Littérature : un soir à sanary de Michèle Kahn

Lundi 18 Juillet 2016 - 11:45

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Joli chef-d’œuvre, dans un style de conception rare qui restitue un passé en étreignant le lecteur entre l’Allemagne nazi et la France vichyste dans un climat de guerre généralisée. Le tout part d’une certaine année, 1920 où un nommé Adolphe Hitler créera sa doctrine qu'il expose dans un livre intitulé Mein kampf, en français Mon combat.

Que réclame-t-il ? La création d’un état national socialiste, nazi en abrégé. Selon lui, il existe une race aryenne pure qui doit dominer le monde. Pour la préserver, il faut éliminer les peuples : juifs, tsiganes, les déficients mentaux, les communistes, les homosexuels, les intellectuels progressistes, les artistes avant-gardistes, les pacifistes, tous promus au rang d’ennemis d’État. Et, le 30 janvier 1933, il est nommé chancelier, signe la fin de la République de Weimar et l’avènement du troisième Reich.  Création de la Gestapo, une police secrète.

Un mois plus tard, un gigantesque brasier détruit le palais du Reichstag, il accuse les communistes et les expédia à Dachau, un camp de concentration qu'il vient de créer. Beaucoup d’éminences grises s’exilent et s’installent à Sanary ou dans la région proche.

En plus, il s’emploie à mettre en musique sa politique expansionniste pour donner un espace vitale important au peuple élu. Voilà le contexte spacio-temporel de la rédaction de ce bijou, rendu dans un échange épistolaire monolithique d’un esprit soucieux de rendre compte à son correspondant des faits vécus et d’autres péripéties tantôt macabres devant une Europe impassible, amorphe et impuissante.

Cette atmosphère impose ainsi l’exil à la crème germanique. En toile de fond, de belles histoires d’amour et des épines qui vont avec. Max Ernst, époux de louise straus qui s’éprend de Gala la femme de son ami Paul Éluard, Fernande Olivier qui s’entiche d’un Pablo.

Captivant et net, sans superlatif ni euphémisme. Traité de façon saisissante avec une trame romanesque idéalement maîtrisée et des personnages magiques, presqu'irréels dans leurs faibles débuts tels : Modigliani, Max Ernst ,  Cézanne , Picasso, Chagall ou dans la splendeur la plus retentissante comme   Van  Gogh,  Berthold  Brecht, Heinrich Heine, Tristan Tzara, Oskar Kokoschka.

Il fait revivre l’histoire de l’art contemporain dans sa période la plus prolifique qu'opulente. Ceci, dans une hexagone aux idéaux flatteurs, fuyant devant ses responsabilités  dans une guerre imposée par un voisin ambitieux.

Il fait un clin d'œil à la noblesse du cœur de l’homme dans les moments de pires incertitudes mais, aussi de son contraire. « La méchanceté de cœur se pare souvent de sourires les plus angéliques et des plumes les plus chatoyantes », disait Anton Raderscheidt, époux de Ilse Salberg.  Rafraichissez-vous la mémoire.

Bonnes vacances!!!

Alain Zoka

Légendes et crédits photo : 

Un soir à sanary de Michèle Kahn aux éditions Le passage

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