Littérature : le roman de Pierre NTsemou au cœur des dixièmes débats littéraires

Lundi 24 Février 2014 - 17:20

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Diélé : l’Ange, l’homme et la bête a été présenté et débattu vendredi dernier au cours des « Vendredis littéraires » initiés depuis peu par l’Union nationale des écrivains et artistes du Congo

Diélé : l’ange, l’homme et la bête est une fiction sociopolitique de 185 pages, publiée en 2013 aux Éditions Publibook. Ce roman s’ouvre sur un avant-propos qui, dans une prose narrative fortement rythmée, explique les conditions dans lesquelles « Dieu, dans son laboratoire divin, pour éteindre les ravages du feu de l’enfer, va engendrer ange Diélé, son émissaire, afin de débusquer le diable, qui a osé détourner le cœur humain du bien divin ».

« Mon premier constat est que cette œuvre est découpée de façon disproportionnée ; certaines parties du livre comportent beaucoup plus de chapitres que d’autres. Ce découpage inégal n’est cependant qu’un détail ; il n’annule en rien la qualité esthétique du roman, puisque le lecteur chevronné comprend rapidement que ce choix fut conditionné par la mise en exergue des temps forts de l’ouvrage et le respect de la chronologie des faits », souligne Ramses Mbongolo.

Dans ce roman où se mêlent amour et humour, espièglerie et pitrerie, Pierre Ntsemou nous fait vivre les faits avec la précision d’un témoin oculaire. La narration imagée du premier chapitre plonge le lecteur dans une sorte de bande dessinée vivante et mouvementée, mieux, dans un film d’animation narré par un homme qui maîtrise parfaitement les malices et les caprices des élèves, dans l’univers de l’enseignement primaire et secondaire où il exerce en qualité d’inspecteur pédagogique.

L’auteur sait combiner et inventer les mots pour donner un sens à l’environnement social et culturel de ses œuvres littéraires, comme en témoigne le mot Nzalaland, pays de la pénurie de ressources alimentaires. D’autres exemples, comme l’île du Diable et la prison de Makala, donnent des indications bien précises sur la situation géographique de cette « Républiquette », qui, bien que fortement inspirée du Congo-Brazzaville, la patrie de l’auteur, reflète l’image et pose les problèmes du continent africain et spécialement de la sous-région. « La bannière identitaire des nations bananières est la famine récurrente et le Kwashiorkor, déclare Pierre Ntsemou. Ce propos est si vrai que la République centrafricaine, le Soudan, la Libye et l’Égypte en sont les exemples actuels, comme l’Est de la RDC, le Sud du Congo-Brazzaville et le Mali l’ont été il y a quelque temps. »

La plume de Pierre Ntsemou ne laisse rien présager ; elle entraîne de surprise en surprise. Sa narration romanesque, semblable à une improvisation hautement contrôlée, ne préfigure aucun contour de la trame du roman. Le lecteur qui tentera de jouer les apprentis sorciers, de déchiffrer l’avenir ou la suite des événements, à travers les lignes, sera tout simplement frappé d’un étonnement admiratif qui suscitera encore plus le désir de lire ou le doux plaisir de déguster sans modération Diélé : l’ange, l’homme et la bête. Dans ce livre, qui est une belle leçon pédagogique sur la façon de gouverner, l’auteur dévoile en arrière-plan les clefs de la bonne gouvernance et dessine en avant-plan les traits moraux d’un homme d’exception, de cette sorte de doublure de Nelson Mandela qu’est Diélé.

Hermione Désirée Ngoma