Les Dépêches de Brazzaville : D’où vous est venue l’idée d’un festival dédié aux femmes qui font de la musique ?
Maryse Ngalula : C’était un défi, et même une inquiétude de voir que la RDC, un grand pays plein de diversités culturelles, se trouve dans une situation de déséquilibre total sur le marché de la musique. Ce sont les hommes qui occupent en majorité le domaine musical. Or, on trouve aussi des femmes dans le monde de la musique, mais elles sont au second plan. Frustrées quelque part par nos traditions qui encouragent la femme à rester à la maison, ces femmes sortent de leur carcan pour démontrer qu’elles ont aussi le rythme dans le sang ! Mais il y a aussi les contraintes liées au milieu artistique, la femme considérée comme objet, utilisée par le leader du groupe comme danseuse ou simple accompagnatrice du « chef » de la bande. D’où l’idée du festival Basi Na Mizik pour encourager et célébrer les musiques faites par des femmes. Mais au-delà, le festival s’adresse à tout public sans distinction.
Sous quel signe, avez-vous placé cette première édition ?
Le signe ? C’était celui du rassemblement de toutes les femmes autour d’un même idéal. Montrer avant tout à notre société que les femmes peuvent aussi construire ensemble et sont capables de produire ensemble de très belles œuvres dignes d’être présentées au-delà de nos frontières.
Première édition, première expérience… À l’heure du bilan de quoi vous sentez-vous particulièrement fière ?
Fière, premièrement parce qu’on n’avait pas eu de gros moyens pour le faire. Les sponsors ne se sont pas prononcés, mais nous y sommes arrivés avec nos petits moyens. Ensuite, c’est la satisfaction que désormais il y aura un festival dédié aux musiques faites par des femmes en RDC. Et puis, à partir de l’orchestre Basi Na Mizik, il y a déjà d’autres groupes de femmes qui se créent. C’est un fait positif de voir dans les prochaines éditions des prestations de femmes motivées pour faire davantage.
Et, a contrario, quelles sont les défis qui restent à relever pour que la fête soit parfaite lors des prochaines éditions ?
Chercher à trouver plus de financements pour pouvoir atteindre le grand public. Renforcer l’équipe d’Akaçia, initiatrice de ce projet, pour être en mesure d’accueillir plus de monde lors de l’édition prochaine. Car le produit est là, mais nous devons être en mesure de pouvoir l’exposer au monde.
Sans des moyens conséquents, comment avez-vous pu mettre en place finalement ce projet très cher à vos yeux ?
L’appui est venu surtout de l’extérieur, de l’Institut français de RDC à travers son programme Trois Ateliers du monde. Il y a eu aussi le soutien de nos partenaires étrangers, Archimusic de Paris et son directeur Jean-Rémy Guédon, qui nous ont apporté de l’aide pour le lancement de cette idée de festival Basi Na Mizik.