Mémoire : Paris accueillera bientôt un Centre des cultures d’Afrique

Jeudi 16 Avril 2015 - 22:00

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Mercredi 15 avril, Hilaire Penda, Alain Bidjeck et Steven Hearn ont présenté le projet de Centre des cultures d’Afrique dans la Salle Colbert de l’Assemblée nationale française. Un futur phare de référence des cultures des Afriques du Nord au Sud et des afro-descendances à l’échelle du Grand Paris, soutenu par les députés Razzy Hamadi et Sebastien Dénaja, la garde des sceaux Christiane Taubira, la Région Ile-de France, la Mairie de Paris et le ministère de la Culture.

L’histoire a parfois de curieux retours et c’est dans la salle Colbert l’un des préparateurs du Code Noir, créateur en 1673 de la Compagnie du Sénégal et réorganisateur de la Compagnie des indes occidentales destinées à concurrencer les hollandais sur le juteux trafic des esclaves de Guinée, que s’est tenue la  présentation du Centre des cultures d’Afrique, en présence de nombreux acteurs culturels de la diaspora africaine de France tels que l’animateur de radio Soro Solo, le cinéaste congolais Rufin Mbou Mikina, Jean Digne, directeur du Musée du Montparnasse ou encore la musicienne Gassandji.

Le comédien Emil Abossolo M’Bo a placé l’auditoire en apesanteur en ouverture de séance. « La devise liberté, égalité, fraternité inscrite au fronton de cet édifice, est un souffle qui vient de plus loin » a t’il déclaré, « parce que les images de l’Afrique sont tronquées, la magie des rencontres est blessée ». Pour le comédien, le Centre des cultures d’Afrique aura pour ambition « de réunir des lumières, des consciences, autour de l’Afrique et de ses descendances spirituelles, culturelles et économiques ; de cristalliser dans la pierre que l’humain est un remède pour l’humain

« L’objectif est à portée, le centre peut exister, il doit exister ! » a martelé le député Razzy Hamadi. Pour l’élu de Montreuil, le projet de création d’un Centre des cultures d’Afrique est un sujet hautement symbolique et politique mais pas partisan. Il s’agit d’un geste de « reconnaissance de la Nation, d’un investissement dans ce qui fait la culture partagée de la France afin que tous les enfants de la République puissent se reconnaître dans leur pays. »

Pour Christiane Taubira, « cette idée d’un lieu, d’un espace des cultures des Afriques est une façon d’arriver jusqu’au monde et d’embrasser le monde. » Selon la Garde des Sceaux « la fraternité n’est pas naturelle mais un combat nécessitant de la conscience, de la lucidité, de la volonté et de la persévérance » un passage obligé « pour que l’humanité soit capable de vivre ensemble et de partager la planète ».

Hilaire Penda, initiateur du festival  Rares talents à Montreuil et Président du Centre des Cultures d’Afrique a tenu à souligner que loin d’une démarche communautariste, il s’agit de créer un Centre inclusif dont la musique serait la colonne vertébrale; un lieux de production, de création et de diffusion pour le théâtre, la danse, le cinéma, le conte, le slam, les arts visuels, la poésie mais également un pôle scientifique regroupant des données physiques et des ouvrages de référence accessibles via un site internet.
Alain Bidjeck, Secrétaire général du futur centre, a quant à lui convoqué la mémoire du Chevalier Saint Georges, d'Alexandre Dumas, de René Maran, de Joséphine Baker engagée dans la résistance aux côtés de Charles de Gaulle, rappelant l’apport des africains à la culture française et le passé de « capitale noire » de Paris où  le jazz a pris son envol, qui a accueilli en 1919 le premier congrès panafricain, ou dont le foisonnement culturel a permis l’émergence des pères de la négritude. Pour Alain Bidjeck, à l’heure où l’Afrique se trouve plus que jamais au cœur des enjeux stratégiques mondiaux, la création de ce centre ouvert aux artistes africains mais également tourné vers toute l’afro-descendance, représente un atout pour la France.

L’agence d’ingénierie culturelle Troisième Pôle, dirigée par Steven Hearn, créatrice notamment des « Nuits blanches » une manifestation culturelle qui non seulement s’est inscrite dans la durée dans le paysage culturel français mais s’est internationalisée, est le partenaire chargé de réaliser les études de faisabilité, le cahier des charges ainsi que l’accompagnement du projet.

Manu Dibango, jouant son rôle de doyen de la communauté culturelle africaine de France, a tenu à marquer son soutien à ce projet de « case où se retrouver pour apprendre, s’apprendre et faire l’Afrique ».

 

 

Rose-Marie Bouboutou