Les écrivains du Congo croient en l’avenir de leur littératureLundi 16 Décembre 2013 - 19:00 « Bâtir des ponts culturels » a été le leitmotiv des festivités commémorant les 60 ans de la littérature congolaise. À l’Institut français du Congo de Pointe-Noire, deux tables rondes ont été, le 13 décembre, animées respectivement par les écrivains dits de l’ancienne génération et par ceux de la nouvelle génération, sur le thème « Quel avenir pour la littérature au Congo ? » Le président de l’Union nationale des écrivains et artistes du Congo, Henri Djombo, les critiques littéraires Noël Kodia Ramata et Mukala Kadima Njuji, et les écrivains André-Patient Bokiba et Georges Mavouba-Sokate, ont animé la première table ronde sous la modération d’Alphonse Nkala, directeur départemental du livre et de la lecture publique du Kouilou. « Bâtissons des ponts culturels Nord-Sud » à l’instar de Jean Malonga, patriarche des écrivains congolais, dans son Cœur d’Aryenne qui unit Solange à Mambéké dans une belle leçon d’amour contre le cynisme humain, dans l’ignorance et le mépris des uns pour les autres, encore et toujours pour la tolérance : tel a été le thème référence de ces journées. Visionnaire, Jean Malonga a délivré dans ce roman paru en 1953 un message d’unité à entretenir dans la société et le monde des lettres. La littérature congolaise est florissante, ont reconnu les orateurs. Elle prend ancrage dans notre environnement, avec la forêt présente dans la plupart des œuvres littéraires. Les romans La légende de Mfumu mâ Mazono de Jean Malonga et La vie et demie de Sony Labou Tansi, sont une parfaite illustration. « L’écrivain écrit sur son environnement et la forêt fait partie de notre environnement. L’écrivain congolais, comme ses collègues de l’Afrique centrale, écrit beaucoup sur la forêt qui constitue souvent son refuge contrairement aux écrivains de l’Afrique de l’Ouest qui ne l'évoquent presque jamais parce qu’ils n’ont pas de forêts », a expliqué Mukala Kadima Njuji. Pour André Patient Bokiba, l’identité de la littérature congolaise se manifeste aussi par l’attachement au terroir qui est quelque chose de singulier chez les écrivains congolais. Même les écrivains vivant à l’étranger, tels Henri Lopes vivant à Paris, dans Un enfant de Poto-Poto, et Alain Mabanckou, qui vit aux États-Unis d'Amérique, dans Lumières de Pointe-Noire, évoquent leurs racines et y font souvent recours, ce qui fait dire à Henri Djombo : « L’écrivain se promène avec son imaginaire. » La vitalité de la littérature congolaise, explique Mukala Kadima Njuji, vient du talent des écrivains, qui pour magnifier leurs œuvres, ajoutent une touche d’esthétique dans leurs romans, nouvelles, pièces de théâtre et poésie. « Les grandes révolutions dans le monde ont été des révolutions esthétiques », a-t-il ajouté. Selon Noël Kodia Ramata, du roman linéaire à ses débuts, on a connu un bouleversement d’écriture à partir des années 1980, avec Sony Labou Tansi et Henri Lopes, qui ont mis de l’esthétique dans leurs œuvres, imités aujourd’hui par Alain Mabanckou. Sur la prédominance du roman dans la littérature congolaise, Georges Mavouba Sokate a rappelé que l’important était que l’on se sente à l’aise dans son genre. Ainsi, la littérature congolaise a toujours été marquée par cette confraternité entre les écrivains, aimant échanger entre eux. Une fratrie légendaire entretenue par Sylvain Bemba, Sony Labou Tansi, Jean Baptiste Tati Loutard, Henri Lopes, qui s’échangeaient régulièrement leurs manuscrits pour correction avant la publication. « L’avenir de la littérature congolaise est radieux, à condition que tout le monde s’implique », ont-ils reconnu. L’institution littéraire doit être mise en place - par les medias qui véhiculent la littérature, les enseignements littéraires, les bibliothèques, les salles d’exposition et les maisons d’édition -, sans oublier les instances dirigeantes et l’organisation des grands prix. Henri Djombo a par ailleurs annoncé l’organisation prochaine d’une assemblée générale de l’Union, d’où sortira un Livre blanc de l’art au Congo. Les écrivains de la nouvelle génération (Hugues Eta, Huguette Ganga Massanga, Aimé Eyengué et Huppert Malanda) ont dit défendre la fratrie et propulser davantage les lettres congolaises, comme ce fut le cas naguère avec leurs aînés. « Comme la force du baobab qui est dans ses racines, exprimons notre amour pour le Congo, nos racines pour entretenir le baobab de notre mémoire collective », a précisé Aimé Eyengué. Un concours d’orthographe et d’écriture, et la lecture publique de textes congolais écrits en prose, en poésie, sous forme de théâtre, de roman, de conte ou de slam, ont mis fin aux festivités. Hervé Brice Mampouya Légendes et crédits photo :Les écrivains et critiques littéraires posent pour la postérité à Pointe-Noire.
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