Interview. Olivier Tshimanga : « Chacun a des droits à faire prévaloir dans les morceaux joués »

Mercredi 26 Mars 2014 - 17:15

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Artiste de talent connu comme un virtuose de la guitare, mis à contribution dans la réalisation de plusieurs albums, Olivier Tshimanga a à son actif 1 027 albums, le 1 028 en cours est Flèche Ingeta du « Phénomène » Werrason. Également chanteur, il a épousé la cause humanitaire et celle des instrumentistes dont il revendique les droits, des sujets dont il parle ici.

Olivier TshimangaLes Dépêches de Brazzaville : Quels sont jusqu’ici les tournées, les concerts les plus marquants de votre carrière de guitariste  ?

Olivier Tshimanga  : C’était la tournée avec les Boyz II men en 2010. Nous avions parcouru presque toute la France avec Marc Antoine en première partie. Les Boyz II men font partie des icônes de la musique R’nB alors tourner avec eux pour plusieurs dates m’a donné l’occasion de faire pas mal de Zénith, sur les 200 que compte la France. Il y a eu également le concert de Papa Wemba au New Morning mais aussi mon concert dans une péniche à Paris. Il y en a plein d’autres mais ceux-là restent les plus marquants car j’ai apprécié la simplicité des stars mondiales comme les Boyz II men qui ont cartonné dans toute la planète avec qui tu partages les loges et te traitent d’égal à égal, c’est une belle leçon d’humilité.  

LDB : À ce qu’il paraît vous ne comptez pas vos collaborations, qu’en est-il au juste  ?

OT  : Dans mon effectif, j’ai réalisé 1028 albums en comptant Flèche Ingeta de Werrason que je suis en train de réaliser en ce moment. Je suis aussi encore une fois marqué par le fait que je suis arrivé à un point où les aînés que j’écoutais quand j’étais enfant recourent à mes services, ils me prennent pour travailler dans leurs projets. Ma participation à pas mal de festivals, surtout le Womex à Londres avec Tambours de Brazza et celui de Copenhague avec Papa Wemba sont des événements importants. Et je crois que ce sera encore un grand moment j’y serai vers la fin de l’année cette fois avec mon album Espoir.  

LDB : Vous venez de passer plus d’un trimestre à Kinshasa en provenance de France, quelle est la raison de ce long séjour  ?

OT  : Ma présence à Kinshasa signifie beaucoup de choses car c’est ma terre que je retrouve dix ans plus tard, depuis mon départ en tournée avec Bana OK. Je suis revenu pour présenter mon album Espoir qui sort bientôt, c’est donc la première grande raison et la deuxième c’est la mise en place de mon ONG, la Fondation Olivier Tshimanga. Elle s’occupera des enfants de la rue, des personnes vivant avec handicap et viendra aussi en aide aux femmes victimes de viols dans l’est du pays. Si j’envisage de faire asseoir ma fondation, j’ai aussi en vue la construction d’un orphelinat à Kinshasa et une école de musique de Tshimangologie music center pour la formation des guitaristes et autres instrumentistes. Je procède aussi au tournage de quatre clips de mon album dont Yo nani ?, Amour de ma vie et Oza malamu Nkolo.

LDB : Un mot sur votre concert prévu début avril à l’Institut français  ?

OT  : Je tenais à livrer un concert au profit des enfants de la rue. Je serai sur la scène de la Halle de la Gombe le 5 avril avec soixante guitaristes pour l’interprétation de la pièce Tshimangologie guitare. Pour moi, ce sera l’occasion de mettre en avant les guitaristes comme moi. La meilleure manière de les valoriser parce qu’ici, j’ai la nette impression que les instrumentistes sont négligés, surtout les guitaristes alors qu’ils font un travail de titan dans les groupes connus aujourd’hui. Au final, les honneurs ne sont rendus qu’à une personne, les instrumentistes et tous les gens qui travaillent autour du chanteur sont payés en monnaie de singe. Je ne dis pas que je vais mettre un terme à la misère du monde mais en procédant de cette façon, je voudrais faire en sorte que tout le monde profite de ses droits. Chacun a des droits à faire prévaloir dans les morceaux joués çà et là, il suffit de bien structurer les choses. Mon autre combat serait de créer un syndicat des artistes interprètes, tous ceux qui participent à la réalisation d’albums, les choristes, etc. afin qu’ils bénéficient aussi aux droits voisins.

LDB : Qu’est-ce donc la Tshimangologie  ?

OT : Au départ, la Tshimangologie c’est un style que j’ai imposé dans la rumba congolaise aujourd’hui. Un style différent de ce que l’on entend habituellement. Je ramène un peu de guitare flamenco, andalouse, jazzy, blues, etc. dans la rumba. Je l’ai fait dans pas mal d’albums notamment de Papa Wemba et Ferre Gola. La Tshimangologie c’est une façon contraire, de voir la guitare, ma manière de la voir et de la rendre tout à l’inverse de ce qui se fait. Je m’exprime de cette manière, c’est un style, un jeu de guitare personnel. C’est un concept au-delà duquel il y a toute une vision porteuse de plusieurs projets. Par-delà l’expression artistique, la mise sur pied d’une chaine de télé et radio, la construction d’un hôpital. Une façon d’apporter sa pierre à l’édifice Congo.

Nioni Masela

Légendes et crédits photo : 

Olivier Tshimanga