Interview. Précieux Rundahindwa : « Les cheveux se cassent parce qu'ils s'abiment au niveau de l’usine capillaire »

Vendredi 4 Mai 2018 - 19:00

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Plusieurs Congolaises de tous les âges sont dépourvues de cheveux à la base du front à cause des mauvais traitements qu’ils leur infligent avec les défrisages, les tractions des tresses au fil ou à la main, les tissages, etc. Aussi, les cheveux naturels reviennent à la mode avec la tendance nappy mais ce n’est pas assez pour assurer leur pousse comme l’a expliqué, au Courrier de Kinshasa ,l’esthéticienne. Elle propose un produit naturel à base de soya pour aider à la reconstitution de l’usine capillaire et résoudre le problème.

Précieux Rundahindwa présentant sa gamme de produits Soya OkapiLe Courrier de Kinshasa (L.C.K.)  : Pourriez-vous vous présenter à nos lecteurs ?

Précieux Rundahindwa (P.R.) : Je suis Précieux Rundahindwa. Je fabrique des produits cosmétiques à base de soya dont la première gamme est une révélation pour les cheveux. Elle aide à la reconstitution de l’usine capillaire, c’est une innovation, parce que cela n’a jamais existé. Sur le marché, nous avons plus de produits qui restaurent, lissent, etc. Mais l’on oublie souvent qu’avant de faire quelque chose de conséquent, il faut d’abord attaquer là où le cheveu pousse, là où il sort, à la base. L’on a remarqué que les cheveux se cassent parce que déjà, à la base, au niveau de l’usine capillaire, ils étaient abimés. Grâce au produit Soya Okapi, le mécanisme se remet en marche afin que vous ayez un résultat optimal.

L.C.K. : Soya Okapi serait-il une sorte de solution miracle contre l’alopécie  ?

P.R. : C’est une grande solution mais il faut que la personne qui l’applique soit persévérante. Parce que le tout n’est pas de commencer un traitement, il faut le suivre scrupuleusement, ne pas avoir des moments d’absence, un jour sur deux au lieu de le suivre correctement, quotidiennement. Il faut être une personne résistante qui va jusqu’au bout de son objectif.

L.C.K. : Quelle durée de traitement conseillez-vous pour obtenir des résultats ?

P.R. : Le traitement est fonction des dégâts subis au niveau de l’usine capillaire. Qu’à cela ne tienne, le délai minimum de traitement recommandé est de six mois. L’application du traitement se fait avec les eaux capillaires, les masques, les baumes constitués de pommades et des pulvérisations ainsi que des huiles de massage pour fabriquer diverses recettes de produits naturels.

L.C.K. : Mais votre produit semble avoir un certain coût…

P.R. : Le soya est une huile précieuse que l’on récolte assez difficilement, l’on tire peu d’huile d’une grande quantité de fèves. Pour espérer tirer une quantité importante d’huile, il en faut une très grande de fèves. Le produit a un certain coût car dans le processus de la production, la filière comprend la personne qui fait le tri, celle qui moud, cela explique les prix assez élevés des produits proposés.

L.C.K. : Comment peut-on s’assurer de la bonne qualité de vos produits ?

P.R. : Dans les produits Soya Okapi, il n’y a pas de pétrole. Car, les produits capillaires proposés habituellement contiennent du pétrole, c’est-à-dire la vaseline ou de l’huile de paraffine. Soya Okapi est un produit naturel apte à aider à avoir les meilleurs cheveux en assurant la reconstitution de l’usine capillaire. C’est cela la base. Une fois l’usine capillaire reconstituée, la suite du traitement concerne la germination du cheveu suivie de celui qui va assurer une meilleure pousse pour la longueur, etc.

L.C.K. : Qu’est-ce donc l’usine capillaire ?

