Le 2è Carnaval africain de Rome a connu la participation des CongolaisVendredi 8 Juillet 2016 - 21:39 Discrètes mais essentielles dans l’organisation et la manifestation elle-même, les Diasporas des deux Congo en Italie ont pris part au Carnaval de Rome. Pour la deuxième année consécutive, les Romains se sont réveillés samedi 2 juillet dernier aux sonorités et ambiances africaines. En plein cœur de Rome, sur la mythique Piazza del Popolo, la diaspora des Afriques s’est donné rendez-vous pour être vue et entendue. Afriques, au pluriel, car les participants ne se sont pas limités aux originaires de l’Afrique sub-saharienne, ni même à l’Afrique du Nord (Egypte et Mauritanie notamment) : la manifestation a embrassé les fils et filles essaimés par «la Mamma Africa » aux quatre coins de la planète. Et la fête a été belle ! Des Cubains, des Brésiliens, des Vénézuéliens, des Dominicains, des Péruviens, des Martiniquais… ont répondu présents à l’invitation lancée par le Mouvement des africains, présidé par l’Ivoirien Gaoussou Ouattara, à « venir faire la fête ». L’écho a sans doute été rehaussé par la balle saisie au bond par l’ambassade de Haïti en Italie, qui a tenu cette année à ne pas se laisser conter l’événement. Le consulat s’est dépensé dans tous les sens du mot pour faire en sorte que ce festival soit une brillante réalité appelée à s’insérer dans les mœurs et traditions estivales dans cette Italie de plus en plus multi-ethnique et, donc, multiculturelle. D’ailleurs, les Italiens eux-mêmes sont venus en masse. Leur participation ne s’est pas limitée à regarder danser et chanter ; ils se sont littéralement jetés dans la mêlée avec l’esprit joyeux de qui voit se consolider un événement promis à être de plus en plus romain et italien. La région du Latium (Le Lazio) a apporté son soutien, tout comme la mairie de Rome qui, tout en étant aux premières heures d’installation de sa nouvelle administration que les Africains regardent avec appréhension, n’a pas voulu brutalement rompre avec les engagements pris par l’équipe municipale précédente. Et les sponsors de toutes tailles ont suivi ! De 14h jusqu’à minuit passé, le Festival a battu son plein au cœur de la Cité éternelle, brisant la monotonie d’une entrée surchauffée (au propre) dans la saison d’été. Le 2è Festival Africain d’Italie a également été l’occasion de présenter le Prix institué par le Mouvement des Africains : le Prix Marco Pannella. Du nom du fondateur du Parti radical transnational italien, ce prix entend désormais récompenser toute personnalité qui se sera montrée proche des immigrés en Italie et aura fait preuve d’humanisme pour eux à l’instar de Marco Pannella, le vieux loup de la politique italienne décédé le 19 mai dernier à 86 ans. Ateliers de dessin et de narration accompagnés d’une dégustation du café traditionnel éthiopien et érythréen ont suivi. Tout comme des dégustations de mets africains ; des exhibitions de danses nigérianes et haïtiennes ; des déclamations de poèmes ou des récitals divers accompagnés du djembé, le tam-tam de toujours, de kora ou de balafon ; du segà mauricien typique et d’autres rythmes et particularités africaines du Cameroun, du Ghana, du Cap-Vert ou de Somalie. L’Afrique lointaine et proche s’est vraiment donnée rendez-vous à Rome ; s’est réunifiée à Rome grâce à la langue italienne et l’appartenance à une réalité en fusion pour les immigrés de deuxième génération voulant raviver en terre italienne la mémoire des terres d’origine. Et les Congolais ? Ils ont répondu présents eux aussi. Au pluriel. Le Congo-Brazzaville a vu « sur le pont » deux de ses figures emblématiques de ce genre de manifestations, Christiane Ivossot et Karelle Tchissambou : bourrasques véritables dès qu’il s’agit d’entraîner les foules. Et toujours présentes là où l’Italie est appelée à « découvrir l’Afrique que les médias ne montrent pas », comme le proclame un des manifestes du Mouvement des Africains. Le stand DCBI (Diaspora du Congo-Brazzaville en Italie, voir photo) est venu proposer à la découverte quelques pièces artistiques du pays. Les masques, les pagnes et… les drapeaux des deux Congo, essentiels pour la distinction. Les deux pays se sont joints au défilé des masques qui était en programmation. Mais ils ont surtout donné le coup de pouce décisif pour que l’ensemble du Carnaval soit effectivement une fête des couleurs et des sons. La République démocratique du Congo est venue ajouter la note de somptuosité musicale là où le souvenir de tous était, à l’unisson, sans doute tourné vers un homme qui aurait été à l’aise à Piazza del Popolo, où il n’a jamais chanté de son vivant : Papa Wemba. Il aurait été à sa place au défilé de la sape. Il n’était pas là, mais il était dans la tête de tous. Dans le cœur de tous dans cette ville de Rome qu’il a tant fréquentée.
Lucien Mpama Légendes et crédits photo :1- Le Stand du Congo (Crédit Photo Adiac)
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