Littérature : la libération de l'homme vue à travers les écrits d’Alexandre Dumas et Jean-Baptiste-Tati-Loutard

Lundi 19 Février 2018 - 17:30

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Une conférence-débat animée par Raphaël Safou a eu lieu, le 16 février, au Centre culturel Jean-Baptiste-Tati-Loutard, à Pointe-Noire, sur le thème «Alexandre Dumas chez Tati Loutard, échos et résonnances (à partir d’une visite du côté de Villers–Cotterêts).

Jeter les ponts entre les deux écrivains et édifier l’assistance sur l’écriture de ces deux hommes de lettres au parcours différent mais unis par la quête de la libération de l’homme ont été les motivations de Raphaël Safou Tchimanga, documentaliste, critique littéraire et homme de culture en animant cet échange.

C’est en recoupant un certain nombre de faisceaux de signes peu anodins entre l’écrivain français, Alexandre Dumas père, né le 24 juillet 1802 à Villers Cotterêts (Aisne) et décédé le 5 décembre 1870 à Puys, près de  Dieppe-Seine-maritime, et la vie et l’œuvre poétique de Jean-Baptiste Tati Loutard, écrivain et homme politique congolais, que l’orateur a bâti son exposé. Une occasion aussi pour lui de faire connaître au public Alexandre Dumas qui a publié, entre autres, "Les Trois Mousquetaires" en 1844, le "Comte de Monte-Cristo", "La reine Margot"…

La question de l’Amérique, l’esclavage, la libération de l’homme, la langue française, la Révolution française sont autant de thèmes qui rapprochent les deux hommes de lettres.  Le 4 juillet 1776, date de déclaration de l’indépendance des États-Unis, est une coïncidence frappante avec la mort de Jean-Baptiste Tati Loutard qui intervient le 4 juillet 2009 à l’hôpital américain de Neuilly. « Si je savais lire les signes du temps à travers les sciences ésotériques ou la numérologie, ces faits allaient trouver une explication peu banale. », a dit le critique littéraire. Avant sa mort, ministre des Hydrocarbures de l’époque et membre du  Haut conseil de la francophonie, il a été invité, par le biais de la société Total, par les autorités municipales de Villers Cotterêts. Jean-Baptiste Tati Loutard publia le recueil "Poèmes de la mer" écrit en 1968, dans lequel il défend l’amélioration de la condition humaine, la déportation et l’esclavage.

Selon Raphaël Safou, Alexandre Dumas n’a pas défendu la cause des Noirs de façon frontale mais ses prises de position ont été d’une bravoure telle qu’elles ne laissaient personne indifférent. L’exemple de la lettre écrite par Victor Hugo aux autorités américaines, le 2 décembre 1859, demandant la relaxe de John Brown, l’un des grands abolitionnistes des États-Unis d’Amérique, qui, quelques semaines plus tôt, avait tenté de provoquer une révolution d’esclaves, a été reprise par Alexandre Dumas. En effet, ayant vécu quelque temps, pendant son enfance, dans la demeure d’un homme violent possédant un esclave, John Brown avait été témoin de mauvais traitements et de châtiments subis par ce dernier. Ces scènes l’avaient traumatisé et il s’était juré de lutter toute sa vie contre l’esclavage. À partir de 1855, il avait, avec cinq de ses fils, décidé de sillonner les États du sud pour s’en prendre physiquement aux esclavagistes. Quelque temps avant l’exécution de John Brown, Victor Hugo avait fait parvenir aux autorités américaines une lettre dans laquelle il demandait  en vain  sa grâce. La missive a été reprise par Alexandre Dumas : « ... Au point de vue politique, le meurtre de Brown serait une faute irréparable. Il ferait à l’Union une fissure latente qui finirait par la disloquer. Il serait possible que le supplice de Brown consolidât l’esclavage en Virginie, mais il est certain qu’il ébranlerait toute la démocratie américaine. Vous sauvez votre honte, mais vous tuez votre gloire. Au point de vue moral, il semble qu’une partie de la lumière humaine s’éclipserait, que la notion même du juste et de l’injuste s’obscurcirait, le jour où l’on verrait se consommer l’assassinat de la délivrance par la liberté ».

En effet, pour Alexandre Dumas, la libération de l’Amérique du joug anglais inspirée de la Révolution française devait être le détonateur pour la libération du monde. Un espoir déçu, a  regretté Raphael Safou, pour cet écrivain qui a pris son courage en défendant la langue créole dans ses écrits. Ayant séjourné en Algérie et en Égypte, il a eu cependant un faible pour le Congo et le Sénégal, deux pays d’Afrique noire. Sous la modération d’Alphonse Kala, les comédiennes Gisèle Tchicaya et Germaine Ololo ont lu, à la fin de la causerie, des extraits de textes de l’écrivain Jean-Baptiste Tati Loutard.  

 

Hervé Brice Mampouya

Légendes et crédits photo : 

Raphaël Safou lors de la conférence-débat (Adiac)

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