Mémoire : aux grands hommes le Congo reconnaissantSamedi 30 Août 2014 - 5:00 Une Allée de la mémoire, c’est cet endroit approprié où ont été dévoilés trente bustes en mémoire des personnalités qui ont marqué l’histoire du Congo ou de l’Afrique. Elle célèbre par-delà tout le symbole d’une capitale du Congo, miroir des souvenirs, fierté de toute la nation congolaise d’éternité en éternité Après les monuments du septennat, du cinquantenaire de l’indépendance, de l’obélisque du troisième millénaire, de la fraternité à Gamboma, de la première série des bustes en face de la gare centrale de Brazzaville et de Sainte-Radegonde au bord du majestueux fleuve Alima à Oyo, le tour est venu aux trente bustes de l’Allée de la mémoire. La philosophie de cette Allée de la mémoire, où ont été dévoilés les trente bustes, est d’abattre les frontières de l'indifférence et des antagonismes culturels, de solder le bilan de l’ignorance des habitants de Brazzaville et du Congo tout entier, d’arrimer le Congo à sa rencontre avec les autres sur la grand-place du village planétaire. Ces trente bustes sont des personnalités étrangères ayant un lien avec l’histoire du Congo ou de l’Afrique. Ce sont de vénérables et illustres personnages qui rappellent une belle rime d’une des strophes des époques qui ne sont plus. Ce sont des hommes et des femmes qui ont excellé dans différents domaines : les lettres, la politique, la musique, la religion, le sport… Ce sont des hommes et des femmes dont la grandeur et la splendeur, la rage et le courage, la persévérance et la tolérance, la fierté et la dignité, la créativité et l’ingéniosité, l’envie de défaire et de taire les injustices humaines, ont jalonné tels des rayons solaires leur bref passage dans cette vallée des larmes. Pour Samuel Kidiba, directeur général du Patrimoine et des Archives au ministère de la Culture et des Arts, l’histoire du Congo ou de l’Afrique est marquée par une séquence de l’héroïsme du résistant sud-africain Chakazoulou. Cette histoire a retenu la grandeur d’âme et la tolérance, le pardon de Nelson Mandela, premier Noir de la nation arc-en-ciel, l’Afrique du Sud, condamné à la prison à perpétuité en 1974, qui reçut avec le président sud-africain Frederick Declercq, le prix Nobel de la paix en 1993. Cette histoire retiendra aussi que Martin Luther King, un pasteur noir américain qui a lutté pour l’égalité des Noirs aux États-Unis, de la lignée de Gandhi en Inde, luttait avec des méthodes non violentes pour obtenir plus de réformes, la réforme des Noirs. Son discours célèbre : « J’ai fait un rêve » en dit l'essence. L’histoire du Congo ou de l’Afrique reconnaîtra, entre autres, les présidents Modibo Keïta du Mali, Agostinho Neto de l’Angola, Julius Nyeréré de la Tanzanie, Thomas Sankara du Burkina Faso, Omar Bongo Ondimba du Gabon, le premier secrétaire général de l’Organisation de l’unité africaine Diallo Telli, le musicien congolais de la RD-Congo Joseph Kabasélé. Au demeurant, Brazzaville porte depuis ses fonds baptismaux les germes d’une ville des rencontres des cultures du monde. Capitale de la France libre, capitale de l’Afrique équatoriale française, capitale des premiers Jeux africains dont le cinquantenaire sera célébré en 2015 ici même à Brazzaville, capitale du Festival panafricain de musique, avec sa sœur jumelle Kinshasa, Brazzaville est l’une des capitales les plus proches du monde et ayant en partage le fleuve Congo, deuxième fleuve le plus puissant au monde et qui a vu charrier diverses cultures depuis la nuit des temps. En réalité, de nombreux anciens esclaves de RDC, de République centrafricaine, du Cameroun et d’autres pays sont passés par Brazzaville en partance pour la côte de Loango. Le ministre de la Culture et des Arts justifie le choix porté sur ces hommes Ces bustes ont été érigés sur instruction du président de la République pour que jamais la mémoire de ces hommes ne s’estompe de la prospérité, précise le ministre de la Culture et des Arts, Jean-Claude Gakosso, ajoutant