Livres : coup de projecteur sur les dernières Conjonctures congolaisesMardi 6 Mai 2014 - 16:45 Selon l’ouvrage collectif écrit sous la direction de Stefaan Marysse et Jean Omasombo, sorti le mois d’avril chez L’Harmattan, « l’année 2013 aurait dû constituer un tournant » pour la République démocratique du Congo. Conjonctures congolaises 2013, comme indiqué par le sous-titre, se penche tout à la fois sur les questions de « Percée sécuritaire, flottements politiques et essor économique ». À en croire les auteurs, en ce qui concerne le premier point, avec « la pacification du Congo, l’ouverture des concertations nationales, l’adoption des réformes structurelles sur le plan politique et administratif ainsi que les problèmes de sécurité à l’ordre du jour ». Tous les ingrédients étaient réunis pour la survenue d’un changement important. Mais force est de constater qu’ « à l’arrivée, le bilan semble en demi-teinte ». Ce point de vue se fonde sur le fait que les événements majeurs intervenus, à l’instar de « la victoire sur le M23, l’amélioration de certains indicateurs macroéconomiques, le renouvellement de la Céni... » se soient trouvés « contrebalancés par d’autres ». Et de se rendre ici à l’évidence que ceux-ci « témoignent de ce que la RDC reste caractérisée par l’instabilité et l’imprévisibilité des menaces ». Et le moins que l’on puisse dire encore sur la question sécuritaire, estiment les auteurs, la situation à l’est du pays à l’image de celle épinglée reste de même précaire. Le point fait sur la section Percée sécuritaire, c’est dire qu’en dépit de « la combinaison de certains préalables au changement » (allusion est faite ici notamment à la « modification du commandement militaire, la brigade d’intervention internationale et les pressions américaines ») que l’on a eu l’avantage de réunir « pour la première fois », rien n est fait. Ou du moins, si elle « a permis de débloquer une situation, certes multiforme (RCD, CNDP, M23) », mais il est clair qu’ils « cachent une même réalité ». Le constat est sans équivoque dès lors que les « embellies furent ternies pour le pouvoir congolais par une série d’événements médiatisés contre le président de la République qui, en marge des multiples questions qu’ils soulèvent, rendent compte d’un malaise politique et d’un mécontentement profond ». Et de percevoir dans « les attaques du 30 décembre menées simultanément à Kinshasa, Lubumbashi et Kindu » des cas de figure qui « trahissent, en tout cas, la fragilité du pouvoir, toujours affaibli par le scrutin de 2011 ». Un essor économique Les Conjonctures congolaises 2013 relèvent encore que « les blocages au niveau politique contrastent avec une amélioration timide, mais réelle, de la gouvernance économique ». Quitte à mettre en parallèle « flottements politiques et essor économique », il ressort toutefois que « des succès sont rencontrés sur le plan économique et social ». Conjonctures congolaises 2013 soutient que « cette gouvernance a, en effet, réussi à stabiliser le taux de change, à dompter l’inflation et à renouer avec une croissance soutenue ». Et de poursuivre que « cette dernière surtout a entraîné, par l’essor du secteur minier, l’augmentation des recettes budgétaires qui, combinée à une meilleure gestion (bancarisation des paiements des salaires), a eu, depuis deux ans, des retombées sociales appréciées par les salariés ». Mais de reconnaître aussi que si tel est le cas pour ces derniers, « pour la majorité de la population, qui doit survivre dans le secteur informel, l’amélioration est beaucoup moins sensible ». Par ailleurs, le bilan des Conjonctures congolaises 2013 est porteur de certaines lueurs d’espoir. En effet, si « les blocages politiques provoquent l’inaction et la rancœur , il n’en demeure pas moins aussi que « les progrès économiques et sociaux relatifs suscitent l’espérance ». Quoique, il sied de le souligner à ce niveau, « la conception de l’autorité et la pratique gestionnaire de l’État n’aient, en fait, pas encore assez changé ». Nioni Masela Légendes et crédits photo : La couverture de l'ouvrage |