Photographie : la galerie Génération Elili se met à l'heure du mondial

Cela remonte à 2003, après un stage sur l’orientation photographique à Brazzaville et à Pointe-Noire dont bénéficient dix jeunes photographes brazzavillois et ponténegrins, grâce à un programme de soutien aux arts plastiques initié par l’Union européenne. La professionnalisation de la photographie au Congo en était le but. Bénéficiant de cette formation, deux collectifs se sont créés. Le Collège des collectifs photographes de Pointe-Noire, qui n’existe plus, ayant pour figure de proue Sita Valoni qui continue d’émerger en solitaire. Ainsi que le collectif Génération Elili, situé avenue des Trois-Francs, arrêt Main-Bleue à Bacongo, deuxième arrondissement de Brazzaville. Cette galerie photographique est née, dans des conditions très difficiles, grâce aux efforts conjoints de Baudoin Mouanda, qui en est actuellement le coordonateur, Mbiou Ngatsélé, Kinzéngélé Loutsono Désiré, Francis Ndolo en formation en France, et Dédé, décédé en 2008.

« Après divers réalisations et concours remportés en Afrique, en Europe et ailleurs, nous avons choisi d’occuper un quartier populaire pour permettre à tout le monde de découvrir les richesses des arts visuels, notamment celles de l’art de la photographie. Nous avons voulu cette proximité avec toutes les couches sociales », souligne Baudoin. Dix années de patience et de ténacité ont suffit pour qu’Elili compte dix-sept membres salariés grâce aux revenus des activités du collectif. On peut croire à une certaine émergence de l’industrie photographique au Congo. Profitant de la Coupe du Monde Brésil 2014, ce collectif a décidé de projeter tous les matchs à leur siège. Non seulement pour permettre à ceux qui n’ont pas de téléviseur ou d’électricité de ne pas manquer ces grandes rencontres footballistiques, mais surtout afin de saisir l’occasion de mettre à la disposition du public les portfolios des grands artistes photographes congolais, africains et européens. Comme quoi, l’intérêt de l’art photographique doit être mis en relief.

« La photographie, explique Baudoin, sert à divulguer l’information, car l’image de la photographie a une très grande importance dans la société moderne. Cela permet de garder des souvenirs. Et Elili a son sein de portraitistes, de photojournalistes et d'artistes photographes talentueux porteurs d’une expression philosophique au même titre que la peinture. En tout cas, il y a des photographes pour former qui veut. » Interrogé sur la nature des thèmes traités par le collectif, il a renchéri : « Nous travaillons beaucoup plus sur les faits sociaux. Cela permet au public profane de saisir facilement le message, mais n’empêche qu’on travaille quelquefois sur l’abstrait. Citons le cas de Romaric Bakoua qui a réalisé un reportage sur un sujet surréaliste relatif au rêve avec un parapluie, de même Richard Goma qui travaille sur un suivi concernant l’abstrait dans un contexte environnemental. » Signalons que la galerie Elili est ouverte tous les jours de 12 à 18 heures.

Participant à plusieurs rencontres comme celle d’Arles, le plus grand festival de la photographie française, en 2010, de Bamako en 2011, la sélection internationale d’artistes photographes confirmés ARS, d'Helsinki en Finlande en 2010… Les membres d’Elili entendent changer la mauvaise perception du métier de photographe sur l’échiquier local et continuer de faire honneur au Congo par delà les frontières, bien qu’ils n’aient pas encore bénéficié d’un quelconque soutien de la part des institutions publiques. En attendant, une exposition intitulée Made in Congo, couplée à la projection des matchs du Mondial peut nourrir la curiosité du public.