que le ministère de la Culture en tant que ministère de la mémoire ne pouvait que reconnaître à ces hommes et à ces femmes le mérite qui est le leur. Quant au choix de ces personnalités illustres, Jean-Claude Gakosso, pense que c’est le choix de l’histoire. Car ces hommes et ces femmes se sont imposés par leurs actions. Abraham Lincoln, par exemple, qui fut président des États-Unis, certes, a été un grand abolitionniste pour avoir mis fin à l’esclavage des Noirs dans son pays. C’est lui qui a suscité la colère des états esclavagistes du sud des États-Unis et a été poignardé. Victor Schœlcher (qui a déjà un monument à Brazzaville, à l’entrée de Bacongo) a aboli l’esclavage des Noirs dans les Antilles françaises. Alexandre Pouchkine, qui est considéré jusqu’à ce jour comme le plus grand poète russe de tous les temps, était d’origine africaine et a fait honneur au continent noir. Le pape Jean-Paul II a été le premier pape à avoir visité la terre africaine, il a foulé le sol du Congo-Brazzaville en 1980. Son pontificat à plus d’un titre a brillé de mille feux, ce qui explique amplement ses récentes béatification et canonisation. Les poètes de la négritude du quartier Latin, à savoir Léopold Sédar Senghor et Aimé Césaire, sont présents. Ce dernier, grand homme africain, a forgé la conscience juvénile congolaise. Pour preuve, dans les années 1970, les jeunes lisaient son œuvre, Une saison au Congo, Sous la tragédie de Patrice Lumumba, La Tragédie du roi Christophe. Ce fut l’un des plus grands personnages de toute l’histoire négro-africaine. Myriam Makeba, l’unique femme illustrée parmi les trente, avait fait l’honneur de venir au Congo à l’occasion de la sixième édition du Fespam en 2007. Cette grande militante anti-apartheid, luttant pour l’indépendance des peuples africains, qui a sillonné la Terre entière pour porter le message de liberté, d’amour et de fraternité, avait été reçue par le président congolais Denis Sassou-N’Guesso. C’est lors de la sixième édition du Fespam qu’elle a fait sa dernière grande apparition en public, puisque quelques mois après elle s’en est allée. Elle méritait d’être honorée en ces lieux en cette Allée de la mémoire. Que sont ces illustres personnalités ? Ces trente bustes concernent : Toussaint Louverture (président haïtien 1743-1803) ; Chakazoulou (homme politique, roi des Zoulous 1787-1828) ; Alexandre Pouchkine (poète russe 1799-1837) ; Abraham Lincoln (homme politique, seizièmeprésident des États-Unis 1809-1865) ; Victor Schœlcher (homme politique français 1804-1893) ; André Bayardelle (gouverneur de l’AEF 1896-1947) ; Père A. Jean-Jean (prêtre français 1881-1958) ; Frantz Fanon (écrivain 1925-1961) ; Martin Luther King (pasteur 1929-1968) ; Hoji-Ya-Henda (indépendantiste 1941-1968) ; G.-A. Nasser (président égyptien 1918-1970) ; L. Armstrong (musicien USA 1901-1971) ; André Malraux (homme politique français 1901-1976) ; Modibo Keïta (président du Mali 1915-1977) ; Diallo Telli (secrétaire général de l’OUA 1925-1977) ; Stève Biko (militant anti-apartheid 1946-1977) ; Agostinho Neto (président angolais 1922-1979) ; Bob Marley (musicien jamaïcain 1945-1981) ; Joseph Kabasélé (musicien RDC 1930-1983) ; Samora Moïses Machel (président mozambicain 1933-1986) ; Thomas Sankara (président burkinabé 1949-1987) ; Félix Houphouët-Boigny (président ivoirien 1905-1993) ; Julius Nyerere (président tanzanien 1922-1999) ; Léopold Sédar Senghor (poète et président sénégalais 1906-2001) ; Pape Jean-Paul II (1920-2005) ; Aimé Césaire (homme politique français 1913-2008) ; Miriam Makeba (musicienne anti-apartheid 1932-2008) ; Omar Bongo Ondimba (président du Gabon 1935-2009) ; Nelson Mandela (président sud-africain 1918-2013) ; et Mohamed Ali (boxeur États-Unis 1942 jusqu’à nos jours). Bruno Okokana Légendes et crédits photo :Photo 1 : Le ministre de la Culture et des Arts dévoilant des bustes. (© DR) ;
Photos 2, 3, 4 : Les bustes de quelques personnalités. (© DR)
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