Le pétrole, moteur du djihadisme?

Samedi 5 Décembre 2015 - 17:45

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Directeur de l’organisme catholique Aide de l’Église en détresse, Marc Fromager estime que le monde a tort de rester indifférente au sort des chrétiens d’Orient.

Le parti-pris de Marc Fromager est évident, il sourd déjà du sous-titre de son livre « Guerres, pétrole et radicalisme » puisqu’il estime que (les) « chrétiens d’Orient (sont) pris en étau ». De prime abord, il apparaît donc qu’en catholique, il veuille surtout tirer frénétiquement la sonnette d’alarme pour que le monde se réveille au drame que subissent les chrétiens d’Orient. Chassés de leurs terres ancestrales (où ils étaient établis bien avant l’islam) par le khalifat de l’État islamique, ils ont fui la plaine de Ninive pour se réfugier au Kurdistan irakien, où il n’est pas dit qu’ils soient plus en sécurité. « Certes, ils ne sont plus en danger de mort au Kurdistan, mais concrètement, ils n’ont aucun avenir », souligne l’auteur.

Le pape François a pu parler d’un génocide des chrétiens en Orient. Les poussées islamistes – wahhabites – continuent d’exercer une telle pression sur les chrétiens d’Orient que leur nombre n’est plus que la portion congrue en Irak ou en Syrie. Dans les émirats, les chrétiens ne sont plus que les travailleurs étrangers dans les chantiers confirmant aux yeux des personnes à faible analyse l’ide d’une religion étrangère, qui n’a aucune justification à s’y implanter. En Irak, on est passé de 1,5 millions de chrétiens il y a 25 ans à 250.000 aujourd’hui.

L’auteur développe avec une plume alerte les drames de ces chrétiens, de l’Iran au Liban. Il parle du drame des minorités dans ces régions en général. Il parle aussi, un drame dans le drame vu la situation présente, de la constellation de ces communautés chrétiennes divisées entre catholiques, orthodoxes, coptes, gréco-melkites, siro-malabars, chaldéens etc… : « de quoi y perdre son latin », affirme l’auteur. Mais il serait erroné de conclure que le sort des chrétiens importe plus que celui des autres minorités puisqu’aucune n’est épargnée par une lutte de suprématie entre chiisme et sunnisme.

Qui plus est, Marc Fromager prévient : il serait irresponsable, presque suicidaire, de regarder à ce spectacle en spectateur confortablement assis sur un gradin d’arène. C’est le sort et l’équilibre du monde qui se jouent aussi. « Aujourd’hui, nous sommes au sud de Rome, sur la terre islamique de Libye, nous envoyons un message aux croisés. Cette mer dans laquelle vous avez jeté le corps du cheik Oussama Ben Laden, nous jurons de la remplir avec votre sang ». Cette mise en garde est de l’État islamique, quelques minutes avant de décapiter 21 coptes érythréens et éthiopiens le 21 février dernier en Libye.

Le livre (rappel : publié en septembre dernier, Edition Salvator) inclut deux chapitres malheureusement prémonitoires au vu de l’actualité de douleur qui a frappé la France le 13 novembre dernier au Bataclan et au Stade de France. Dans la torpeur, le monde a du mal à se rendre compte : avec l’immigration de masse, « on ne peut que craindre l’extension de zones chaotiques telles qu’on les connait aujourd’hui en Libye ou au Moyen-Orient (…) C’est ce que nos frères du Moyen-Orient ne cessent de nous répéter (…) abasourdis devant notre confondante naïveté ».

L’autre chapitre est encore plus direct. Intitulé « nos voisins djihadistes », il se compose d’une citation de la chroniqueuse Alice Tulle du journal français France Catholique qui prévient : « dans de nombreux quartiers de France ‘périphérique’(…) la criminalité ambiante et l’absence de projet collectif peuvent inciter à partir pour le Moyen-Orient (faire le djihad, Ndlr), ou à commettre sur place, au nom d’une religion réduite à quelques slogans, l’attentat purificateur qui retentira dans le monde entier ». Charlie Hebdo était déjà loin dans le temps, mais le Bataclan était à venir. Car, ajoutait la chroniqueuse, du fait de « l’effacement du marxisme, l’islam radical reste la seule idéologie de la révolte ».

Lucien Mpama

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