Littérature : le Prix Kadima des langues africaines et créoles récompense trois nouveaux auteursLundi 4 Novembre 2013 - 17:30 Les Camerounais Aliou Mohamadou et Emmanuel Mbenda ainsi que le Rwandais François-Xavier Gasimba Munezero ont été sacrés lauréats de la 9e édition du Prix littéraire Kadima, dans les catégories 'langue et description linguistique' et 'traduction et littérature' Présidée par l’écrivain Cheikh Hamidou Kane et le Pr Szinho Francisco Matsinhe, de l’Académie africaine des langues, la cérémonie s’est déroulée les 28 et 29 octobre au siège de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF). A été primé dans la catégorie Prix des langues : « Le Dictionnaire des mots grammaticaux et dérivatifs du peul (parlers du Fuuta-Tooro) », d'Aliou Mohamadou. Cet ouvrage de 217 pages est l'un des rares dictionnaires africains sur les morphèmes grammaticaux. Il est constitué d'un corpus de plusieurs textes provenant de l'une des principales variantes dialectales du peul, le pulaar du Fuuta-Tooro, parlé en Mauritanie, au Sénégal et dans l'Ouest du Mali. Clarté, forme matérielle, lisibilité, langue académique, sont autant d'atouts que compte cet ouvrage novateur. La justesse de la description linguistique, la fonctionnalité et l'intérêt de l'analyse, la profondeur et la valeur scientifique de l'étude, ainsi que l'ampleur du travail, par le nombre de pages, complètent ce palmarès. On note enfin que cet ouvrage sera d'une grande utilité pour les enseignants, les descripteurs du pulaar, les professionnels et autres utilisateurs de la langue. Dans la catégorie Prix de la traduction, a été primé : le recueil de « Proverbes bassa », d'Emmanuel Mbenda. Ce recueil de 323 proverbes en langue bassa, traduits en français, est agrémenté d'explications et de commentaires pour appréhender le sens de chaque proverbe. La langue de ces proverbes est ici comprise comme modalité dialectale générale dans laquelle sont admis les usages de la grammaire et du lexique les plus habituels. Elle fait attention aux différents contextes linguistiques et à partir d'eux, on retrouve le ton général de la pensée, de la phrase et des mots. Ce recueil constitue pour cette communauté une référence culturelle, identitaire et un exemple à suivre pour l'inscription de l'Afrique en quête de réenracinement dans le monde. Dans la catégorie Prix de littérature, a été primé : le recueil de poèmes « Ibiruhuko » (Les Vacances), de François-Xavier Gasimba Munezero. Ce recueil de 17 poèmes écrits en kinyarwanda s'est distingué par son originalité et sa portée culturelle. L'auteur qui s'inscrit dans la tradition poétique et culturelle de son pays, navigue avec bonheur dans les différents registres où le lyrisme, la musique, le pathétique, l'épique, la didactique et l'épidictique s'entremêlent pour faire de ce recueil une carte à travers laquelle on peut visiter et apprendre le pays. L'intention de l'auteur est également de montrer que la littérature rwandaise, en particulier la poésie, a survécu aux aléas de l'Histoire, aux intempéries de l'impérialisme culturel et de la mondialisation. L'excellence du style autant que la beauté de la langue ont contribué à emporter l'adhésion du jury pour cette œuvre exceptionnelle. Le Prix Kadima, institué par l'OIF en 1989, en hommage à l'œuvre de l'éminent linguiste congolais Kadima Kamuleta Nduji, qui a été d'un apport considérable à la connaissance sur l'Afrique en général et sur la RDC en particulier, dans le domaine de la linguistique, a pour but de valoriser et de promouvoir les langues africaines et créoles en encourageant les recherches appliquées et les efforts de création littéraire et de traduction. Il est décerné tous les deux ans aux auteurs d'œuvres inédites rédigées dans l'une de ces langues ou en français s'il s'agit d'une traduction. Pour cette neuvième édition du Prix, dix-neuf ouvrages ont été présentés, représentant 12 langues africaines et créoles : le peul, dans ses variantes fulfulde et pulaar, le mooré, le swahili, le lingala, le kikongo, le wolof, le bassa, le ciluba, le kinyarwanda, le créole haïtien et le mèdumbà.
Tiras Andang |