Parution : Arsène-Francoeur Nganga signe « La traite négrière sur la baie de Loango pour la colonie du Suriname »

Vendredi 2 Décembre 2016 - 21:58

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Édité en septembre 2016 par CesbcPresses, Évry, France, dans la collection Monde vivant dirigée par Aimé Dieudonné Mianzenza,  L'ouvrage «La traite négrière sur la baie de Loango pour la colonie du Suriname » compte 210 pages. Il sera bientôt dans les librairies. 

Préfacé par le Pr François Lumwamu, le livre d’Arsène-Francoeur Nganga est structuré en six  chapitres et plusieurs sous-titres illustrés. II s’agit des chapitres suivants : Du royaume de Lwaangu (Loango) et de son contact avec les commerçants néerlandais à partir de 1600… ; De la traite des esclaves par les marchands néerlandais sur la baie de Lwaangu à partir de 1630… ; De la présence des captifs de l’Afrique centrale dans la colonie  du Suriname... ; Du ressenti des esclaves bantu d’Afrique centrale dans la colonie du Suriname... ; De la présence des esclaves coloniaux et immigrés modernes afro-surinamiens (Bushinengué) en Guyane française… ; Le patrimoine culturel et artistique afro-surinamien Bushinengué en Guyane française…

De quoi parle-t-on dans cet ouvrage ? Durant la période de la traite négrière transatlantique, entre le XVIIe et le XIXe siècles, Loango fut une zone de traite libre et une baie d’embarquement des esclaves venant de plusieurs horizons : Afrique centrale, Grands lacs et Afrique australe.

Les Provinces-unies, première puissance commerciale et maritime de l’Europe au XVIIe siècle, débarquent en Afrique centrale deux siècles après les Portugais. Elles établissent des relations commerciales avec le riche et puissant royaume de Loango. Pour les besoins d’exploitation de leurs colonies du Nouveau Monde, les commerçants néerlandais emmènent des milliers d’hommes et de femmes d’Afrique centrale pour servir de main d’œuvre servile au Suriname, la plus précieuse des colonies néerlandaises en Amérique.

Les esclaves embarqués depuis la baie de Loango sont présents dans les mouvements de résistance contre le catéchisme colonial pour former la plus large et la plus concentrée des populations d’esclaves fugitifs (les marrons) dans le monde, se retrouvant jusqu’au-delà du Suriname, sur le territoire de l’actuelle Guyane française. Les esclaves bantu de l’Afrique centrale ont laissé leurs empreintes dans la culture afro-surinamienne et afro-guyanaise où le kikongo est l’un des substrats de plusieurs langues créoles telle que le Saramacca. Les survivances religieuses des royaumes Kongo et Loango demeurent visibles jusqu’à ce jour. Ce livre est une ébauche de mise en lumière et un devoir de mémoire sur la présence et l’héritage de l’Afrique centrale au Suriname et en Guyane française.

Préfaçant l’ouvrage d’Arsène-Francoeur Nganga, le Pr François Lumwamu a précisé que de la traite négrière, on en parlera toujours. Éternelle, elle est inscrite de manière indélébile dans l’histoire de l’humanité. La déportation des milliers de Noirs africains sur le continent américain est reconnue comme un crime contre l’humanité gravé dans la conscience de l’Occident comme une faute originelle, jamais franchement acceptée, jamais confessée ni pardonnée. On en a fait un fait d’histoire. « Aujourd’hui, Arsène Francoeur Nganga nous emmène au Suriname (Guyane néerlandaise), l’une des premières et importantes destinations des esclaves en Amérique dès les premières années du XVIIesiècle. Vu l’ampleur de l’activité qui s’y développa, la Colonie du Suriname apparaît comme un cas des plus significatifs dans la durée et le nombre de déportés débarqués sur les côtes américaines et d’où sont partis d’énormes contingents d’esclaves à l’intérieur du continent américain du XVIIe au XIXe siècle », a-t-il poursuivi.

L’auteur met en lumière sur le double plan anthropologique et chronologique, le déracinement des esclaves d’Afrique centrale embarqués sur la baie de Loango. Celle-ci s’étend du Cap Lopès (actuel Port-Gentil du Gabon) à l’embouchure du Congo (actuel Cabinda en Angola), elle fut une zone très active, sinon la plus active du XVIIe au XIXe siècle, zone de traite et d’embarquement des captifs venant de partout, surtout de l’intérieur des terres de l’Afrique centrale depuis l’actuelle République du Tchad, l’actuel République centrafricaine jusqu’au Royaume du Kongo convergeant vers la baie de Loango par des pistes restées célèbres jusqu’à ce jour.

Le Royaume de Loango, récemment détaché du Kakongo, un vassal du Royaume du Kongo, abrite le centre de traite le plus actif et le plus important de la côte atlantique, à Bwali sa capitale, près de Diosso (actuelle ville de Pointe-Noire). Les populations de cette zone sont majoritairement de langue bantu, de chaque côté du fleuve Congo. Les survivances linguistique et culturelle sont toujours très vivaces au Suriname et sur l’ensemble des Amériques.

Cette sombre période de la traite négrière mérite d’être toujours mieux connue, maintenant que l’émergence des États africains représente aujourd’hui un enjeu capital. L’enseignement et la recherche, en réseaux concertés avec les afro-descendants des autres continents, sont une voie sûre d’ouverture sur d’autres horizons du développement de l’homme noir.

Rappelons que la Baie de Loango est une partie de la côte atlantique africaine qui va du Cap Lopez au sud du Gabon à l’embouchure du Congo, anciennement façade maritime du Royaume de Loango, elle fut une côte particulière durant la période dite de la « traite négrière transatlantique ».

Qui est Arsène-Francoeur Nganga ?

Chercheur en histoire, anthropologie sociale et culturelle et en ethnomusicologie des Noirs des Amériques au Centre d’études stratégiques du bassin du Congo, Arsène-Francoeur Nganga est membre du Centre international de recherche et éducation sur la civilisation kongo. Il a collaboré au ministère de la Culture et des Arts du Congo Brazzaville à la rédaction de l’argumentaire pour l’inscription du site d’embarquement des esclaves de Loango au patrimoine mondial de l’Unesco. Auteur de plusieurs articles de presse sur les Bantu dans les Caraibes et aux Amériques, la présente publication est son premier ouvrage scientifique. Le livre d'Arsène-Francoeur Nganga est vendu à 20.000 FCFA.

Bruno Okokana

Légendes et crédits photo : 

Photo 1 : L'écrivain Arsène-Francoeur Nganga Photo 2 : La couverture du livre d'Arsène-Francoeur Nganga

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