P.R. : L’usine capillaire est située en dessous du cheveu. C’est tout un mécanisme avec des cellules car le cheveu vit. Au niveau de l’hypoderme, il y a notamment les glandes sébacées et toute une forme de vie qui permet d’avoir le cheveu que nous voyons. D’ordinaire, lorsque l’on se blesse, les plaies saignent et se cicatrisent. Et au lieu de la cicatrice, la peau ne vit plus. C’est pareil avec les défrisages et les tractions des cheveux lors des tresses qui agressent la peau et quand cela cicatrise, il n’y a presque plus de pores. Nous provoquons des cicatrices dans l’usine capillaire et à cet endroit là, il n’y a plus d’échange, c’est-à-dire que l’on va vous proposer un produit qui ne va pas faire de l’effet, parce qu’il sera bloqué par la cicatrice et ne va pas entrer dans l’usine capillaire. Tandis que les massages et tous les produits Soya Okapi font que cette usine se remette en marche.

L.C.K. : Vous prônez le nappy, le retour aux cheveux naturels ?

P.R. : Oui, je préfère, parce que le cheveu défrisé est déjà mort. Je préfèrerai que quelqu’un accepte de couper ses cheveux afin qu’il ne soit pas tenté de faire des rasta, des crochets ou toute sorte de coiffure. Car tout cela empêche de suivre le processus normal du traitement car dès que vous commencez à mettre vos rastas, l’on ne peut pas vous mettre les produits puisqu' il y a des pâtes à faire et vous cassez la chaîne du traitement. Je préconise d’avoir les cheveux coupés très courts pendant un certain temps, les miens le sont en ce moment, pour ne pas convoiter les coiffures à la mode ou faire des tresses, etc., comme cela, les produits vont bien entrer dans l’usine capillaire et le traitement sera conséquent.

L.C.K. : Où prodiguez- vous tous ces soins capillaires  ?

P.R. : J’ai un salon de coiffure chez moi, il faut prendre rendez-vous. J’ai aussi une école qui est en activité en dehors de mes heures de travail, entre juillet et septembre. Je consacre trois mois à apprendre aux jeunes filles la pratique du métier. Je le faisais à Bandal mais à partir de la prochaine session, je déménage pour l’UPN. Je me focalise surtout sur la beauté des cheveux et la fabrication des produits. Je ne suis pas une coach capillaire mais j’aide plutôt à la reconstitution de l’usine capillaire, parce que j’aimerais que les femmes retrouvent la beauté de leurs cheveux, cela me tient vraiment à cœur.

L.C.K. : Quelle expertise avez-vous pour concocter tous vos produits  ?

P.R. : Je suis esthéticienne de visage à la base. Quand je suis revenue ici à Kinshasa, je suis allée à l’Ebes pour apprendre la coiffure, c’est là que j’ai appris à faire les premières pommades. Puis, au fil du temps, en donnant cours aux jeunes filles à mon école en leur apprenant à mon tour à faire des pommades, j’ai décidé de m’y remettre. Il se fait que les produits utilisés dans tous les salons de coiffure ne sont pas congolais et même pas africains, je peux dire. Dans mon salon, j’utilise plutôt des produits de ma propre fabrication partant de ce que j’ai appris à l’Ebes et grâce à internet, j’ai pu améliorer certaines choses. Mais encore, avec la formation sur la résistance face à la concurrence étrangère organisée à Wallonie-Bruxelles, j’ai appris à mieux présenter ces produits made in Congo afin qu’ils puissent être compétitifs sur le plan international.

L.C.K. : Il y a-t-il une raison particulière à cette appellation Soya Okapi ?

P.R. : Oui, c’est le Seigneur qui m’en avait donné la formule et m’a fait comprendre que tout comme l’Okapi, cet animal que l’on ne trouve qu’au Congo, les produits que je fabrique sont également uniques, ils ne se trouvent qu’ici. Autant l’Okapi a de la renommée, autant eux aussi en auront dans le monde entier grâce à leur fonction spéciale.

 

Propos recueillis par Nioni Masela

Légendes et crédits photo : 

Photo : Précieux Rundahindwa présentant sa gamme de produits Soya Okapi

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