Musique traditionnelle : une exposition sur le Kiébé-Kiébé dans la capitale économique

Mercredi 25 Mai 2016 - 18:37

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Initiée par les amoureux des œuvres d’art Yves Dubois et Emmanuel Okamba, écrivain et chercheur congolais, cette exposition qui a été ouverte le 21 mai à l’espace culturel Jean Baptiste-Tati-Loutard se poursuit jusqu’au 5 juin. Le vernissage a connu la présence d’Henri Djombo, président de l’Union nationale des écrivains et artistes congolais (UNEAC), de Fabien Obongo,  directeur départemental des Arts et Lettres de la ville et des dignitaires de Buali.

Une ambiance festive a régné les deux premiers jours de cette exposition intitulé «À la découverte du Congo et de sa culture» marqués, outre les visites commentées et la table ronde sur la société initiatique du Kiébé-Kiébé, par l’exécution de la danse Kiébé-Kiébé très ovationnée. Cette exposition, a expliqué Emmanuel Okamaba, a été organisée pour permettre aux étrangers, aux expatriés et aux touristes de mieux connaître les racines culturelles du Congo afin qu’ils ne repartent pas chez eux sans avoir eu un aperçu réel des dimensions universelles, des principes de ses traditions.

Plus connu par cette danse folklorique (organisée lors des événements heureux ou malheureux) des marionnettes portant des robes de raphia couvertes de plumes d’oiseau de la canopée ou non, des marottes anthropomorphes très colorées qui tournent au ras du sol comme des toupies, le Kiébé-Kiébé est en réalité une société secrète initiatique organisée sur le culte d’un serpent géant «Odi». Ladite société a pour but de former l’homme juste, sage et honnête, à l’image des ancêtres primordiaux des Mbochis,  à savoir Ndinga (le vertueux) et Kiba (le vicieux), dont la complémentarité des actions le libère et le met sur la voie de l’excellence, de l’Immortalité par degrés successifs d’initiation.  Institutionnellement, le Kiébé-Kiébé est implanté dans l’espace Mbochi, un espace allant d’Owando au nord-est et à Okoyo au sud-ouest.

L’exposition est constituée d’objets de rituels,  notamment  des robes de raphia portées lors de la danse Kiébé-Kiébé, des tam-tams, des attributs des responsables et des marottes qui sont au nombre de 127 au total. Celles-ci sont très colorées et ont chacune un sens par rapport aux couleurs, aux expressions faciales, aux formes, à la taille et à la coiffure. Elles sont aussi classées par catégorie. Il  y a les marottes représentant les symboles importants du Kiébé-Kiébé comme le serpent, les éléments eau, feu, air et terre; les marottes représentant les attitudes et comportements humains; celles qui représentent le travail. Il y a pour chaque élément une marotte à deux faces symbolisant l’ambivalence des forces, donc le bien et le mal, celles portant sur leur tête des animaux très symboliques comme le singe, l’éléphant et la tortue, Celles à deux faces : femelle et male.

Parmi  les pièces qui composent l’exposition on compte aussi douze tableaux représentant des marottes réalisées par les peintres de  Poto-Poto qui ont été associés à l’événement. Une manière pour Yves Dubois, initiateur de l’exposition, de les faire découvrir aux Ponténegrins qui les connaissent peu. Cette exposition, a-t-il expliqué, est un travail collectif réalisé avec les Kiébé-Kiébé de Pointe-Noire, l’espace culturel Jean-Baptiste-Tati-Loutard et avec la science et les recherches d’Emmanuel Okamba. L’événement a bénéficié de l’appui, entre autres, de Total E&P Congo et Les Dépêches de Brazzaville.

L’exposition est une véritable découverte pour les visiteurs comme Patrice Servantie, consul général de France, qui l’a trouvée intéressante et passionnante. Saluant l’initiative, il a estimé que tout ce qui peut contribuer à valoriser et expliquer le patrimoine doit être encouragé. Nombreux qui avaient déjà entendu parler ou déjà vu la danse Kiébé-Kiébé ont confié qu’ils ignoraient son côté le plus important qu’est l’initiation. C’est le cas d’Henri Djombo qui a confié au sortir de la visite de l’exposition : « Aujourd’hui, je découvre une autre dimension du Kiébé-Kiébé comme une école initiatique qui retrace tout un parcours culturel et nous met face à nos responsabilités d’hommes accomplis ou inaccomplis.»  

Louant cette initiative, il a rendu hommage à Yves Dubois qu’il considère comme un Congolais de cœur et de vie et qui, selon lui, a compris que les Congolais devraient perpétuer  et développer leurs traditions, coutumes et arts ancestraux.  Le président de l’UNEAC a d’indiqué : «Nous devrions puiser dans nos propres connaissances les ressorts  du développement. Henri Djombo a aussi félicité Emmanuel Okamba pour sa connaissance sur le Kiébé-Kiébé et l’a exhorté à former des jeunes qui assureront la relève de demain pour perpétuer cette richesse inépuisable.

Prenant en compte le souhait du chercheur, celui de faire émerger les valeurs du Kiébé-Kiébé afin qu’elles servent pour la culture et le développement des Congolais et faire d’eux des hommes dignes et capables de diriger la société, le président de l’UNEAC a ajouté : «Je tire la leçon qu’il ne faut pas laisser cette exposition se terminer. Mais  elle devrait être permanente, située quelque part  pour apprendre aux adultes et, surtout, à notre jeunesse à s’approprier nos valeurs traditionnelles.» Le souhait d’Emmanuel Okamba a aussi été soutenu par Alain Boumpoutou, directeur général Adjoint de Total E & P Congo. Ce dernier, venu par curiosité voir ce qu’il y avait à cette exposition, s’est dit agréablement surpris d’apprendre que le Kiébé Kiébé n’est pas uniquement quelque chose de culturel et de tradition folklorique : « Il y a derrière un aspect initiatique qu’on ne perçoit pas et il gagnerait à être mieux connu.» L’exposition va se poursuivre jusqu’en juin et Alain Rock Ngoma, directeur de l’espace culturel Jean-Baptiste-Tati-)Loutard,  a invité les Ponténegrins a découvrir la richesse du Kiébé-Kiébé : «Nous souhaitons que les gens viennent nombreux pour découvrir ce qui fait l’essence de notre culture.»

Lucie Prisca Condhet N’Zinga

Légendes et crédits photo : 

Photo 1: -Emmanuel Okamba, en costume, et Henri Djombo Photo 2: -Une vue de l'exposition Photo 3: -De gauche à droite, les dignitaires de Buali, Henri Djombo, Yves Dubois, Emmanuel Okamba, Alain Rock Ngoma, assistant à la danse Kiébé-Kiébé Photo 4:-La danse kiébé-kiébé Crédit photos Adiac

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