Interview. Moli Mokelenge : « Nous progressons, nous ne restons pas figés »Jeudi 7 Août 2014 - 19:38 Guitariste et chanteur comme son mentor Jean Goubald, Marc Mokelenge Molife dit Moli n’a pas tort de se tenir pour « la pièce majeure du groupe » de ce grand artiste qui le considére comme son fils et se plaît à le présenter de la sorte. C’était encore le cas le 2 août au restaurant The River où, en bon élève de son père, Moli a livré un concert apprécié par le public, le premier depuis le rendez-vous manqué des VIIe jeux de la Francophonie, il tenait à démontrer avoir fait son chemin depuis la compétition qu’avait abritée Nice en septembre 2013. D’où le nom « Ekomeli ekomeli » donné au spectacle offert autour d’un répertoire de quinze morceaux produit par M M Prod., le label de production mis récemment sur pied par l’artiste lui-même. Les Dépêches de Brazzaville : Que nous a valu le remarquable retour sur scène de samedi dernier ? Moli Mokelenge : J’ai mis en route un nouveau projet et cela fait un certain temps que je ne suis pas apparu sur scène de façon personnelle. J’avais l’ambition de réaliser un album. Comme cela me prend un certain temps, car il faut des moyens suffisants pour cela, nous y allons mollo. Mais je devais répondre à la demande du public qui se montrait impatient. Des gens apprécient ma musique après m’avoir écouté quelques fois, j’ai pensé qu’il fallait leur offrir de quoi les calmer.
LDB : Presqu’une année après le rendez-vous manqué de Nice, ce concert n’était-ce pas aussi pour montrer que le groupe a fait du chemin depuis ? MM : En effet, surtout que depuis un moment, je ne veux plus jouer comme je le faisais autrefois. Il faut dire que la préparation du spectacle à présenter aux VIIe jeux de la Francophonie m’avait porté à m’y prendre autrement de sorte à réaliser un spectacle qui puisse avoir de l’audience partout ailleurs. Je pensais en faire un bien meilleur que les précédents. Avec les amis, nous avons passé une année dans l’ombre et avons mis à profit ce temps pour peaufiner et enrichir notre répertoire. J’ai joué deux morceaux de deux d’entre eux. Il y avait donc un titre que je me suis contenté d’interpréter alors que la musique est de Mijo.
LDB : Que cherche Moli à travailler sur deux fronts entre le groupe de Jean Goubald et sa carrière personnelle ? MM : Je veux que ma musique progresse. De toute façon, au fil des ans, les participants à ce projet évoluent de sorte qu’il nous est impossible de continuer à jouer de la même manière que nous le faisions hier. Et donc, en une année, nous ne pouvons nous permettre de donner un résultat similaire à celui d’avant. Aussi, quelquefois, il m’arrive de nommer ce spectacle « Ekomeli ekomeli », ce que je traduit par « l’écriture a mûri ». Une expression de ce que nous expérimentons au fil des jours parce que nous progressons, nous ne restons pas figés. Comme nous gagnons en expérience, de même notre musique gagne en maturité. Prochainement nous aurons peut-être un répertoire de vingt chansons et le spectacle durera trois ou quatre heures. Nous écoutons beaucoup d’autres genres et expressions musicales et nous suivons la tendance. Ce qui, au final, donne une couleur particulière à celle que nous faisons. Notre musique n’est pas commune. Nous faisons l’effort d’écrire différemment. Et entre-temps, j’ai fait diverses expériences. J’ai, entre autres, essayé de voir la relation qui pourrait exister entre plusieurs disciplines artistiques. C’est ainsi que j’ai fait un atelier photo-vidéo qui m’a permis d’avoir un regard neuf et de voir les accointances existantes entre la musique et les arts plastiques. Ce qui m’a inspiré et donné une nouvelle vision de façon à créer un autre spectacle.
LDB : Moli, est un des membres du groupe de Jean Goubald mais se livre aussi à des escapades solitaires pour des projets personnels, cela n’a-t-il pas un effet perturbateur ? M.M. : Pour le moment, non. Cela ne dérange pas car nous n’avons pas encore de calendrier important qui nous porte à bouger beaucoup. Mais encore, comme j’aime à le dire, je ne suis pas irremplaçable au sein du groupe de Jean Goubald que je n’ai du reste pas l’intention de quitter pour l’instant. Je suis encore là à accompagner mon père parce que lui-même m’encourage à aller de l’avant. Il veut que je progresse et fasse petit à petit mes armes. Et, il continue de veiller sur le grain de sorte qu’il n’a presque jamais manqué à plus d’une seule de mes prestations personnelles, il m’a toujours soutenu et je bénéficie d’un appui permanent de sa part. En privé, il m’a souvent dit qu’il attendait mon éclosion et donc pour cela je suis tenu de ne pas croiser les bras pour ne pas décevoir ses attentes. Je me dois donc de continuer à travailler en parallèle comme je le fais.
Propos recueillis par Nioni Masela Légendes et crédits photo : Moli Mokelenge, Chimelle et Yves lors du concert au restaurant The River |