencontres internationales de la photographie d’Arles, rendez-vous incontournable de la photographie contemporaine. Quelques mois plus tard, c’est au tour de la Fondation Cartier de lui consacrer une exposition.

L’ouvrage Seydou Keïta, publié une première fois en 1995, met en lumière ce parcours à travers une soixantaine de portraits, présentant le travail de cet homme discret qui a laissé une belle empreinte au genre.

Morgane de Capèle