Littérature : hommage à l’écrivain Phillipe Makita

Jeudi 1 Septembre 2016 - 18:45

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Pour marquer les 10 ans de la disparition de cet éminent écrivain congolais, la direction départementale du Livre et de la Lecture publique a organisé, le 31 août, en partenariat avec Magdalie Carine Makita, poétesse et fille aînée de l’illustre disparu, une cérémonie qui a réuni les écrivains, critiques littéraires et amoureux des belles-lettres de la ville océane.

Né le 26 mai 1954 à Dolisie, Phillipe Makita a été arraché à la vie le 31 août 2006. La cérémonie en son hommage intervient après celle du 29 juillet destinée à la célébration des 7 ans de la disparition de l’illustre écrivain Jean Baptiste Tati Loutard, un de ses pairs à qui il vouait, comme aux écrivains Sylvain Mbemba, Matondo Koubou Touré et autres, une grande sympathie.  

L’hommage a été marqué par des témoignages sur l’homme de Magdalie Carine Makita et de Tchitchélé Tchivéla, ancien ministre, membre de la fratrie des écrivains congolais et doyen des écrivains de Pointe-Noire, qui l’a côtoyé. Il en ressort que Phillipe Makita était un écrivain de qualité et original, une valeur sûre et un père très attentionné qui a su transmettre à sa fille aînée l’amour des belles-lettres et lui inculquer les valeurs importantes de la vie : «Mon père a influencé ma vie tout entière au point que je me suis toujours inspirée de lui, de cette énergie poétique  qu’il m’a transmise comme un souffle, cette énergie dans laquelle je me ressource toujours pour aller de l’avant, pour regarder le monde avec beaucoup d’optimisme», a confié Magdalie Carine Makita.

La jeune femme qui est sur les traces de son père a signé dans Les nouvelles voix de la poésie congolaise parue aux éditions Monde Noir en 2003 et dans le recueil de poèmes publié en hommage à Édith Lucie Bongo. Alphonse Nkala, directeur départemental du Livre et de la Lecture publique de Pointe-Noire, a d’ailleurs confirmé «qu’elle a du talent et qu’elle mérite d’être soutenue.»

D’après Tchitchélé Tchivela, la disparition brusque de l’écrivain a secoué le monde de la littérature congolaise. «C’est Tati Loutard qui m’avait annoncé  son décès. Nous étions tellement bouleversés que nous sommes restés longtemps silencieux», a-t-il expliqué avant d’ajouter : «Phillipe était une plume sûre qui allait briller au firmament des lettres congolaises.  Il avait lu la plupart des écrivains congolais, et cela suscitait beaucoup d’admiration.  Il a tout lu, même la Bible». S’adressant à l’auditoire, le doyen a  conseillé : « Si vous voulez être des grands écrivains ne faite pas de lecture sélective. Lisez tout ». Puis il a insisté : «Retenez que  l’école du génie littéraire c’est la culture universelle diversifiée. Soyez vous-mêmes, faites comme Phillipe Makita, affirmez-vous et le Congo vous sera reconnaissant.»

C’est très tôt que la passion pour les belles-lettres naît en Phillipe Makita. Dès le collège, il écrit ses premiers poèmes. Et c’est en 1978 qu’est publiée sa première œuvre écrite au lycée, un recueil de poèmes intitulé Sandales retournées paru en 1978 aux éditions Saint-Germain-Des-Prés de Paris, œuvre dédiée à Tati Loutard et dont le premier texte, intitulé Bénédiction, a été préfacé par Arlette Chemin. Poète, romancier, critique littéraire et autres, Phillipe Makita a laissé plusieurs œuvres parmi lesquelles : La Nouvelle anthologie de la littérature congolaise (aux éditions Hatier international de Paris 2003) qu’il signe avec son ami Jean Baptiste Tati Loutard, le recueil de poème intitulé  Femme mon paysage (aux éditions Acoria de Paris 2003), la pièce de théâtre Les talons de la souffrance, le roman Le pacte des contes paru en 2004 aux éditions La Bruyère de Paris.

Dans ses œuvres, il aborde les thèmes sur la femme, le travail, la métaphysique, le soleil, la mer, le littoral... Il a participé à la publication de l’Anthologie des littératures francophones d’Afrique centrale. Ses communications sur les écrivains congolais sont publiées dans des ouvrages collectifs. L’homme a aussi laissé une œuvre intitulée Lettres solaires suivie de Ghimelys le soleil des enfants, une compilation de poèmes de jeunesse écrit avec sa fille aînée non encore publié faute d’édition. Au cours de la cérémonie qui a aussi été ponctuée par la lecture des extraits de textes de Phillipe Makita par l’écrivain Socathe Mavouba, Tchitchélé Tchivéla a pris l’engagement d’aider à la publication du livre.

Bien qu’il ait laissé derrière lui une oeuvre considérable, Phillipe Makita reste peu connu au niveau national et international. De ce fait, Alphonse Nkala a invité les Congolais à redécouvrir l’écrivain ainsi que ses œuvres. Il les a aussi appelés à pérenniser l’œuvre des écrivains du pays. «Les écrivains sont les phares qui nous éclairent et illuminent notre chemin. Leurs œuvres doivent être mises à la portée de la jeunesse que nous devons former : faisons de sorte que nos écrivains redeviennent les référentiels essentiels de cette jeunesse dont le Congo de demain attend tout le bien de son épanouissement. Il  n’ y a pas un peuple qui s'est épanoui et s'est développé en occultant l’action de ses écrivains», a –t-il conclu. Notons que la cérémonie s'est déroulée en présence d'Arnauld Nkouka, directeur départemental du Patrimoine et des Archives de Pointe-Noire.

Lucie Prisca Condhet N’Zinga

Légendes et crédits photo : 

-Magdala Carine Makita entourée de Tchitchélé Tchivela et Arnauld Nkouka, à gauche, et d'Alphonse Nkala et Socathe Mavouba à droite

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