Interview : Sisto Caryl Obondoko Ellangui revient dans son ouvrage sur les motivations qui l'ont poussé à partager son expérienceMardi 5 Novembre 2013 - 14:45 Sisto Caryl Obondoko Ellangui est jeune cadre dans une entreprise pétrolière à Pointe-Noire et rien ne le disposait certainement à l’écriture. Mais la rude épreuve traversée lorsqu’on lui découvre une leucémie fait partie du déclic qui le conduit à partager ce témoignage poignant à travers l’écriture des cent onze pages de son premier ouvrage intitulé Une maladie incurable n’est pas la fin du monde, paru chez L’Oasis cette année. Le livre est en vente (10.000 FCFA) à la librairie des Dépêches de Brazzaville Les Dépêches de Brazzaville : Pourquoi avez-vous publié Une maladie incurable ce n’est pas la fin du monde ? Sisto Caryl Obondoko Ellangui : Pour transmettre une expérience difficile et douloureuse le contenu de mon titre est évocateur. Quand on a souffert, connu le rejet, l’hypocrisie, le regard des gens, on se dit une fois sorti de là qu’il est important de communiquer et de transmettre. Pour que ceux qui sont dans la même situation comprennent que ce n’est pas la fin du monde mais qu’on pourrait trouver une force et une autre manière de voir la vie. LDB : Ce livre est un témoignage. Pourquoi partager sa souffrance avec le monde ? S.C.O.E. : La souffrance, on a souvent l’impression que ça ne se passe que chez les autres et si on ne se positionne pas devant son identité, cela peut passer comme une fiction. À la base j’avais changé les noms des personnages et certaines personnes à qui j’avais fait lire le manuscrit m’ont fait remarquer qu’il fallait que je me mette en scène directement, vu que je voulais faire un témoignage. Il était bien de donner les noms réels pour que ceux qui veulent toucher du doigt comprennent. LDB : De quoi parlez-vous à travers ce livre ? S.C.O.E. : C’est l’histoire d’un garçon que je suis qui avait une vie sans histoire et aussi une vie professionnelle qui marchait bien ; et qui apprend lors d’une visite médicale qu’il est atteint d’une maladie à l’époque dite incurable par le médecin : la leucémie. Complètement déboussolé dans ce désespoir, il cherche plusieurs voix de guérison notamment avec les tradition-praticiens, la médecine. Plusieurs démarches jusqu’à se rendre compte qu’il y avait un médicament qui existait au stade expérimental mais qu'il fallait le prendre en Afrique du Sud. J’ai fait le déplacement et c'est plus tard que l'on a appris qu’il n’y avait plus de maladie... Mais entre temps, il y a eu la découverte de Dieu : c’est important d’en parler, d’attirer l’attention de quelqu’un d’autre qui vit la même chose que moi ; c'est important car ce n’est pas la fatalité dans la mesure où il y a un Dieu qui te regarde et qui peut intervenir dans ta situation. LDB : Vous estimez que le fait d’être guéri de cette leucémie s’est fait à deux niveaux ? Y a-t-il donc eu une intervention divine et médicale ? S.C.O.E. : C’est complètement faux de croire que la médecine ne sert à rien, je ne m’inscrits pas dans ce registre-là. Parce que quand je prends les écritures, même Jésus lorsqu’il guérissait les gens, il prononçait une parole ou il prenait du sable qu'il mettait sur les yeux de la personne. Il n’y a pas de schéma stéréotypé. Les chercheurs ou les médecins qui font des études pour découvrir des remèdes pendant des longues années sont inspirés par l’intelligence divine. Les médicaments oui mais il y en a qui en prennent et décèdent quand même. Je prenais des médicaments qui étaient au stade expérimental et même en les prenant, j’ai vécu avec des personnes dans un foyer qui recevait des malades. Je me suis naturellement posé la question de savoir si la vie était un hasard ou si j'étais né pour accomplir quelque chose. Dans mon cas, c’est cela. LDB : À travers cet ouvrage, voulez-vous édifier, interpeller ou témoigner ? S.C.O.E. : Faire les trois dans la mesure où je peux témoigner par rapport à ce que j’ai vécu. Malgré le fait que l’on nous dise que la maladie est incurable, il n'y a rien à faire mais c’est toujours possible parce qu’aujourd’hui la science a fait des progrès énormes et aussi Dieu parce que j’ai survécu à quelque chose qui me paraissait à l’époque insurmontable et m’a permis de découvrir une autre facette de la vie : avoir d’autres combats. Aujourd’hui je m’occupe des orphelins mais je n’avais pas conscience avant cette maladie du côté éphémère de la vie. Voilà pourquoi j’insiste : derrière ce que tu vis tu peux apprendre un autre côté de la vie que tu ne voyais pas lorsque tu étais bien portant LDB : Avez-vous d’autres ouvrages en chantier ? S.C.O.E. : Le prochain est prévu pour fin 2014 et s’intitulera Vous n’êtes pas stérile. C’est un autre témoignage que j’ai vécu car au sortir de cette maladie les médicaments que je prenais avaient détruit une partie des cellules reproductives. Là encore, la bonté de Dieu s’est manifestée et je vais en parler dans mon prochain livre pour justement dire que Dieu n’est pas l’appartenance à une Église mais il est là et nous regarde et intervient. Suivront ensuite Un mariage difficile et La puissance de l’aumône. LDB : Quel est votre message pour conclure ? S.C.O.E. : Je voudrais faire passer un message d’espoir, ne jamais désespérer même quand les choses semblent perdues, que ce soit dans la maladie ou dans les épreuves car Dieu a toujours une alternative, il faut juste en disposer. Hermione Désirée Ngoma Légendes et crédits photo :Photo 1 : Sisto Caryl Obondoko Ellangui
Photo 2 : La couverture du livre Une maladie incurable ce n’est pas la fin du monde |