Mémorial Pierre Savorgnan de Brazza : l’ambassadrice du Sénégal à la rencontre du sergent Malamine Kamara

S’il y a un fait historique que les gens ignorent c’est que grâce à la témérité, à l’intrépidité du sergent Malamine Kamara Brazzaville n’est pas le prolongement de Kinshasa. L’ambassadrice du Sénégal en République du Congo a voulu en savoir un peu plus sur cette histoire, sur la personnalité de ce sergent et sur l’apport que son pays peut apporter à ce haut lieu d’histoire et culture congolaise. Elle a été reçue par la directrice générale du mémorial Pierre Savorgnan de Brazza, Belinda Ayessa, qui lui a expliqué que Malamine Kamara a marqué l’histoire de la fondation de Brazzaville, qu’est une grande figure du Sénégal et un digne fils de l’Afrique. 

« Je suis venue au mémorial Pierre Savorgnan de Brazza pour rendre hommage au sergent Malamine Kamara, parce que tout simplement le sergent Malamine était un fidèle ami et compagnon de Pierre Savorgnan de Brazza. Ce dont il s’agit ici c’est que le sergent Malamine a fait au Congo, ce qu’il représente dans ce mémorial et nous à notre niveau essaierons d’apporter par le canal de l’Etat du Sénégal tout ce que nous pouvons faire pour aider au renforcement de ce personnage et peser un peu sur le fonctionnement, sur la gestion de cet espace en apportant notre soutien. Notre contribution pourra aider à valoriser ce temple qui est un lieu de souvenir, de pèlerinage pour les Sénégalais mais aussi pour les Congolais.»

La directrice générale du mémorial Pierre Savorgnan de Brazza, Belinda Ayessa, s’est dite touchée par les mots que l’ambassadrice a prononcés d’abord à son endroit, puis à l’espace dont elle a la charge. Elle a saisi cette opportunité pour rappeler que tous les petits Congolais, notamment ceux qui sont passés par l’école primaire, connaissent le sergent Malamine Kamara, fidèle compagnon de Pierre Savorgnan de Brazza. C’est grâce à la témérité, à l’intrépidité de ce sergent que Brazzaville n’est pas le prolongement de Kinshasa. C’est donc le moment de rappeler ici que le Congo doit beaucoup à se digne fils du Sénégal.

En effet, a-t-elle poursuivi, lorsque l’explorateur Stanley a pris possession de la rive gauche du fleuve Congo, il voulait aussi s’installer sur la rive droite, donc dans l’actuelle République du Congo et c’est le sergent Malamine Kamara qui l’a repoussé. « Le sergent Malamine Kamara était le fidèle compagnon, allié de Pierre Savorgnan de Brazza. Il a vécu à Brazzaville pendant deux ans. Il a appris à parler une langue de chez nous, le téké, et il a servi d’interprète à Savorgnan de Brazza. Il est important de souligner que l’explorateur de Brazzaville, lors de sa dernière mission en 1905 est tombé malade et a été rapatrié au Sénégal où il a trouvé la mort…»

L’appel de l’ambassadrice du Sénégal au chef de l’Etat congolais

Profitant de cette visite, l’ambassadrice du Sénégal en République du Congo, Batoura Kane Niang, a lancé un vibrant appel au chef de l’Etat congolais, Denis Sassou N’Guesso, pour que soit hissé le drapeau sénégalais au mémorial Pierre Savorgnan de Brazza. « C’est très important pour le peuple sénégalais, pour la République du Sénégal. Je voudrais lancer un appel au président de la République du Congo pour que soit hissé le drapeau sénégalais au mémorial Pierre Savorgnan de Brazza en hommage au sergent Malamine Kamara. Je souhaite très vivement que le drapeau du Sénégal puisse flotter aux côtés des drapeaux congolais, algérien, gabonais, français et italien. »

Puis avant de s’en aller, elle a écrit sur le Livre d’or du mémorial : « C’est avec beaucoup d’émotions et de fierté que j’ai visité le mémorial Pierre Savorgnan de Brazza, ami et fidèle compagnon du sergent Malamine Kamara qu’il avait recruté à Dakar. Donc en tant que représentante de l’Etat du Sénégal et du président de la République Macky Sall, je me suis fait le devoir de venir m’imprégner de l’histoire du sergent Malamine Kamara à côté de Pierre Savorgnan de Brazza. De ce que j’ai vu et entendu, je suis profondément ému et me suis désormais sentie « congolaise », car sans notre aïeul, Brazza ne serait pas », a-t-elle signé.

Qui est le sergent Malamine Kamara et qu’a-t-il fait ?

Il avait été recruté à Dakar le 10 janvier 1880, lorsque de Brazza en était à sa deuxième expédition. De Brazza laisse ce fidèle et remarquable collaborateur comme premier chef de poste de ce qui sera, cent vingt-cinq ans après, la vivante et moderne capitale du Congo. Malamine était un laptot sénégalais, mais à coup sûr le meilleur des laptots.

Amené de Dakar au Gabon par de Brazza, il avait accompagné l’explorateur dans plusieurs voyages. Il connaissait particulièrement la région du Congo, qu’il avait parcouru soit avec de Brazza, soit avec le père Augouard, des missions françaises. Comme la plupart de ses compatriotes, Malamine joignait à une intrépidité rare, une robuste santé. De plus, il avait pour de Brazza un dévouement absolu. Ce fidèle compagnon de Brazza mourut à Gorée en 1886.